Israël et les territoires occupés : une équipe de spécialistes en chirurgie de guerre et un nouvel arrivage de matériel médical acheminés à Gaza

Une équipe de spécialistes en chirurgie de guerre et un expert en contamination par les armes figurent parmi les dix spécialistes du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) qui sont arrivés à Gaza vendredi, en même temps que six camions du CICR transportant du matériel médical et des produits de purification de l’eau dont la population a un besoin urgent. L’arrivée de ce nouveau personnel humanitaire renforcera la capacité du CICR à continuer de soutenir les hôpitaux et à fournir des services vitaux de chirurgie traumatologique, à aider les personnes qui ont désespérément besoin d’eau potable, et à contribuer à la réunification future des familles des otages libérés. « Cette assistance humanitaire cruciale apporte certes un soulagement, mais cela ne suffit pas. Notre équipe chirurgicale et nos fournitures médicales contribueront à alléger la pression extrême qui pèse sur les médecins et le personnel infirmier de Gaza. Mais il est urgent d’obtenir un accès humanitaire sûr et durable. Cette catastrophe humanitaire s’aggrave d’heure en heure », déclare Fabrizio Carboni, directeur régional du CICR pour le Proche et le Moyen-Orient. Le nouveau matériel médical – destiné à la fois au nord et au sud de Gaza – comprend des kits de chirurgie de guerre, de gros colis de fournitures utilisées pour soigner les blessés lors d’un conflit. Ces kits vont permettre de soigner entre 1000 et 5000 personnes, en fonction de la gravité des blessures. Le matériel de purification de l’eau contient des comprimés de chlore qui peuvent traiter 50 000 litres d’eau potable, afin de remédier aux difficultés pour trouver de l’eau potable et salubre que rencontrent les habitants de Gaza. Le CICR exhorte toutes les parties au conflit et les États influents à assurer un accès humanitaire rapide et sans entrave, conformément au droit international humanitaire. La bande de Gaza a désespérément besoin d’un accès durable à l’aide humanitaire et d’un approvisionnement durable en secours humanitaires.

MSF : les inondations à N’Djamena renforcent la crise humanitaire et font craindre l’apparition d’épidémies

MSF : les inondations à N’Djamena renforcent la crise humanitaire et font craindre l’apparition d’épidémies

Depuis mi-août, le centre et le sud du Tchad sont frappés par des graves inondations, les dernières touchant la capitale, N’Djamena, où deux fleuves ont débordé, laissant des quartiers entiers submergés par les eaux. L’organisation internationale médicale Médecins Sans Frontières (MSF) a mis en place une réponse d’urgence pour faire face aux besoins les plus pressants des personnes ne disposant que d’un accès minimal aux services essentiels, et exposées à des risques accrus d’épidémies. « Les dernières inondations viennent aggraver une situation humanitaire déjà terrible, explique Alexis Balekage, coordinateur du projet d’urgence MSF à N’Djamena. Le Tchad connait chaque année des inondations, mais en 2022, un nouveau seuil est franchi. Les crues ont conduit à des déplacements de populations à grande échelle et ont engendré des besoins immenses dépassant largement la réponse actuelle, le tout dans un pays qui continue d’être quasi invisible sur la scène internationale. » La récente et dramatique montée du niveau des fleuves Chari et Logone, qui ont atteint jusqu’à 8,14 mètres près de leur confluence à N’Djamena, et qui a les faits déborder, est attribuée à des chutes de pluies exceptionnellement fortes dans le sud du pays. Au 15 novembre, plus de 155 000 habitants de la capitale ont été forcés de quitter leur foyer à cause des inondations, selon les Nations Unies. Ces personnes ont trouvé refuge dans différents sites de déplacés officiels ou informels. Cela les éloigne davantage des services essentiels, ce qui les rend plus vulnérables à des risques de santé sérieux, en particulier dans un contexte de pic saisonnier du paludisme. « Les personnes déplacées vivent dans des conditions précaires et parfois de surpeuplement, avec un accès restreint à l’eau potable, à la nourriture et à une hygiène correcte, continue Alexis Balekage. Les eaux stagnantes risquent de devenir un lieu de reproduction pour les moustiques, ce qui va probablement favoriser la transmission du paludisme, une des premières causes de mortalité au Tchad. Nous craignons également l’apparition et la propagation d’autres maladies hydriques et infectieuses si le niveau des eaux ne diminue pas rapidement et que la réponse humanitaire n’est pas renforcée afin de subvenir aux besoins des populations. » Depuis plusieurs semaines, des maisons, des écoles, des structures de santé et des marchés sont complètement submergés par les eaux. Des personnes utilisent des canoës pour rejoindre certains quartiers inondés, et ces embarcations sont perçues par les hippopotames comme des dangers qu’ils attaquent. En une semaine seulement, cinq personnes, dont une femme enceinte, ont perdu la vie pour cette raison. Les inondations ont également touché des infrastructures vitales comme le réseau d’approvisionnement en eau et les routes, et entraînent des conséquences graves sur les moyens de subsistance d’une population dépendant grandement de l’agriculture. Plus de 465 000 hectares de plantations ont ainsi été endommagés et plus de 19 000 têtes de bétail sont mortes, occasionnant des inquiétudes quant à la production agricole et à la sécurité alimentaire. « Notre maison a été inondée. Dans les chambres, l’eau a atteint 1,2 mètre, témoigne Doglessa, qui a trouvé refuge dans le site de Walia Hadjarai, à N’Djamena. Ma famille et moi sommes partis ensemble. Nous vivons maintenant dans une tente, exposés au froid, aux moustiques et à tous les autres dangers. Notre unique hectare de riz a été englouti par les eaux et je suis donc sans emploi. A cause des inondations, nous ne pouvons pas nous rendre rapidement dans un centre de santé pour y voir un docteur. De plus, la consultation n‘est pas gratuite et cela pose des problèmes alors que je suis sans revenu. Mon plus grand souhait est que le niveau des eaux baisse au plus vite pour que nous puissions rentrer chez nous. » A Toukra, dans le sud de la capitale, un centre de santé soutenu par MSF a été complètement inondé, obligeant le personnel à transférer les patients et les activités dans un autre centre de soins. Les équipes MSF, en collaboration avec le Ministère de la Santé, mènent des cliniques mobiles dans les sites d’accueil des sinistrés et appuient des centres médicaux existants à proximité, comme dans les sites de Toukra, Ngueli, Guilmey, Melezi, Digangali, Karkanjeri, Miskine, Walia-Hadjarai et le lycée de Walia. En plus des soins de santé générale, d’un soutien nutritionnel et vaccinal, elles fournissent des services d’eau et d’assainissement. Durant les dernières semaines, les équipes MSF ont effectué plus de 15,500 consultations, principalement des cas de paludisme, d’infections respiratoires et de diarrhées. Au moins 80 patients ont également été transférés à l’hôpital pour des soins spécialisés et 345 bébés ont été vaccinés contre des maladies infantiles courantes. Les équipes ont également fourni de l’eau potable ainsi que des biens de première nécessité, incluant des kits d’hygiènes et des kits de prévention du paludisme, aux familles déplacées. Depuis début 2022, le Tchad est victime de conditions météorologiques extrêmes en lien avec le changement climatique, et cela prend la forme de graves sécheresses et de précipitations irrégulières. Selon les autorités de santé locales, plus d’un million de personnes à travers 18 des 23 régions du pays ont été affectées. « Si l’on observe en particulier la situation à N’Djamena, nous anticipons que les conséquences dramatiques des inondations perdureront de nombreuses semaines encore, confie Sami Al Subaihi, Chef de Mission pour MSF au Tchad. Comme le niveau des eaux baisse lentement, il n’y a malheureusement pas de raison de penser que la situation va s’améliorer dans un avenir proche, ni même que les personnes pourront retourner chez elles. La réponse d’urgence MSF a pour but de subvenir aux besoins immédiats des populations, mais il est impératif de mobiliser des fonds additionnels ainsi que de développer un programme à plus long terme qu’une réponse durable et adaptées à cette crise puisse voir le jour. »

Angola : le retour massif de réfugiés congolais pourrait déboucher sur une crise humanitaire au Kasaï

Angola : le retour massif de réfugiés congolais pourrait déboucher sur une crise humanitaire au Kasaï

Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) s’est préoccupé de l’évolution rapide de la situation humanitaire dans la région du Kasaï, en République démocratique du Congo (RDC). Le HCR redoute que les retours massifs de réfugiés congolais de l’Angola, observés au cours des deux dernières semaines, puissent déboucher sur une crise humanitaire. D’après certaines estimations rapportées par le HCR, près de 200.000 Congolais auraient traversé la frontière avec le Kasaï ces derniers jours. « Les autorités congolaises estiment que ses ressortissants sont arrivés dans la seule province du Kasaï, et que le nombre d’arrivées dans la province voisine du Kasaï Central est supérieur », a déclaré le porte-parole du HCR. Selon Babar Baloch, ces dizaines de milliers de Congolais ont été refoulés à la suite d’un ordre d’expulsion des autorités angolaises visant les migrants. Des opérations de police visant les migrants en situation illégale sont menées ces dernières semaines en Angola, notamment dans la province angolaise de Lunda-Norte. Le HCR précise que les Congolais travaillaient dans le secteur minier informel, au nord-est de l’Angola. Les expulsions ne se font pas sans heurts Mais ces expulsions ne se font pas sans heurts. Des affrontements violents auraient eu lieu quand des forces de police ont tenté de faire respecter ces ordres d’expulsion « Nous avons entendu des plaintes pour violences, y compris violences et harcèlement sexuels, fouille corporelle et vol de biens personnels, de la part des forces de sécurité des deux côtés de la frontière », a souligné Babar Baloch. Par ailleurs, « le délai de mise en conformité avec cette ordonnance ayant expiré hier lundi 15 octobre 2018) », des milliers de rapatriés pourraient encore se trouver du côté congolais de la frontière. Selon le porte-parole du HCR, différents postes frontaliers sont utilisés par ces Congolais. Avec des arrivées quotidiennes de plus en plus nombreuses, des milliers de personnes seraient bloquées à la frontière et à proximité, avec des moyens limités pour se rendre à leur lieu d’origine. En outre, beaucoup risquent de rencontrer des difficultés en raison des destructions causées par le récent conflit dans la région. « Les tensions ethniques sont encore vives depuis le conflit du Kasaï en 2016 et 2017 », a relevé le porte-parole du HCR qui rappelle que la ville frontalière de Kamako, dans la province du Kasaï, est surpeuplée de personnes passant la nuit à l’extérieur, dans des familles d’accueil, dans des églises et dans la rue. Le HCR est également préoccupé par les informations selon lesquelles que parmi les nouveaux arrivants, il y aurait peut-être un petit nombre de réfugiés emportés par ces opérations de retours massifs et contraint de rentrer en RDC. Pour le moment, le HCR essaie de vérifier de telles informations et effectue d’ailleurs un filtrage des migrants de retour à la frontière, en étroite collaboration avec le gouvernement angolais, afin d’empêcher les retours forcés de réfugiés. Assurer un mouvement de population sûr et ordonné Face au risque d’une nouvelle crise humanitaire au Kasaï, le HCR appelle Luanda et Kinshasa à travailler ensemble « pour assurer un mouvement de population sûr et ordonné ». « Sans cette coopération, les retours pourraient facilement créer une crise humanitaire dans la région déjà fragile du Kasaï », met en garde le HCR qui rappelle aussi que « les expulsions massives sont contraires aux obligations découlant de la Charte africaine. « Nous demandons aux deux parties de respecter les droits fondamentaux des personnes concernées », a déclaré Babar Baloch. En attendant, les équipes du HCR travaillent actuellement avec d’autres démembrements des Nations Unies et d’autres partenaires de la région pour évaluer les besoins humanitaires et s’efforcer de prendre en charge les personnes les plus à risque, y compris les enfants non accompagnés. Selon l’agence onusienne, les nouveaux arrivants ont besoin de nourriture, d’eau, d’un abri et d’autres services de base à la frontière et une fois arrivés dans leurs villages d’origine. Pour le porte-parole du HCR, ces retournés d’Angola ont surtout besoin de se rendre chez eux. Avec cette détérioration de la situation, les autorités locales de la région ont d’ailleurs demandé une aide internationale. A noter que l’Angola accueille actuellement quelque 68.000 réfugiés et demandeurs d’asile, principalement originaires de RDC.

Lac Tchad : la crise humanitaire reste grave, rappelle l’ONU à Berlin

Lac Tchad : la crise humanitaire reste grave, rappelle l’ONU à Berlin

Malgré les progrès récemment enregistrés, 10 millions de personnes vivant dans les pays de la région du lac Tchad ont besoin d’une assistance vitale quotidienne, ont alerté lundi de hauts responsables onusiens à Berlin. « Il y a toujours une grande crise humanitaire », a déclaré le Coordonnateur des secours d’urgence des Nations Unies (OCHA), Mark Lowcock, au premier jour de la Conférence de haut-niveau sur la région du lac Tchad organisée à Berlin, en Allemagne. « (Elle) n’est pas terminée malgré les progrès accomplis ». « Les causes sous-jacentes de la crise sont enracinées dans une forte inégalité ; ce qui est perçue comme une injustice sociale ; un manque de services sociaux ; une marginalisation historique ; des opportunités économiques insuffisantes ; des niveaux élevés de pauvreté et l’impact du changement climatique et de la dégradation des terres », a expliqué de son côté son collègue Achim Steiner, Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). L’action humanitaire dans le bassin du lac Tchad – une région à cheval sur le Cameroun, le Niger, le Nigéria et le Tchad – n’est pas chose facile. De nombreuses zones restent inaccessibles en raison des activités du groupe terroriste Boko Haram, a dit le chef d’OCHA. « L’insurrection de Boko Haram et les dynamiques des conflits ont encore accru la vulnérabilité des populations. Elles perturbent l’agriculture, la pêche et les moyens de subsistance des peuples pastoraux, la liberté de mouvement, le commerce et la gouvernance locale », a dit M. Steiner. Pour M. Lowcock, « au cœur de cette crise humanitaire se trouve une crise de protection », citant les nombreux enlèvements, tueries, utilisations d’enfants comme bombes humaines, les violences sexuelles et sexistes. « Toutes ces choses continuent à un rythme alarmant », a t-il dit. Bien que la réponse humanitaire soit importante, elle n’est pas en soi suffisante pour répondre à la crise à laquelle sont confrontées les populations de la région du Lac Tchad. « Nous devons surmonter le cycle perpétuel des besoins urgents et des réponses de secours et répondre aux causes sous-jacentes, et cela veut dire élever la résilience et l’aide au développement à plus long terme et promouvoir simultanément la stabilisation », a dit M. Lowcock qui est également Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires. Mettre l’accent sur les questions de long terme et impliquer davantage les partenaires de développement. C’est ce sur quoi le chef de l’humanitaire de l’ONU espère pouvoir escompter de cette conférence à Berlin. « Parce que si nous pouvons faire plus de progrès sur la consolidation de la paix, la bonne gouvernance, la création d’emplois et de possibilités d’éducation et le respect des droits de l’homme, nous travaillons effectivement sur les problèmes sous-jacents et c’est ce que nous besoin de faire », a dit M. Lowcock. « Les défis du bassin du lac Tchad transcendent les frontières et vont au-delà des réponses unilatérales », a dit M. Steiner. « Sous la direction gouvernementale, nous devons unir nos forces et renforcer notre engagement collectif », a souligné le chef du PNUD. Davantage d’aide financière nécessaire pour « éviter de perdre les progrès accomplis » Face à la persistance de la crise humanitaire, l’ONU et ses partenaires sollicitent l’aide financière de la communauté internationale. Le plan de réponse humanitaire 2018 pour la région du lac Tchad a été « généreusement financé », a reconnu M. Lowcock, « mais pas dans la mesure où chacun de nous puisse être à l’aise de pouvoir répondre aux besoins des peuples que nous pouvons atteindre, encore moins de ceux que nous essayons encore d’atteindre ». Pour le Coordonnateur des secours d’urgence de l’ONU, la générosité des bailleurs de fonds doit permettre à la communauté humanitaire « d’éviter de perdre les progrès accomplis » récemment. A l’issue de la première journée de la Conférence de Berlin, M. Lowcock a annoncé sur son compte officiel Twitter les premières contributions de plusieurs pays pour la région du lac Tchad qui s’élève à plus de 1,5 milliards d’Euros : – les Etats-Unis, 420 millions de dollars – l’Allemagne, 265 millions d’euros – l’Union européenne, 231 millions d’euros – le Royaume-Uni, 146 millions de livres – la France, 131 millions d’euros – la Norvège, 125 millions de dollars – le Danemark, 72,5 millions de dollars – le Canada, 68,5 millions de dollars canadiens – la Belgique, 45 millions d’euros – le Luxembourg, 40 millions d’euros – la Suède, 32 millions d’euros – la Suisse, 20 millions de dollars – l’Italie, 15 millions d’euros – les Pays-Bas, 12,1 millions d’euros – l’Irlande, 7,3 millions d’euros – l’Espagne, 3,2 millions d’euros – la Finlande, 2,3 millions d’euros – la Pologne, 230.000 euros Co-organisée par l’Allemagne, le Nigéria, la Norvège et l’ONU (OCHA et PNUD), la Conférence de haut-niveau sur la région du lac Tchad se poursuit mardi dans la capitale allemande.