TRIBUNE. En mai 1997, le peuple congolais vit les Américains, sous la casquette de la troïka, propulser Laurent-Désiré Kabila contre Mobutu tout comme jadis ils avaient poussé Joseph-Désiré Mobutu contre Lumumba en 1960 et contre Kasavubu en 1965.
Quatre ans plus tard, plus précisément en janvier 2001, les mêmes américains vont assassiner leur nouveau coopté pour le remplacer par un jeune homme que Mzee aurait porté dans ses valises et protégé comme un fils. Par son parricide, il prendra la place de Mzee et sera adoubé par toutes les puissances occidentales.
Ces noces connaîtront un premier couac en 2009 lorsque le nouveau nègre de service va se mettre à flirter avec les chinois (ennemis jurés des Yankees). Il se trouvera vilipendé et bloqué par ceux-là mêmes qui lui avaient déroulé le tapis rouge aux premiers mois de son parricide. Ils feront échec à son plan de glisser au-delà des limités fixées par la constitution au mandat présidentiel et au final il ne lui restera qu’une seule solution de survie, à savoir signer un deal politique avec son successeur “nommé” par lui contre le verdict des urnes en vue d’assurer ses arrières, d’échapper à toute poursuite judiciaire pour les crimes commis mais surtout d’espérer pouvoir revenir aux affaires.
Les américains vont fermer les yeux sur les “arrangements à l’africaine” ( formule choc de Yves Le Drian) caractérisant l’intronisation du nouveau venu tant que leurs intérêts géostratégiques semblaient être assurés. Les fanfaronnades de l’ambassadeur Nzita à Kinshasa en sont la preuve éloquente jusqu’à ce qu’éclate la guerre de l’Ukraine suivie de sanctions contre la Fédération russe auxquelles souscrit dans un premier temps le président congolais avant sa brusque bascule, demandant à la Monusco de dégager et aux Russes ( seconds ennemis jurés des yankees) une aide militaire en munitions et en formateurs militaires pour sécuriser l’Est congolais.
Entre-temps le délai butoir du deal CACH-FCC signé en 2019 semble toucher à sa fin et aucun congolais ne sait dire de quoi sera faite la nouvelle valse présidentielle en 2023. Les congolais s’obstinent à rester amnésiques et continuent de croire mordicus à l’illusion des élections libres et démocratiques alors que depuis 1960, le peuple de ce pays sait pertinemment bien qu’il n’a jamais réussi à voter souverainement pour un président sorti des urnes.
Depuis les heures de l’indépendance nationale jusqu’à ce jour, un seul ACTEUR majeur a été et reste déterminant à toutes les transitions politiques. C’est lui qui a toujours décidé unilatéralement de tous les changements à la tête de l’Etat congolais. Un seul, disais-je, et son nom n’a jamais changé durant 64 ans d’indépendance nominale de ce vaste pays.
Si à ce mercredi 7 septembre 2022 qui équivaut au 25 e anniversaire du décès du Maréchal Mobutu, les congolais arrivent un tantinet à relire leur douloureuse histoire pour en tirer des leçons utiles, ils auront accompli un pas de géant pour pouvoir changer la donne politique de leur destin.
Par Germain Nzinga