« CONGOLIA ». Des Histoires Congolaises, des Souvenirs et des Chants qui parlent

Vivre dans le présent tout en sachant qu’on a un passé, des histoires, des souvenirs et des chants, qu’on peut se raconter d’une manière confortable, c’est ce que révèle en abondance ce livre du congolais Ngimbi Kalumvueziko. Un livre très important qui nous enseigne aussi comment se souvenir en permanence de tout sans oublier ce qui nous rend disponibles à l’innovation, aux pensées nouvelles. « Congolia » regroupe donc des récits inédits d’évènements et de personnages importants de l’histoire de la République démocratique du Congo (RDC), des souvenirs personnels de l’auteur en relation avec certains événements historiques vécus et des histoires oubliées de l’histoire de la RDC. La musique y tient aussi une place importante. N’accompagne-t-elle pas la marche du pays depuis l’indépendance, avec la chanson culte Indépendance Cha Cha ? Enfin, Mathias Buabua wa Kayembe (professeur à l’université de Kinshasa) exprime dans une préface significative cette question de la connaissance du riche passé de ce que l’auteur appelle « Congolia » : « Depuis un certain temps, j’ai pris l’habitude de lire, dans les réseaux sociaux, avec toute la délectation voulue, les récits de mon ami et frère Ngimbi Kaluvueziko. Je n’en rate aucun, bien que ne faisant pas souvent de commentaire, pour des raisons évidentes. On y découvre un homme multidimensionnel, un observateur passionné de la société congolaise dans sa grande diversité. C’est aussi un homme d’une grande sensibilité, un redoutable peintre de la société congolaise, j’allais dire, de l’identité kinoise. Oui, parce que c’est de la réalité kinoise qu’il s’agit aussi, qu’il s’agit surtout. Ngimbi Kaluvuenziko c’est quelqu’un qui a passé sa tendre enfance à Kinshasa, qui maîtrise parfaitement la vie tant diurne que nocturne de Kinshasa et qui nous restitue, par ressacs successifs, l’histoire turbulente de cette ville, le cœur de l’Afrique. Lorsqu’il décrit sa vie à Kintambo, son terroir, ses pérégrinations dans la forêt qui jouxtait le camp Kokolo, à l’actuel emplacement du quartier GB, son amitié avec des grands dramaturges comme Arthur Niemba, sa proximité avec des musiciens emblématiques des années 1960, 1970 et 1980, il cherche à montrer qu’il est partie prenante à cette histoire mouvementée de Kinshasa, dont il conserve du reste toute la nostalgie. Dans un autre récit, il indique les conditions dans lesquelles sa famille s’est retrouvée en exil intérieur au Maniema sur décision des autorités coloniales belges. Mais son retour à Kinshasa, dans des circonstances rocambolesques au lendemain de l’indépendance, en pleine rébellion muléliste qui ravageait l’Est du Congo, semble être celui vers la terre promise. Nous avons donc affaire, dans « Congolia », à l’hymne pour Kinshasa. En même temps, on perçoit, avec netteté, l’hymne au Kongo Central, dont Ngimbi situe sa généalogie dans la famille royale. Cette histoire est donc traversée de part en part, par une quête : celle de la reconstruction de la place capitale occupée par les Ne-Kongo dans le mouvement ayant conduit à l’indépendance de la RDC. Ainsi en est-il de l’ex-président Joseph Kasa-Vubu, dont l’auteur entreprend un laborieux travail de réhabilitation en tant que leader de l’indépendance du Congo, à travers son parti politique l’ABAKO. À côté de lui, se tiennent des leaders illustres comme Nzeza Landu, Kingotolo et autres Diogas dont le rôle dans les troubles du 4 janvier 1960 et leur retentissement sur l’indépendance n’est pas à démontrer. Et lorsque Ngimbi part aux origines de la presse congolaise, on ne manque pas d’y déceler l’apport de grands noms ressortissants du Kongo-Central ayant créé et dirigé des organes de presse à Kinshasa. Tant mieux ! Car c’est par des touches successives, des regards croisés, des nombreux apports individuels, que se fera la grande histoire du Congo. Le point d’orgue de ces pages politiques semble être l’enrôlement des étudiants de l’Université Lovanium par l’ex-président Mobutu, après une marche réprimée dans le sang en 1969. On retiendra de cet épisode dans lequel je me suis trouvé personnellement mêlé que l’homme, quel qu’il soit, pourvu qu’il ait une parcelle de pouvoir, reste toujours un loup pour d’autres hommes, surtout les faibles. Le départ des belges n’y a rien changé. Certains dirigeants congolais post-indépendance se sont comportés pire que les belges sous la colonisation. Ce livre écrit dans un style alerte, coulant et tout à la fois attachant, n’est autre qu’un hymne pour le Congo qui s’accroche, qui s’entête d’exister. Et c’est avec un réel plaisir et une immense joie que j’ai accepté d’en être le préfacier. Il ne me reste plus qu’à lui souhaiter le grand succès dont il mérite du reste, auprès des lecteurs du monde entier ». Ngimbi Kalumvueziko est de nationalité congolaise (RDC). Il est économiste de formation et très passionné par l’histoire et la culture. Il est l’auteur d’ouvrages sur l’histoire politique de la RDC et d’essais biographiques. Il est ambassadeur de bonne volonté de l’Etat d’Arkansas et citoyen d’honneur de la ville de Durham, Etat de North Carolina, au Etats Unis. Il a publié chez le même éditeur « Congo-Zaire, le destin tragique d’une nation » ; « Congo-Zaire, les acteurs del’historeé ; « LePygmée congolais exposé dans un zoo américain », et « Kibonge, le seigneur du football congolais » aux éditions Edilivre. Clément OSSINONDE
Mémorable : La carrière de Kibonge, le seigneur du football congolais, décryptée par Ngimbi Kalumvueziko

Jeff Kibonge Mafu qui fait l’objet de cette monographie, n’est-il pas pour nous et pour beaucoup d’entre nous ce modèle, cette référence parmi tant d’autres, d’une génération des footballeurs à la fois auteurs et personnages qui ont laissé trace dans les souvenirs de ceux qui s’intéressent au football ? », s’interroge Kabala Muana Mbuyi, journaliste sportif émérite, dans un extrait de sa préface. Un livre qui rend hommage à l’œuvre de Kibonge Pour écrire ce livre, l’auteur a exploité des interviews accordées par des joueurs congolais à la presse internationale ainsi que des articles de presse congolaise et internationale dont certains très récents (2014) sur la participation du Zaïre au tour final de la Coupe du Monde en 1974 en Allemagne. C’est le point culminant de toute l’histoire du football congolais qui continue toujours d’intéresser, pour divers motifs, les passionnés et les spécialistes du football.Kibonge : 71 ans depuis Mars 2016 La célébration le 7 mars 2015 à Bruxelles du 70e anniversaire de naissance de Kibonge a été un moment important pour rédiger ce livre. le déplacement de l’auteur, de Washington, DC à Bruxelles n’a pas été vain. Ce fut non seulement l’occasion de mieux connaître l’homme dans l’intimité de sa vie familiale, mais aussi d’avoir un contact physique avec plusieurs intervenants dans ce livre. Kibonge : Une légende du football africain. Kibonge est sans doute le joueur congolais le plus doué de sa génération. La grande longévité de sa carrière, sa parfaite maîtrise des techniques du football, la beauté et l’élégance de son style de jeu, son esprit de fair-play, sa discipline personnelle et son sens élevé de leadership font de lui le joueur qui a le plus marqué l’histoire du football congolais des années 1960-70. Il a gagné ses lettres de noblesse en remportant en 1968 et en 1974 avec la sélection nationale les deux et seuls titres de champion d’Afrique des Nations dont le Congo peut se prévaloir aujourd’hui, et une fois en 1973, le titre de champion d’Afrique des Clubs avec son équipe, Vita Club. Participer à un tour final de la Coupe du Monde est pour tout footballeur le point culminant de sa carrière. Kibonge a réalisé ce parcours de rêve en participant au tour final de la Coupe du Monde en Allemagne en 1974. Comme il le reconnaît lui-même, le football est un jeu collectif par excellence et il doit sa réussite à l’immense talent et à l’esprit d’équipe de tous ceux avec qui il a participé à cette magnifique épopée de l’histoire du football congolais. Sa joie est d’autant plus grande que des années après sa retraite, tous lui manifestent toujours une grande estime. L’auteur l’a constaté lors de la célébration de son 70e anniversaire de naissance. Les pionniers du football congolais Léon Mukuna Trouet et Paul Bonga Bonga à qui il voue un grand respect étaient présents. Avec eux, les anciens internationaux Mokili Saio, Kako-ko Etepe et Adelard Mayanga Maku, ses anciens coéquipiers de Vita Club Mbuya Mpaka, Ngoma Kitoko et Georges Kadima ainsi que de nombreux autres footballeurs de la génération suivante tels Bruno Kinsiona, Ricky Kibuaka, Jean Papa Mahungu, Luto-nadio Morceau, Amalphi Eloni, Beya wa Beya, Mayele Awul Ayel, Mayenda et Gilbert Kobise. Tout comme ses entretiens avec les Mondialistes, ainsi que sont appelés les joueurs de l’équipe nationale du Zaïre de 1974. Ce livre leur a donné l’occasion de s’exprimer et de plaider aussi leur cause. Toutefois, Ngimbi Kalumvueziko regrette de n’avoir pu s’entretenir avec certaines autres grandes figures du football congolais comme Pierre Kalala Mukendi, Freddy Mulongo ou encore Raoul Kidumu Mantantu. Les deux premiers luttaient contre la maladie et ont, hélas, disparu au moment où il mettais la dernière main sur ce livre, qui est aussi un hommage à leur mémoire. Enfin, voilà où se trouve tout le mérite que l’on reconnait à Ngimbi Kalumvueziko, auteur du présent ouvrage dont on salue chaleureusement la parution, pour la bonne raison qu’il vient combler une grave lacune, et pallier un véritable paradoxe du fait que le football congolais qui, pendant près d’une décennie a occupé les avant-postes du continent, n’a quasiment pas de place sur le marché du livre.