Maroc. Le taux de croissance devrait se situer à 3,4% en 2023 et 3,7% en 2024

Après une évolution modérée de 1,3% en 2022, le taux de croissance économique devrait se situer à 3,4% en 2023 et 3,7% en 2024, selon les estimations contenues dans le Projet de Loi de Finances (PLF) au titre de l’exercice 2024. Elaborée au mois de juillet dernier, « les prévisions pour l’année 2024 reposent sur un ensemble d’hypothèses concernant l’environnent national et international », indique le rapport d’exécution budgétaire et de cadrage macroéconomique triennal 2024-2026. Une légère hausse qui traduit l’effet de la consolidation de la croissance de la valeur ajoutée non agricole et le maintien de la croissance du secteur agricole Selon le document que vient de rendre public le ministère de l’Economie et des Finances, ces pronostics se basent sur une croissance de la demande étrangère adressée au Maroc de 2,9% (après 2,7% en 2023 et 5,6% en 2022), un cours moyen de baril de Brent à 79,8 dollars, un taux de change Euro contre le Dirham de 10,70 et un taux de change du Dollar contre le Dirham de 9,80. Il est à préciser que les perspectives de l’économie nationale pour l’année prochaine tiennent également compte de l’hypothèse d’une campagne agricole de 75 millions de quintaux, comme le relève le document estimant ainsi que la valeur ajoutée agricole devrait légèrement augmenter pour enregistrer une croissance de 5,9%. Selon ces projections, «la valeur ajoutée non agricole devrait maintenir sa cadence de croissance à un rythme proche de celui de l’année précédente, puisqu’elle devrait se situer à 3,4% en 2024 après 3,3% en 2023». S’agissant de la demande étrangère adressée au Maroc, il ressort du rapport qu’elle devrait continuer à croitre au même rythme modéré de l’année 2023. Ce qui, estime le document, devrait induire une légère accélération de la croissance des exportations de 6,4% après 5,6% en 2023 ; tandis que la croissance des importations devrait de son côté se situer à 5,9% après 5,3% en 2023. La légère croissance attendue de l’économie nationale au titre de l’année 2024 «traduit l’effet de la consolidation de la croissance de la valeur ajoutée non agricole et le maintien de la croissance du secteur agricole», explique-t-on dans le rapport. Ainsi, poursuit le document, les activités primaires devraient voir leur valeur ajoutée augmenter de 5,9% en conséquence de l’hypothèse d’une campagne agricole moyenne.Quant aux secteurs secondaire et tertiaire, ils « devraient consolider leurs taux de croissance et poursuivre leur amélioration pour atteindre 2,6% et 3,8% respectivement en 2024 ». Toujours selon les estimations rapportées dans ce rapport, « la croissance de la demande devrait être portée par une contribution des exportations qui devrait s’élever à 2,9 points de pourcentage, mais qui sera totalement absorbée par la croissance des importations dont la contribution devrait s’élever à -3,5 points de pourcentage ». Ce qui, in fine, aboutirait à une contribution des échanges extérieurs à la croissance du PIB légèrement négative de l’ordre de -0,5 point de pourcentage, souligne le rapport.D’après le document, la demande de consommation finale devrait contribuer à hauteur de 3 points de pourcentage. Cette progresse devrait être « portée presque à égalité par la contribution de la croissance de la consommation des ménages qui devrait contribuer à hauteur de 1,4 points de pourcentage à la croissance et celle de la consommation des administrations publiques dont la contribution serait de 1,7 point de pourcentage». Il ressort enfin de ces prévisions que la formation brute de capital fixe devrait pour sa part contribuer à la croissance à hauteur de 1,1 point de pourcentage. Alain Bouithy
Maroc. A 12,3%, le chômage continue de narguer les politiques publiques

Alors que le programme «Awrach» venait d’être mis en route, les chiffres publiés par le Haut-commissariat au plan (HCP) viennent rappeler une affligeante réalité : la situation du marché du travail au Maroc continue de se détériorer et la lutte contre le chômage est loin d’être une mince affaire. Arrivé depuis peu à un stade opérationnel, comme l’a déclaré dernièrement le ministre de l’Intégration économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences, Younes Sekkouri, le programme «Awrach» entend notamment améliorer l’employabilité et accroître les chances d’insertion professionnelle. Mais en attendant les premiers résultats qui permettront d’apprécier l’impact réel de cette initiative chez les jeunes, notamment, les données du Haut-commissariat montrent que le chômage a grimpé au terme de l’année 2021. Dans une note d’information relative à la situation du marché du travail en 2021, l’’institution publique annonce qu’il est passé de 11,9% à 12,3% au niveau national, de 15,8% à 16,9% en milieu urbain et de 5,9% à 5% en milieu rural. En effet, « entre 2020 et 2021, le nombre de chômeurs a augmenté de 79.000 personnes, passant de 1.429.000 à 1.508.000 chômeurs, ce qui correspond à une augmentation de 5,5% », a indiqué le Haut-commissariat précisant que cette hausse est la conséquence d’une augmentation de 120.000 chômeurs en milieu urbain et d’une baisse de 41.000 en milieu rural. Comme c’est souvent le cas depuis des lustres, « il est plus élevé parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans (31,8%), les diplômés (19,6%) et les femmes (16,8%) », a-t-il fait savoir. Des disparités observées au niveau de l’ensemble des catégories de la population montrent que « le taux de chômage s’est accru respectivement de 0,6 point pour les femmes, passant de 16,2% à 16,8% alors que ce taux a quasiment stagné pour les hommes (de 10,7% à 10,9%) », a poursuivi le HCP. Selon la note du Haut-commissariat et la répartition par diplôme, le taux de chômage a enregistré une hausse de 1,1 point parmi les diplômés, passant de 18,5% à 19,6%, et une baisse de 5,6% à 4,6% parmi les personnes sans aucun diplôme. « Selon l’âge, le taux de chômage a augmenté de 0,6 point pour les jeunes âgés de 15 à 24 ans, passant de 31,2% à 31,8% et de 1,1 point pour les personnes âgées de 25 à 34 ans, passant de 18,5% à 19,6% », a-t-il ajouté. Il est à noter que le volume du sous-emploi est de son côté passé de 1.127.000 à 1.003.000 personnes, de 619.000 à 550.000 dans les villes et de 508.000 à 453.000 à la campagne. C’est ainsi que « le taux de sous-emploi est passé, au niveau national, de 10,7% à 9,3%, de 10,1% à 8,8% en milieu urbain et de 11,6% à 10% en milieu rural », a souligné le HCP dans sa note. La même source relève, par ailleurs, qu’entre 2020 et 2021, l’économie nationale a créé 230.000 postes d’emploi, correspondant à une hausse de 2% et résultant d’une création de 130.000 postes en milieu rural et de 100.000 postes en milieu urbain, A titre de rappel, 432.000 postes d’emploi avaient été perdus une année auparavant. « Par type d’emploi, 197.000 postes d’emplois rémunérés ont été créés, 112.000 en milieu urbain et 85.000 en milieu rural », a indiqué le HCP dans sa note d’information du HCP précisant que l’emploi non rémunéré a augmenté de 33.000 postes, création de 45.000 en zones rurales et perte de 12.000 en zones urbaines. Selon les statistiques du HCP, cinq régions abritent 72% de l’ensemble des actifs âgés de 15 ans et plus : la région de Casablanca-Settat vient en première position avec 22,2% d’actifs, suivie de Rabat-Salé-Kénitra (13,4%), de Marrakech-Safi (13,3%), de Tanger-Tétouan-Al Hoceima (11,6%) et de Fès-Meknès (11,4%). Ces mêmes données montrent que trois régions enregistrent des taux d’activité supérieurs à la moyenne nationale (45,3%). Selon le Haut-commissariat, « il s’agit des régions de Tanger-Tétouan-Al Hoceima (49,8%), de Casablanca-Settat (47,7%) et de Marrakech-Safi (46,8%) ». Soulignons, en revanche, que les taux les plus bas sont enregistrés dans les régions de Souss-Massa (41,3%) et de Fès-Meknès (42,3%) et de l’Oriental (42,5%). Alain Bouithy