‌‌NOVELTY : Un des orchestres qui ont fait la musique congolaise dans les années 50 et 60 – L’âge d’or.

Parler d’âge d’or de la musique congolaise n’est pas ici usurpé. En 1960, la musique congolaise, précisément au Congo-Brazzaville avait déjà atteint son apogée dans la mesure où elle faisait danser toute l’Afrique!

Cette spécificité culturelle est le fruit de l’éclosion de grands orchestres nés vers la fin des années 50 et qui se sont illustrés chacun dans leur style pour atteindre avec beaucoup d’acharnement, des résultats élogieux marquant à jamais, sinon le patrimoine mondial, du moins le patrimoine continental.

Ces groupes de musique sont : Cercul Jazz (1954) ; Maquina Loca (1957) ; Negro Band (1958) et enfin Novelty en 1959 (quelques mois avant Les Bantous).

1959 – NOVELTY (Nouvel Orchestre)

Dans les coulisses de la danse : Trois frères

C’est en marge de leur travail à la fonction publique de l’Etat congolais, que trois frères : Grégoire Poaty, Benjamin Poaty et Joseph Mountou Poaty « Typoa » tous guitaristes, ont eu pour ambition de développer leur approche du milieu musical et des danses tout en permettant aux jeunes de leur quartier à Ouénzé de s’investir bénévolement pour l’animation de leur secteur.

Les premiers acteurs à se joindre aux trois frères, s’appellent Albert Nkouka. Il est directeur d’école et joue à la mandoline, puis François Nganga, agent de la maternité de l’Armée, qui lui manie avec beaucoup de dextérité la guitare solo. Les cinq musiciens amateurs s’affirment peu à peu comme une véritable école d’expérimentation.

De retour d’un voyage à Libreville au Gabon, Albert Nkouka ramène avec lui, le peu de matériel de musique qu’il faut pour pouvoir se produire en public. Le cercle s’agrandit avec l’intégration de deux fortunés : le guitariste Ebongué, agent de l’Etat, et le mécène camerounais Gabriel Touneleck (commerçant). Ensemble ils prennent la décision de créer au cours du premier semestre 1959, un orchestre pour lequel ils attribuent le nom «NOVELTY» (Nouvel orchestre).

Le Bar Super Jazz, lieu de naissance de Novelty

Après avoir fait ses premières armes, au  début de l’année 1959, chez « Dadet Bar » à Moungali, (4eme arrondissement  de Brazzaville) l’orchestre va effectuer sa première sortie solennelle au bar « Petit Faignond » rebaptisé « Super Jazz » (Poto-Poto, 3ème arrondissement).

La nouvelle formation de Novelty

Sous la direction de Joseph Mountou Typoa, on compte désormais au sein du groupe des musiciens de talent comme Paul Gombe «Pincki» (saxo), Jean-Baptiste Miyouna Yano, Benjamin Massamba « Baby » (chant) Hilarion Malemba, Simon Kieya, Bernard Kibangani, Toussaint Moumbenza, et autres, qui ont permis à Novelty de passer progressivement à une musique plus élaborée.

Novelty, un orchestre qui sonnait bien, car venant en bonne position après le Negro Band créé en 1958.

La nouvelle formation sert la très bonne musique à une foule nombreuse des brazzavillois, venus acclamer l’orchestre des intellos.

Les musiciens ont surtout en tête l’avènement très prochain de l’Indépendance du Congo (1960). On peut dire de Novelty, qu’il est aussi le premier groupe à prendre conscience du rôle moteur et vital que la musique pouvait apporter dans la prise de conscience, des congolais pour la consolidation de l’unité nationale.

Novelty aux  Editions Ngoma à Kinshasa, quelques mois après.

Motivés par la découverte des coulisses de la danse à travers des concerts toujours bondés, les artistes s’investissent avec beaucoup de force pour marquer leur présence sur le marché du disque avant la fête de l’Indépendance.

C’est ainsi que l’orchestre va sortir en 1959, aux éditions Ngoma à Kinshasa deux 45 tours avec les titres ci-après : « El Rytmo Novelty » (« Assassin »), « Proclamation République 28 Novembre », « Indépendance » et « La communauté » (Philos).

On lui doit également aux éditions « Ngoma », deux  titres au rythme de « cha cha cha » qui ont brûlés l’envie de bouger différemment des nombreux mélomanes de cette époque.

Mais, le plus grand mérite de Novelty revient à la composition « Indépendance »  plébiscitée meilleure chanson de l’Indépendance en 1960, et pour lequel il a obtenu le premier prix national.

Egalement pour cette qualité, Novelty est ainsi retenu officiellement pour animer les fêtes de l’Indépendance à Pointe-Noire au palais présidentiel pour les VIP, puis le lendemain au bar « Chez Palladium » pour le public de Pointe-Noire. Pendant que l’orchestre Les Bantous était retenu au palais présidentiel à Brazzaville.

« Novelty » a surtout rivalisé si bien dans le cadre d’une émulation fructueuse avec les orchestres Cercul Jazz, et Negro Band qui comptaient avant l’arrivée des Bantous, les plus grands orchestres de Brazzaville.

De NOVELTY à AFRICA MOD

En 1964, cinq ans après un parcours élogieux, L’orchestre Novelty qui est demeuré longtemps au cœur des amateurs de la danse et des amoureux de la chanson au Congo, se disloque malheureusement, à la suite d’un conflit d’intérêt.

En effet, tous les musiciens du groupe dans un élan de solidarité, relevant des mauvaises pratiques de la direction, décident en bloc de se séparer de leur chef Mountou Typoa. Le collectif ainsi séparé de son chef fonde un nouvel orchestre qui porte le nom AFRICA MOD « Matata » sous la direction du chanteur Jean Baptiste Miyouna Yano. En réalité c’est Novelty qui a changé de nom.

(Le même phénomène s’est produit quelques années après(1967) avec la création de Manta Lokoka dont les musiciens sont issus de l’Africa Mod « Matata », mais sous la direction de Paul Ngombé « Pincki »).

Le premier concert du groupe Africa Mod « Matata « qui a eu lieu chez « Elysée Bar » à Moungali (Avenue des 3 martyrs) fut un succès. De fil en aiguille « Africa Mod » apparait désormais comme un grand groupe dont la forme rythmique va rapidement capter l’attention du public et recueillir absolument son adhésion.

Mountou Typoa de son côté, crée l’orchestre « Tumba »

Si, Jean Baptiste Miyouna Yano est parvenu à assurer à Africa Mod un meilleur niveau, grâce surtout à la maturité de ses musiciens et à leur expérience, Mountou Typoa par contre n’a pu asseoir à sa formation « Tumba » une longue vie. Notons que Joseph Mountou Typoa a eu l’honneur de présider de 1965 à 1967 la première Union des Musiciens Congolais (UMC).

Clément Ossinondé

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