TRIBUNE. Il semblerait que les carottes étaient déjà cuites pour madame Jean depuis belle lurette. Les critiques sur sa gestion ont été les principaux éléments qui ont nui à sa réélection.
C’est ce mercredi dernier que le premier ministre désigné du Québec, monsieur François Legault aurait rencontré, le président rwandais Mr Paul Kagamé (actuel président en exercice de l’Union africaine) en présence de madame Louise Mushikiwabo, son ministre des affaires étrangères. On l’entendait déjà féliciter cette dernière avant même que la conférence de l’OIF ne porte définitivement son choix sur elle. Comme récompense, le Québec est dans l’attente du juteux poste d’administrateur de l’OIF après avoir soutenu l’adversaire de madame Jean.
C’est le même son de cloche de la part du premier ministre canadien, monsieur Justin Trudeau. Le gouvernement canadien avait déjà annoncé publiquement ne pas supporter sa candidature avant même son départ pour Erevan en Arménie. Il aurait troqué la candidature de sa compatriote, madame Jean, contre la rwandaise. Il espère par ce geste inhabituel faire plaisir aux africains qui pourront lui apporter leur soutien pour un siège au conseil de sécurité de l’ONU. Ceci est quand même inqualifiable.
Beaucoup de gens d’ici pensent que c’est une erreur et un manque de considération pour la communauté noire. Le Canada et le Québec ont bien fauté dans leurs démarches pour écarter madame Jean, l’actuelle secrétaire générale. Les règles diplomatiques auraient dicté de soutenir une compatriote canadienne. On ne devrait en aucun moment ni la ridiculiser ni la fragiliser. Elle est canadienne et son pays devrait la défendre et la soutenir comme les américains le font avec leurs compatriotes à l’extérieur de leur pays. Son pays lui a refusé une sortie honorable et a comploté pour son éjection. Les règles de consensus et de démocratie n’ont pas été respectées.
Madame Jean aurait-elle subi le même sort si elle était blanche ? beaucoup de gens d’ici pensent que non. Les autochtones, les blancs et les non blancs forment actuellement les 3 catégories de citoyens du Canada et du Québec. Les derniers nommés sont souvent discriminés et sont plus susceptibles d’être surveillés pour n’importe quel geste.
On multiplie par 1000 leurs fautes pour les aggraver démesurément afin de les discréditer et très ouvrent sur la place publique. Les médias canadiens peuvent aller fouiller les comptes de OIF au temps de Mr Abdou Diouf quand l’administrateur de cette organisation était un canadien-québécois blanc. Je suis sûr qu’ils y trouveront des dépenses hors normes. Pourtant, on en parle pas. Aussi, seule la province du Nouveau-Brunswick l’a supporté du début à la fin. C’est une position à saluer et elle courageuse et juste.
Néanmoins le bilan de la secrétaire générale sortante est nul en termes de réalisations. La situation des droits de l’Homme n’a pas connu une amélioration. On ne l’a jamais entendu dénoncer les fraudes électorales, les massacres de citoyens innocents, les guerres comme au Mali etc…. En réalité elle n’a rien fait. L’Afrique où se trouve plus de 60 % de francophones de la planète ne l’a vu que 3 fois pendant son mandat. Mais pour quoi le choix du Rwanda ?
Le choix de madame Louise Mushikiwabo
Le Rwanda n’est plus un pays francophone depuis l’arrivée du président actuel au pouvoir en 2000. La situation des droits de l’homme dans ce pays n’est pas très reluisant. La répression y est sans pitié. De plus, ce dernier aurait modifié la constitution pour se maintenir au pouvoir jusqu’en 2034. Il est actuellement à son troisième mandat. Mais son bilan économique serait satisfaisant selon plusieurs sources concordantes. En effet, selon la Banque mondiale, le Rwanda a enregistré un taux de croissance annuel moyen de 7,5% entre 2000 et 2017. La pauvreté et les inégalités ont également fortement baissé.
Le Fonds monétaire international (FMI) prévoit de nouveau une croissance de 7,2% en 2018, puis 7,8% en 2019. Une performance suffisamment rare sur le continent pour être soulignée et interrogée. Signe d’une « bonne gouvernance », la dette publique est restée contenue à 40% du PIB en 2017 et la lutte contre la corruption a enregistré les meilleures performances de la région, toujours selon la Banque mondiale. La stabilité politique rassure également les investisseurs.
Il faut dire que le président Kagamé, qui concentre la majeure partie des pouvoirs, est systématiquement réélu depuis 2003. Mais il faudrait faire attention à ces chiffres car ces institutions ne sont pas nécessairement là pour les intérêts de l’Afrique. Elles sont là pour tromper les dirigeants africains en les faisant croire à des faussetés, des mensonges et des illusions afin de les endetter davantage et de plonger leurs pays dans les méandres de l’enfer où ils ne sortiront jamais indemnes.
En réalité c’est la France, qui a imposé le Rwanda pour diriger l’OIF. Elle est également la principale contributrice de cette organisation à plus de 50% de son budget. Le choix de cette dernière passe toujours car certains chefs d’état africains ne sont que des marionnettes voire des esclaves. Ils n’osent pas contredire leur maitre blanc. Sinon ils risquent de perdre le pouvoir par des coup d’état ou d’autres manigances comme dans le cas de Thomas Sankara. De plus, cette ancienne puissance coloniale a voulu se racheter et faire peau neuve contre les accusations lourdes qui pèsent sur elle dans le dossier du génocide rwandais.
Beaucoup de succès pour madame Louise Mushikiwabo.
Nos félicitations pour cette dernière pour son élection à la tête de la Francophonie et nous la souhaitons plein de succès. Comme l’a dit récemment le maire de Québec, « on ne sent nulle part la Francophonie » On ne l’entend pas non plus en Afrique et ailleurs dans les pays pauvres. Son absence du terrain a fait que les africains ont déjà commencé à délaisser le français. On l’attend également sur le dossier des droits de l’homme ainsi que sur les conflits et les guerres qui font encore et malheureusement beaucoup de victimes. Elle devrait commencer par balayer dans sa cour qui contient beaucoup de tas d’ordures avant de donner des leçons de propreté aux autres.
Gondiel ka
Montréal, Canada
Expertise Relation Afrique Canada