Maroc: L’activité minière de l’OCP passée au crible
La Cour des comptes a relevé plusieurs observations suite à une mission de contrôle qu’elle a effectuée au sein du Groupe OCP et qui portait sur l’activité au niveau des sites miniers exploités par la société. «Cette mission a examiné les principaux processus de l’activité minière comportant l’extraction du minerai et son traitement à travers le lavage et la flottation au niveau du site minier de Khouribga et du site de Gantour», a-t-elle souligné dans une synthèse de son rapport relatif à ladite mission. Dans ce document, la Cour indique qu’elle s’est particulièrement intéressée aux aspects relatifs à la planification et la programmation des activités minières de la première entreprise marocaine à dimension nationale et internationale ainsi qu’au traitement du phosphate par le lavage et la flottation. L’utilisation et la maintenance du matériel d’exploitation en plus des aspects environnementaux liés à l’activité minière ont également été examinées lors de ladite mission, a ajouté la juridiction financière nationale dans un communiqué. Ainsi, il ressort que le processus de planification à moyen et long termes des activités minières, en ce qui concerne le développement des nouvelles mines, a été marqué par certaines insuffisances relatives aux études minières, lesquelles devaient donner plus d’importance à l’affinement de la reconnaissance géologique des gisements. La Cour des comptes a, en outre, noté que l’échéancier de mise en service des nouvelles mines au niveau de certains sites n’a pas été suffisamment étudié au regard de son importance. Ainsi, a-t-elle souligné, «le programme de production à l’horizon 2050 n’a fait qu’identifier les gisements de relève sans préciser les éléments pris en compte et les critères retenus pour prioriser entre ces gisements», alors que son élaboration aurait gagné en pertinence s’il avait été basé sur une analyse comparative. La planification pluriannuelle devait être encadrée par un processus formalisé et documenté, selon elle, tout en estimant que l’élaboration des supports de planification, au niveau des sites miniers, devrait s’appuyer sur un cadre de référence formalisé. Pour la Cour, l’amélioration du processus actuel d’élaboration desdits supports «est de nature à éviter les perturbations fréquentes dans la réalisation des projets miniers qui impactent l’exécution des programmes de production». Elle a également noté que le processus d’acquisition de l’assiette foncière nécessaire au développement des activités minières exige un encadrement par un dispositif formalisé et documenté. Et d’estimer nécessaire de mettre en place des règlements adaptés et consacrés pour suivre les programmes d’extension des mines et la programmation de l’ouverture de nouvelles mines en plus de l’acquisition du foncier nécessaire. Autre constat : les mesures anticipatives visant la sécurisation des gisements à moyen et long termes nécessitent d’être développées tandis que la préparation du projet annuel d’exploitation des mines gagnerait à être basé sur un cadre de référence unifié et documenté. S’agissant du traitement du phosphate, la Cour a relevé que la gestion des stocks, à l’entrée et à la sortie des laveries, gagnerait à être formalisée, notant par ailleurs que le suivi des activités des laveries ne permet pas un pilotage approprié. «Bien que le parc de matériel revête une importance capitale dans les activités d’extraction des phosphates, sa gestion connaît des insuffisances liées essentiellement au manque de précision et de documentation des données utilisées dans le cadre des études relatives à la détermination du nombre de machines nécessaires pour l’exploitation des mines», a-t-elle poursuivi, soulignant que cette gestion ne dispose pas de plan de réforme et de renouvellement du matériel à même d’optimiser son utilisation et que le recours à la sous-traitance pour la réalisation de certains travaux miniers nécessite d’être basé sur un cadre de référence qui en fixe les principes et les règles. Si la maintenance du matériel d’exploitation constitue pour l’OCP, un des principaux leviers vers l’excellence opérationnelle, il apparaît que la société a engagé de nombreux chantiers et actions dont certains ont accusé des retards significatifs et ont abouti à des réalisations disparates entre les différentes entités minières. Sachant que l’activité minière produit différents impacts sur l’environnement à des degrés d’importance différents et afin de les atténuer, la société a lancé, en 2013, un programme d’excellence environnementale composé de trois catégories d’actions couvrant toutes les activités du groupe. Cependant, certaines insuffisances restent à rattraper dans ce domaine. Signalons que la Cour a formulé une série de recommandations afin d’améliorer la gestion du groupe minier. Premier exportateur des phosphates et dérivés au niveau mondial, le Groupe OCP emploie plus de 20.000 collaborateurs, a réalisé, en 2017, un chiffre d’affaires de 48,5 MM DH, contribuant, ainsi, à hauteur de 17% aux exportations du Maroc et de 18% dans ses réserves en devises. Pour cette même année, le groupe a réalisé un résultat net de 4,6 MM DH et des investissements opérationnels estimés à 11,6 MM DH. Alain Bouithy