Congo Brazzaville. La danse du tango à Ecair

TRIBUNE. Y a t-il un commandant de bord pour faire redécoller l’avion de la compagnie Ecair? Entre Denis Christel Sassou Nguesso, Jean Jacques Bouya, Beyina Moussa, Innocent Dimi et Honoré Sayi, qui tient véritablement les manettes du cockpit ? Des questions alimentées par l’inquiétante cacophonie observée dans la gestion du dossier de relance de cette compagnie à capitaux publics congolais. Quand le ministre de la coopération internationale et du partenariat public-privé, Denis Christel Sassou Nguesso, à l’occasion du forum sur le partenariat public-privé, tenu les 30 et 31 mai 2022, au centre des conférences de Kintélé, au nord de Brazzaville, apporte des clarifications sur le contrat signé entre le gouvernement congolais et la sud africaine Allegiance capital, en reconnaissant que « L’Etat s’est engagé à prendre en charge la dette sociale que nous devons régler, puisque ces obligations sont contenues aujourd’hui dans le pacte d’actionnaires qui a été signé par le nouveau conseil d’administration(Innocent Dimi, ndlr). Nous devons payer la dette bancaire d’Ecair qui est identifiée, et nous devons également payer la dette de l’Etat pour obtenir le Certificat de transport aérien (CTA), qui permettra à Ecair, une fois cette dette apurée, de pouvoir revoler », 5 mois après, c’est Jean-Jacques Bouya, ministre d’Etat, ministre de l’aménagement du territoire, des infrastructures et de l’entretien routier, en séjour de travail en octobre dernier en Turquie, au cours duquel il a été reçu en audience par le président Recep Tayyip Erdogan, qui évoque le dossier de relance Ecair avec Ahmet Bolat, le nouveau pdg de Turkish Airlines. Contrat de partenariat technique ou autre? Rien n’est encore officiel. Un jour pair, Beyina Moussa, la directrice générale de la compagnie, s’ingénie, aux côtés de ses inséparables collaborateurs Wega, Bekolo et Itoua, à donner un coup d’accélérateur à l’obtention du Certificat de Transport Aérien. Concernant le CTA, la tâche s’annonce ardue. « Mobilisé pour faire aboutir le dossier d’obtention du CTA, l’expert en qualité, d’attente lasse à Brazzaville, est partie pour Abidjan, où l’attend une autre campagnie », croît savoir une source proche du dossier. Un jour impair, après l’échec du partenariat engagé avec la sud africaine Allegiance capital, des hypothèses de rapprochement avec des friqués de type arabe auraient été mises sur la table… Cette cacophonie dans la gestion du dossier de relance Ecair n’est pourtant rien comparée à la propension d’un quarteron de personnes, sans mandat ni ordre de mission, à jouer au commandant de bord, prêt à faire redecoller l’avion Ecair. Le ministre des transports, Honoré Sayi, en bon malin politique, préfère t-il se faire tout petit devant tous ces puissants, surtout que le dossier Ecair a déjà avalé 4 ministres des transports(Mokoki, Dimou, Ebouka Babackas, Tchicaya)? Selon de bonnes sources, des travailleurs Ecair, qui ne supportent plus ce pilotage à vue, ont dû ester en justice auprès de laquelle ils viennent d’obtenir gain de cause, avec en prime un dédommagement équivalent à 6 mois de salaire. « Problème sur Problème », c’est le titre d’une chanson de Koffi Olomidé dans son album V12. Par A.Ndongo Journaliste économique et financier
Congo Brazzaville/Ecair. En attendant le redecollage

ANALYSE. Une esquisse de plan de relance d’Ecair est dans les tuyaux. Reste la phase de sa concrétisation. Possible que le ministre du Budget, des comptes publics et du portefeuille public, Ludovic Ngatsé, soit mieux disposé à donner un coup d’accélérateur aux décaissements y relatifs. La direction générale d’Ecair, selon nos sources, pourrait, dans un premier temps, retenir- si ce n’est déjà chose faite- une cinquantaine de techniciens et administratifs, qui vont l’accompagner dans le processus d’obtention du Certificat du transport aérien(CTA). C’est donc au terme de ce processus, croît savoir une source proche du dossier, que pourra démarrer l’exploitation régulière de la compagnie. Avant d’en arriver là, le cabinet Bekolo and partners procédera au travail de dégraissage des effectifs. Vaut mieux tard que jamais, la résiliation des contrats de travail, conformément au droit du travail congolais, sera en session de rattrapage. Une manière de corriger l’erreur administrative commise depuis la fermeture de la compagnie en 2016. Toutefois, un expert en droit du travail reconnaît que cette erreur administrative méritera réparation au moment des comptes. En ce qui concerne le volet fonctionnement de la compagnie, l’heure est à l’étude du respect du ratio ( Avion / personnel ). Il s’agit, confie un expert en matière d’exploitation d’une compagnie aérienne, de ne plus perdre de l’argent. Ecair, recommande t-il, devrait se situer dans la norme de ratio de rentabilité, à savoir 1 avion pour 50-55 salariés. En principe, les 4 avions qui pourraient mis en exploitation de manière progressive, devraient absorber entre 200 – 220 salariés. Il n’en a été rien pendant la phase d’exploitation précédente. La compagnie aérienne à capitaux publics congolais avait un effectif pléthorique de 770 salariés pour 6 avions seulement, alors qu’elle aurait dû en disposer entre 300 – 330 salariés au maximum. Ce que beaucoup de gens ne savent pas est que sur les 770 agents, Ecair n’en avait quelque 200 seulement, en prise directe avec l’exploitation (techniciens, pilotes, opérations au sol…). Pour la petite histoire, les pilotes n’avaient pas eu accès aux commandes des avions de leur propre pays. « Comme c’était la politique des partenaires d’Ecair, notamment Privatair et Jetairfly, avec la complicité de l’ancien tout puissant directeur général adjoint, Johan Maertens, un ancien directeur général de Camair Co, qui avait été limogé pour…, difficile d’accepter l’inacceptable « , lâche, exaspéré, un proche du dossier. Sur ce point précis, Beyina Moussa, la directrice générale d’Ecair, contrairement aux informations relayées, n’y pouvait rien », reconnaît-il, la main sur le cœur. Last but no least, reste tout entier le problème du paiement de la dette sociale due aux travailleurs… Par A.Ndongo Journaliste économique et financier