L’économie marocaine se serait contractée de 13,8% au deuxième trimestre 2020. Elle aurait régressé après une hausse de 0,1% enregistrée au trimestre précédent, selon les dernières projections publiées par le Haut-commissariat au plan (HCP).
Cette contraction viendrait de « la baisse de 14,4% de la valeur ajoutée non-agricole et du repli de 6,1% de celle de l’agriculture », a expliqué l’institution dans son point de conjoncture trimestriel.
Elaboré sur la base des enquêtes réalisées par le Haut-commissariat et les informations sous produites ou collectées auprès des autres sources publiées jusqu’à fin mai 2020, ce point « tient compte, également, des effets d’un assouplissement des mesures de confinement à partir du 10 juin 2020 et d’un redémarrage progressif des différentes activités économiques », a précisé le HCP.
D’après ce document, le secteur tertiaire aurait affiché un recul de 11,5% au deuxième trimestre 2020, contre +1,6% un trimestre auparavant, en raison de la contraction des activités commerciales, de transport, d’hébergement et de restauration.
Dans ce registre, « seuls la communication et les services non-marchands seraient restés dynamiques, avec le renforcement des dépenses de fonctionnement », a fait savoir l’institution.
Concernant le secteur secondaire, il ressort que le rythme d’évolution serait passé à -14,3%, après +0,2% au premier trimestre.
A en croire le HCP, « la baisse d’activité aurait été plus prononcée dans le BTP, l’électricité et dans l’industrie, particulièrement le textile, les IMME et les matériaux de construction », notant, en revanche, que l’agroalimentaire et la chimie auraient conservé leur rythme de croissance tendanciel.
Selon les données du HCP, l’activité minière aurait, pour sa part ,montré une grande résistance face aux effets de la crise Covid-19 tandis qu’en variation annuelle, sa valeur ajoutée aurait progressé de 3,7% au deuxième trimestre 2020, grâce notamment à l’amélioration de l’extraction des minerais non-métalliques.
Portée par une demande des industries locales de la chimie plus vigoureuse, en ligne avec l’expansion des quantités exportées des engrais, la production du phosphate brut aurait été plus soutenue en avril 2020. Aussi, en dépit de la montée des incertitudes pesant sur la demande mondiale des fertilisants, le HCP a noté que « les échanges internationaux des engrais phosphatés se seraient maintenus en hausse ».
Malgré le retour quasi-général des précipitations au terme des mois d’avril et de mai 2020, qui avait succédé à une sécheresse hivernale sévère, l’amélioration de la pluviométrie n’aurait pas profité au développement de l’ensemble des productions agricoles.
« Si globalement les perspectives de croissance des cultures maraichères de saison, sucrières et de certaines rosacés se seraient améliorées, les rendements des céréales, des légumineuses et des fourrages seraient restés faibles, pâtissant du déficit pluviométrique qui avait entravé leurs phases de floraison », a ainsi relevé le Haut-commissariat.
Selon le HCP toujours, au deuxième trimestre, la masse monétaire aurait évolué au rythme de 5,7%, après +5,1% un trimestre auparavant, en glissement annuel ; l’encours des créances sur l’économie se serait accru de 6,7%, en glissement annuel, au lieu de +6% au premier trimestre ; tandis qu’il constatait un recul persistant des indices boursiers durant cette période.
Dans son point de conjoncture, qui retrace également les prévisions économiques pour le troisième trimestre 2020, le HCP table sur l’atténuement progressif de la baisse de la valeur ajoutée hors agriculture, « avec la reprise des activités du commerce, du transport et des industries manufacturières, s’établissant à -4,1% ».
Tenant compte d’un abaissement de 5,9% de la valeur ajoutée agricole, le Haut-commissariat tablerait sur une activité économique en régression de 4,6%, au lieu de +2,4% au troisième trimestre 2019.
Selon les projections du HCP, la demande étrangère adressée au Maroc s’améliorerait de 3% par rapport au deuxième trimestre 2020, mais sa baisse, en variation annuelle, se situerait à -15,6% ; la demande intérieure se redresserait, pour sa part, modérément et lentement ; alors que « la poursuite du repli de la demande devrait continuer à pénaliser les activités hors agriculture, entraînant une baisse de leur valeur ajoutée de 4,1%, en variation annuelle au troisième trimestre 2020 ».
Si le HCP table sur une baisse de l’activité de -5,8% dans le secteur secondaire, il estime que la contraction de la valeur ajoutée industrielle s’atténuerait avec la reprise des industries adressées au marché local, mais que « les perspectives du faible redressement de la demande étrangère continueraient de peser sur les industries orientées vers l’export, notamment les IMME ».
Concernant les mines, il soutient que « la baisse de la consommation agricole mondiale devrait brider la dynamique de la demande internationale de fertilisants, dans un contexte de faible performance économique mondiale. La production des minerais non-métalliques s’ajusterait à une demande extérieure moins vigoureuse, entraînant dans son sillage un ralentissement de la croissance de la valeur ajoutée minière à +0,1%, au troisième trimestre 2020 ».
S’agissant de l’activité du secteur tertiaire, elle serait portée par la dynamique des secteurs de la communication et des services non marchands, et dans une moindre mesure par la reprise des activités du commerce et du transport, alors qu’elle resterait peu dynamique dans les services évènementiels et dans l’hébergement, poursuit le Haut-commissariat.
Quant aux activités agricoles, leur VA poursuivrait son repli au rythme de -5,9%, en variation annuelle. Cette baisse ne devrait pas, pour autant, s’accompagner d’une augmentation de l’inflation alimentaire.
Alain Bouithy