Elever les relations économiques bilatérales au diapason des attentes de Rabat et Paris

Elever les relations économiques bilatérales au diapason des attentes de Rabat et Paris

Forte présence d’acteurs économiques de premier plan accompagnant le Président Macron Le Président Emmanuel Macron effectue une visite d’Etat au Royaume du Maroc du lundi 28 jusqu’au mercredi 30 octobre. Accompagné par son épouse, Mme Brigitte Macron, le chef de l’Etat de la République française est à la tête d’une forte délégation officielle incluant près d’une dizaine de ministres et ministres délégués de divers secteurs dont ceux de l’Economie (Antoine Armand), de l’Agriculture (Annnie Genevard) ou encore de la Transition écologique et de l’Energie (Olga Givernet). Plusieurs dirigeants de groupes tels qu’Engie, Alstom, Safran, TotalEnergies, Suez et des  représentants d’Airbus, Veolia, Thalès ou du spécialiste du BTP Colas ont également fait le déplacement, selon l’AFP. Il est évident qu’en plus de refléter la profondeur des relations bilatérales, fondées sur un partenariat enraciné et solide, comme l’a souligné récemment un communiqué de la Maison Royale, du Protocole et de la Chancellerie, la visite du Président Macron vise à renforcer les relations économiques bilatérales et à les aligner sur les attentes des deux pays. La forte présence d’acteurs économiques de premier plan au sein de la délégation accompagnant l’hôte français, laisse penser que des secteurs économiques stratégiques tels que les énergies renouvelables, les nouvelles technologies, l’industrie, les services, entre autres, feront l’objet d’une attention particulière durant cette visite. Il faut dire que « le Maroc offre aujourd’hui des conditions exceptionnelles et des atouts considérables en matière d’attraction des investissements, notamment dans les domaines de l’environnement et des énergies renouvelables (…), ce qui en fait un partenaire absolument essentiel pour la France et pour l’Europe », comme l’a déclaré récemment le sénateur et président du Groupe interparlementaire d’amitié France-Maroc, Christian Cambon. Cité par la MAP, l’envoyé spécial du président du Sénat français pour les relations internationales pense en outre que le Maroc et la France peuvent également s’appuyer sur la performance de leurs entreprises pour renforcer leurs relations économiques dans des domaines aussi importants que ceux de l’industrie aéronautique, l’intelligence artificielle, etc. Il convient de rappeler qu’en dépit de l’accroissement de la concurrence – en particulier extra-européenne (Chine, Etats-Unis) – la France reste le premier partenaire économique et financier du Maroc. Aussi, malgré un contexte marqué par de fortes perturbations sur les chaînes d’approvisionnement mondiales, « les échanges commerciaux avec le Maroc ont nettement progressé (+24% en 2022), sous l’effet de la croissance des exportations françaises de céréales, permettant de résorber notre déficit bilatéral et retrouver le deuxième rang des fournisseurs devant la Chine », indiquait la Direction générale du Trésor relevant du ministère français de l’Economie, des Finances et de l’Industrie dans une note publiée en décembre 2023. Selon la même source, la France est le principal pourvoyeur de devises du Royaume et demeure le premier investisseur étranger (30,8% du stock total) et le premier pays d’origine des transferts de la diaspora marocaine et des recettes touristiques, peut-on lire. Pour bien comprendre l’évolution de la relation économique bilatérale, il est important de noter que la montée en puissance des écosystèmes industriels marocains (automobile, aéronautique) a fortement contribué à la hausse des échanges commerciaux avec le Maroc depuis dix ans. D’après les douanes françaises, de 2012 à 2022, les importations françaises en provenance du Maroc ont augmenté de 112%, deux fois plus rapidement que les exportations (61,5%). Ainsi, souligne le Trésor français, « notre solde bilatéral s’est nettement dégradé, passant d’un excédent de 1,1 Md EUR en 2012 à un déficit de 432 M EUR en 2022 », en raison principalement de l’intégration croissante du Maroc dans les chaînes de valeur mondiales avec une spécialisation des écosystèmes industriels (automobile, aéronautique). La note explique qu’une partie des flux du Maroc vers la France proviennent de réexportations d’entreprises françaises qui possèdent des usines de construction et d’assemblage dans le Royaume (par exemple, l’usine de Renault à Tanger ou de Stellantis à Kénitra). En conséquence, selon les données les plus récentes, la France a affiché un léger excédent commercial de 0,2 Md EUR en 2020. Quoi qu’il en soit, le Trésor français estime que les échanges commerciaux ont nettement progressé en 2022, bondissant de +24% pour atteindre 13,4 Md EUR. Ce qui a permis d’améliorer sa balance bilatérale et de retrouver le 2ème rang des fournisseurs du Royaume. Aussi, le déficit commercial de la France vis-à-vis du Maroc a diminué de 72% et s’est élevé à 432 M EUR en 2022, essentiellement par la très forte croissance des exportations françaises (+39,9%, contre +12,1% pour les importations) tirées par les ventes de céréales et de blé.  Outre l’agriculture, les exportations françaises d’équipements électroniques et mécaniques ont progressé de +15,5% pour s’établir à 1,6 Md EUR, la France étant le premier fournisseur de pièces automobiles du Maroc en 2022, apprend-on par ailleurs. Le Maroc reste le premier partenaire commercial de la France S’agissant des importations françaises, les données montrent que « les principaux écosystèmes industriels du Maroc affichent de solides performances : les véhicules automobiles représentent notre premier poste d’importation (35% du total), suivis par les produits agricoles et halieutiques (+33% à 1,2 Md EUR) et le textile (+14,1% à 975 M EUR) », souligne la note. Par ailleurs, bien que ne représentant qu’1% des échanges commerciaux de la France avec le monde, le Maroc reste le premier partenaire commercial en Afrique et le deuxième dans la région ANMO après la Turquie de la France. Rappelons que la France est redevenue le deuxième fournisseur du pays (10,6% des parts de marché contre 10 % pour la Chine), après avoir perdu sa place en 2012 au profit de l’Espagne (14,1% des parts de marché en 2022) et avoir été également dépassée par la Chine en 2020 et 2021, selon les statistiques des douanes marocaines. Il est par ailleurs important de savoir que la France est le premier investisseur étranger au Maroc en stock, avec un engagement marqué dans les secteurs industriels et des services ; le premier pays d’origine des transferts financiers de la diaspora marocaine et du contingent de touristes et que le Maroc est le premier récipiendaire des financements AFD dans le monde. Alain Bouithy

Maroc/Conjoncture économique : des fondamentaux et des attentes pour faire face à la crise et l’inflation

Maroc/Conjoncture économique : des fondamentaux et des attentes pour faire face à la crise et l’inflation

Avec une croissance économique attendue à 3,5% en 2023, le Maroc devrait faire mieux que la croissance mondiale estimée à 1,7% par la Banque mondiale. Cela n’empêche, les défis restent encore nombreux pour accroître l’investissement privé, même si les initiatives se multiplient. C’est ce qui a été abordé ce jeudi 19 janvier lors du webinaire de la Britcham intitulé « Entre crise et inflation : à quoi s’attendre en 2023 ? ». Un Fonds Mohammed VI pour l’investissement mis en place, un nation branding revigoré après le parcours des Lions de l’Atlas au Mondial, une charte de l’investissement en phase de finalisation ; l’année 2023 commence par un lot de bonnes nouvelles et par des chiffres tout aussi réconfortants en matière d’export. « L’ensemble des secteurs industriels ont affiché des hausses à l’export en 2022 », a souligné d’entrée M. Amine Belhaj Soulami, chef du cabinet du ministre de l’industrie et du commerce. L’automobile a notamment connu une augmentation de 35% de ses exportations. Autre bon point : des résultats encourageants pour la Banque de projets de substitution. En parallèle, le ministère de l’industrie souligne que 360 projets industriels ont été signés par son département en 2022. « C’est près d’un projet par jour » rappelle M. Amine Belhaj Soulami. « Au total, ces projets représentent 40 milliards de dirhams d’investissements et 300.000 emplois ». De son côté, M. Hakim Marrakchi, président de la Commission fiscalité à la CGEM et vice-président de l’Association Marocaine des Exportateurs (ASMEX) a salué l’ensemble des dispositifs et mesures prises ces derniers mois. Alors que le Maroc a connu une inflation de 6,5% l’an dernier, les industriels ont été relativement épargnés. Les prix de l’électricité ont notamment été maintenus et les prix du gaz commencent à revenir à leurs niveaux d’avant crise. Délais de paiement et investissement, des chantiers en cours La nouvelle loi sur les délais de paiement est aussi un motif de satisfaction au moment où les derniers chiffres sur les défaillances d’entreprises tombent (+17% en 2022). En cours d’adoption, elle va permettre de mieux « protéger les TPE et PME » selon M. Amine Belhaj Soulami, chef du cabinet du ministre de l’industrie et du commerce. Pour M. Hakim Marrakchi, cette loi va dans le bon sens mais « n’empêche pas d’imaginer de nouveaux mécanismes pour améliorer les délais de paiement » alors que la crédit interentreprise dépasse le seuil des 400 milliards de dirhams. Le vice-président de l’ASMEX et président de la Commission fiscalité de la CGEM rappelle que « les entreprises vont avoir besoin de fonds de roulement en 2023 » et qu’une action pour permettre la baisse des taux d’intérêts serait bénéfique. Enfin, le récent projet de décret consacrant la préférence nationale pour les PME-TPE a été également salué par les deux intervenants. Pour M. Hakim Marrakchi, un autre défi est désormais de taille. « Il faut davantage soutenir l’acte d’investir des entreprises marocaines (…) et passer du made with au made in Morocco ».

Maroc. Le relatif redressement du marché du travail en 2021 en deçà des attentes

Maroc. Le relatif redressement du marché du travail en 2021 en deçà des attentes

Le marché du travail a opéré un relatif redressement au terme de l’année 2021, après une sensible dégradation en 2020, marqué par la création nette de 230 mille emplois, selon Bank Al-Maghrib. Mais en dépit de cette performance, l’évolution du marché du travail « reste bien insuffisante pour compenser les pertes enregistrées un an auparavant et en deçà des attentes au regard de l’ampleur du rebond de l’économie nationale », a estimé la Banque centrale dans son rapport annuel sur la situation économique, monétaire et financière -exercice 2021. Dans ce rapport, présenté samedi dernier à Sa Majesté le Roi, Bank Al-Maghrib a toutefois noté que 309 mille demandeurs d’emploi ont en parallèle intégré le marché du travail, soit le nombre le plus élevé depuis 2004. Comme le souligne  l’institution publique dans ce document, cela s’est traduit par une importante hausse du taux d’activité, laquelle a concerné exclusivement les femmes avec une amélioration d’un point de pourcentage à 20,9%. C’est dans ces conditions que le taux de chômage s’est accru de 0,4 point à 12,3% globalement, a noté Bank Al-Maghrib faisant toutefois état d’une aggravation prononcée parmi les jeunes citadins de 15 à 24 ans dont près de la moitié a été sans emploi. Bien qu’il ait le plus pâti des restrictions sanitaires, le secteur des services a créé 115 mille postes contre une diminution de 107 mille en 2020 ; tandis qu’il a été observé une augmentation de 71 mille emplois dans le BTP, après un recul de 9 mille. Mais ce qu’il est important de constater, c’est qu’« en dépit de la très bonne campagne agricole 2020/2021, les créations dans l’agriculture se sont limitées à 68 mille contre une perte de 273 mille, tandis que dans l’industrie y compris l’artisanat, la baisse du volume d’emplois se poursuit avec un repli de 19 mille après celui de 37 mille postes », a fait savoir la Banque centrale. Dans ce contexte et tenant compte également de l’évolution de la valeur ajoutée, le rapport annuel de Bank Al-Maghrib note que « la productivité apparente du travail dans les activités non agricoles s’est améliorée de 4,2% au lieu d’une contraction de 4,9% en 2020 ». Selon ledit rapport, en revanche, les salaires en termes réels ont accusé une diminution de 2,5%, après un accroissement de 2,5%, dans le secteur privé, et une progression de 0,4%, au lieu de 1,2%, dans la fonction publique. Quoi qu’on en pense, le document note que le marché du travail a connu une entrée nette de 309 mille demandeurs d’emploi au titre de l’année dernière, après une sortie de 110 mille un an auparavant ; alors que la population active s’était en conséquence accrue de 2,6% à près de 12,3 millions de personnes au terme de la même période. Ainsi qu’il ressort du rapport de BAM, « cette hausse a été plus marquée en milieu urbain avec un taux de 3% contre 1,9% dans les campagnes, et parmi les femmes avec 6,6% contre 1,4% pour leurs homologues masculins ». Notons qu’au cours de cette même année, la population active est restée peu féminisée avec une part de 23,5%, et faiblement qualifiée avec une proportion des sans diplômes qui atteint 48,6% au niveau national et 71,4% en milieu rural. A l’échelle internationale, grâce au maintien des mesures de soutien à l’emploi déployées depuis le déclenchement de la crise et à la reprise vigoureuse de l’activité économique, le rapport fait état d’une amélioration globale de la situation sur les marchés du travail en 2021, particulièrement dans les économies avancées. « Ainsi, le taux de chômage a connu un net recul aux Etats-Unis, revenant de 8,1% en 2020 à 5,4% en 2021, avec une création de 6,1 millions d’emplois contre une destruction de 8,9 millions », a estimé la Banque centrale.  Alain Bouithy