
Avec un recul de 8,7% au troisième trimestre 2020, au lieu de – 14,9% un trimestre plus tôt, l’économie nationale a connu une baisse moins vigoureuse que prévu.
Sous l’effet d’une contraction de 9% de la valeur ajoutée hors agriculture, au lieu de -15,5% un trimestre plus tôt, et d’une baisse de 6,2% de celle de l’agriculture, la baisse de la croissance aurait ainsi été moins prononcée qu’au trimestre précédent, a constaté le Haut-commissariat au plan (HCP) estimant que l’allègement des mesures de confinement aurait permis un léger redressement de l’activité nationale au cours du dernier trimestre.
Dans le secteur secondaire, la baisse de l’activité se serait atténuée pour s’établir à -8,5%, au lieu de -17,3%, a précisé l’institution publique dans une nouvelle note de conjoncture.
« Dans un contexte de baisse des prix à la production pour le deuxième trimestre successif, l’industrie manufacturière aurait continué de pâtir de la faible dynamique de la demande intérieure et de la poursuite du repli des exportations », a souligné le HCP dans ce document qui fait état de la situation des principaux indicateurs économiques estimés pour le troisième trimestre et qui relate les prévisions pour le quatrième trimestre 2020.
A l’exception des industries de la chimie et, dans une moindre mesure, celle de l’agroalimentaire, les carnets de commandes notamment étrangers, auraient été peu garnis, en particulier pour l’aéronautique et l’électronique, a-t-il relevé de même source notant que le secteur du BTP aurait, également, continué de pâtir de la baisse des mises en chantier et de la faible demande adressée à l’immobilier résidentiel.
Dans cette même période, les économistes du HCP ont également relevé la modération de la progression de la valeur ajoutée minière qui s’est établie à 2,8% au lieu de 7,9%.
A en croire ces derniers, le raffermissement de la demande des industries locales de transformation se serait poursuivi, alors que les exportations des minerais bruts, notamment celles du phosphate auraient été relativement heurtées au troisième trimestre 2020.
Concernant les activités tertiaires, la note de conjoncture révèle qu’elles auraient poursuivi leur tendance baissière, contribuant pour -4,7 points à l’évolution du PIB global, au lieu de -7,7 points au deuxième trimestre 2020.
Comme l’a expliqué le HCP, « la perte d’activité se serait atténuée avec les assouplissements réglementaires et la réouverture encadrée des commerces, des transports interurbains et des restaurants ».
Suite à l’assouplissement des restrictions sur les voyages internes, le secteur du tourisme aurait de son côté légèrement repris, selon le Haut-commissariat. Mais à en croire l’institution, « il aurait continué de pâtir du retrait du flux des touristes étrangers et de la baisse des recettes voyages ».
Alors que les services non-marchands, notamment sociaux, seraient restés relativement dynamiques. Selon toujours le HCP, la valeur ajoutée agricole se serait contractée de 6,2%, au troisième trimestre 2020, en variation annuelle, au lieu de -6,8% un trimestre auparavant.
L’institution a de même noté que « la diffusion des effets du confinement sanitaire, particulièrement importante au deuxième trimestre 2020, avec une perte de 477 mille emplois agricoles, se serait atténuée ».
Autres points relevés par le HCP dans sa note de conjoncture : la masse monétaire aurait évolué au rythme de +8,1%, au troisième trimestre 2020, après +7,5% un trimestre auparavant, en glissements annuels ; les créances sur l’économie auraient poursuivi leur progression depuis le début du confinement ; le marché des actions aurait continué d’afficher des variations baissières importantes, en lien avec le recul quasi général enregistré au niveau des résultats comptables semestriels des sociétés cotées.
Sur le volet consacré aux perspectives, le Haut-commissariat a fait état de l’atténuation de la baisse d’activité au quatrième trimestre 2020.
« Dans l’ensemble et compte tenu d’un abaissement de 5,2% de la valeur ajoutée hors agriculture et d’une contraction de 5,8% de celle de l’agriculture, l’activité économique enregistrerait une baisse de 5,5% au quatrième trimestre 2020, en variation annuelle, au lieu d’une hausse de 2,3% à la même période de l’année précédente », a-t-il annoncé.
Même si elle resterait relativement atone et serait tributaire de l’évolution des importations de ses principaux partenaires commerciaux européens, la demande mondiale adressée au Maroc s’améliorerait de 0,5% par rapport au troisième trimestre. Cependant, sa variation annuelle demeurerait négative à -8,9%.
La demande intérieure poursuivrait son redressement progressif modéré, l’effort d’investissement resterait relativement modéré, notamment dans les produits industriels et de construction et sa reprise serait lente et progressive ; les activités hors agriculture devraient poursuivre leur tendance baissière, au quatrième trimestre 2020, affichant un repli de 5,2%, au lieu de -9% au troisième trimestre ; tandis que la valeur ajoutée des activités agricoles poursuivrait son repli au rythme de -5,8%, en variation annuelle, amputant la croissance économique globale de 0,7 point.
Alain Bouithy