Maroc. Maati Sabri, un véritable combat pictural

ARTS. Dans ses œuvres, l’artiste-peintre marocain Maati Sabri mène un véritable combat pictural. Ses meilleurs atouts : des couleurs vives et généreuses posées sur la toile. Largesse du geste, force d’expression, ce professeur d’arts plastiques, natif de la commune de Bouchane nous entraîne dans une intense joie visuelle à travers ses portraits, ses natures mortes… Son travail s’est tourné vers une recherche sur la profondeur, les transparences et les jeux de lumière.

Joyeuse fête de couleurs, de formes et de lumières, l’œuvre de ce plasticien, vivant et travaillant à Had Soualem est le résultat d’un travail de longue haleine et d’une recherche renouvelée sur les couleurs, les formes, la matière et les symboles. Chacune de ses œuvres est l’occasion pour lui de projeter ses intimes sensations, son moi profond. C’est même l’origine et la raison d’être de son travail pictural dénonçant implicitement le matérialisme de notre ère provoquant la perte de notre âme. Son œuvre favorise à la fois l’aspect extérieur par son harmonie des formes et des couleurs, et la résonance intérieure, celle de l’âme. Car son art prend sa source dans l’âme de l’artiste et possède presque une force d’éveil prophétique avec une forte influence. C’est par la compréhension de cette vision de l’artiste que le niveau spirituel du contemplateur s’élève. 

Mais Maati Sabri demeure malgré tout un artiste contemporain. Et donc, elle ne peut se résoudre à se lover, lui aussi, dans un rassurant discours «peinture-peinture» prônant un sublime retrait. Son œuvre est à la fois une peinture et une critique de celle-ci. Une critique de l’histoire de la peinture et du discours souvent entendu sur la peinture.  Sa méthode d’approche du regardeur procède par induction de virtualités contenues dans l’œuvre qu’il ne reste plus qu’à nommer.

En chargeant un peu ses tableaux, on peut avancer qu’une telle pratique n’a de cesse de réaliser un programme idéologique, en même temps qu’esthétique, de réhabilitation des notions d’identification et de reconnaissance. C’est l’essence même de l’œuvre de notre artiste qui s’attache à rendre l’étrangeté du quotidien à travers les natures désincarnées qui se traduisent par le trait, la touche et la couleur, mais aussi et surtout par son esprit. La splendeur et l’élégance de ses œuvres sont le fruit d’un travail particulièrement humain. Un travail magnifié par la beauté de l’éclairage et la candeur d’un artiste dont la création constitue le souffle et l’énergie.

Tout cela se bouscule sur la toile en voisinages inattendus, suscitant chez le spectateur la surprise et le questionnement. Le rapprochement est tantôt éloquent, tantôt obscur, jusqu’à ce que l’effort soit fait de se laisser inviter dans cet univers et de s’en imprégner.

Techniquement aussi, l’artiste-peintre nous dévoile sa perception de la couleur à travers un ressenti et une pureté d’esprit qui nous explicite que l’action de la couleur influe sur nos sens. La contemplation de ses œuvres éveille en nous des sensations visuelles, mais aussi et au-delà, des ondes sensitives, sensuelles, salées, sucrées ou épicées. Un frisson, la chair de poule, une douce chaleur. Ainsi, la résonance de l’âme conduit à la sensibilité et statue que l’harmonie des couleurs repose uniquement sur l’entrée en contact avec l’âme humaine et que cette base constitue le principe de la nécessité intérieure : la spiritualité.

Son expérience demeurera au fil du temps un travail riche de recherches et ouvert à toute interprétation au fur et à mesure que la vie elle-même se renouvelle de jour en jour, car le mérite de notre plasticien chevronné réside dans sa découverte de la vie tout en nous invitant à la découvrir ensemble. Résultat : une peinture qui devient source de connaissance de soi, de spiritualité et de paix intérieure. Et une école de vie qui fait rêver.

Ayoub Akil

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