RDC-Russie : Est-ce un nouveau tournant dans la sécurité à l’Est?

ANALYSE. Le ministre congolais de la défense, Gilbert Kabanda, s’est rendu le 17 août 2022 à Moscou pour participer à la conférence internationale sur la sécurité au cours de laquelle il a eu à faire un briefing sur la situation sécuritaire en RDC a l’adresse des pays amis. Il a en même temps saisi l’occasion pour solliciter, au nom du gouvernement de la RDC, l’accompagnement multiforme de la Russie dans la traque des groupes armés actifs à l’Est du pays. Pour reprendre fidèlement ses propres mots : “L’objectif immédiat du ministère de la défense de mon pays est de mobiliser et d’obtenir les moyens nécessaires à fournir aux forces armées de la république de la RDC en faveur des opérations contre les groupes armés au Nord-Kivu, Sud-Kivu ainsi que de l’Ituri. l’appui multiforme de la Russie et de l’ensemble des pays participants à cette conférence est vivement souhaité» a-t-il déclaré. Dans le contexte géopolitique actuel de la guerre de l’Ukraine où le monde se redivise de nouveau en deux blocs ( pro-occidental et pro-sinorusse), cette nouvelle position gouvernementale de la RDC est riche de significations. Tout semble faire croire qu’elle est étroitement liée à la non condamnation claire du Rwanda par Antony Blinken qui a préféré renvoyer dos à dos la RDC et le Rwanda, tout en maintenant l’aide militaire américaine au Rwanda. Ce qui a fait comprendre à Kinshasa qu’il n’a plus grand-chose à attendre de l’oncle Sam pour pouvoir stopper le chaos sécuritaire dans sa partie orientale. Ce revirement à cent quatre-vingt-dix degrés d’un gouvernement qui a voté en faveur de sanctions de l’OTAN contre la Russie ne laissera personne indifférent dans l’actuel croisement de fers entre Washington et Moscou. Ce qui est sûr, c’est qu’on s’achemine lentement mais sûrement vers la fin du mensonge international sur la guerre de l’Est congolais et vers la nécessaire recomposition des alliances. La seule et grande inconnue dans ce nouveau paysage politique reste la réaction de ces puissances qui depuis février 1885, ont toujours considéré le Congo comme leur pré-carré imprenable en raison de sa position géostratégique et de ses nombreuses ressources minières pour le fonctionnement de leurs industries de pointe. Wait and see ! Par Germain Nzinga
Ukraine : Un nouveau tournant de la crise

TRIBUNE. «J’ordonne au ministre de la Défense et au chef d’état-major de mettre les forces de dissuasion de l’armée russe en régime spécial d’alerte au combat», c’est la déclaration officielle que vient de faire ce dimanche 27 février le président russe Vladimir Poutine face aux déclarations belliqueuses des forces de l’OTAN envers la Russie. Selon la définition de l’Otan, la «dissuasion» est une stratégie militaire consistant à «menacer de recourir à la force afin de décourager un adversaire d’entreprendre une action indésirable». Dans cette guerre hybride en cours, cette alerte de dissuasion qui peut comprendre une composante nucléaire constitue un nouveau tournant dans la crise qui se déroule sous nos yeux en Europe. La menace nucléaire que l’opinion craignait, le président russe vient d’en lever le voile. Ce n’est donc plus un simple leurre. En principe, en Russie actuelle la mallette nucléaire doit être activée sur décision de trois personnes : le président Poutine; le chef d’état-major Guerassimov et le ministre de la défense Choïgou. Le fait que ce matin Poutine ait démis de ses fonctions Guerassimov qui parraisssit être comme le seul antinucléaire du cercle n’est pas du tout un bon signe. Un spécialiste européen du nucléaire invitait ce soir ses interlocuteurs à la prendre très au sérieux pour une Russie qui peut se sentir coincée dans une menace existentielle en l’état actuel. L’Europe est en train de franchir le seuil d’une guerre à haute intensité. Poutine en donne le ton. Les deux seules inconnues à l’heure actuelle sont : primo l’on ne sait dire clairement si Poutine fait allusion à la dissuasion offensive ou défensive. Secundo, on ne sait encore sur quel pays Poutine entend diriger ses ogives nucléaires au cas où il décidait de lancer l’attaque nucléaire. Par Germain Nzinga