La situation du marché du travail s’est détériorée au premier trimestre de 2022, selon le Haut-commissariat au plan confirmant si besoin est que l’emploi demeure une denrée rare pour bon nombre de Marocains.
La légère embellie constatée sur le front de l’emploi au terme de l’année 2022 semble n’avoir été qu’un leurre voire une illusion, éclipsée par les derniers chiffres publiés par l’organisme public.
D’après ces données, la détérioration du marché du travail s’est traduite par une hausse du nombre de chômeurs de 83.000 personnes entre le premier trimestre de l’année 2022 et celui de 2023. Il est ainsi passé de 1.466.000 à 1.549.000 chômeurs, ce qui correspond à une augmentation de 6%.
A en croire les explications du Haut-commissariat, chargé de la production, de l’analyse et de la publication des statistiques officielles au Maroc, « cette hausse est le résultat d’une augmentation de 67.000 chômeurs en milieu urbain et de 16.000 en milieu rural ».
La dégradation est telle que « le taux de chômage s’est accru de 0,8 point entre les premiers trimestres de 2022 et de 2023, passant de 12,1% à 12,9%, de 16,3% à 17,1% en milieu urbain et de 5,1% à 5,7% en milieu rural », a indiqué le HCP dans sa note d’information relative à la situation du marché du travail au premier trimestre de 2023.
Le chômage gagne du terrain à peu près partout
Selon une analyse plus détaillée, il a également enregistré une hausse aussi bien parmi les hommes, de 10,5% à 11,5% que parmi les femmes, de 17,3% à 18,1%.
Les données recueillies suggèrent en outre qu’il « a connu une forte hausse de 1,9 point parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans, passant de 33,4% à 35,3% et parmi les personnes âgées de 25 à 35 ans, de 19,2% à 20,9%
(+1,7 point) ». Elles montrent par ailleurs que le taux de chômage des diplômés a enregistré une hausse de 0,9 point, passant de 18,9% à 19,8%.
Précisons que « cette hausse est plus prononcée parmi les détenteurs de diplômes et certificats de l’enseignement primaire et secondaire collégial (+2,2 points et un taux de 15,2%), et de diplômes de l’enseignement secondaire qualifiant (+1,1 point et un taux de 22,6%) », comme le souligne le HCP dans sa note.
A noter que l’évolution du marché du travail s’est accompagnée d’une augmentation du sous-emploi. Les chiffres montrent en effet que «le volume des actifs occupés en situation de sous-emploi a augmenté de 88.000 personnes, entre le premier trimestre de 2022 et la même période de 2023 ».
D’après le Haut-commissariat, il est passé de 987.000 à 1.075.000 personnes au niveau national, de 521.000
à 573.000 personnes dans les villes et de 466.000 à 502.000 dans la campagne.
Le taux de sous-emploi est passé de 9,2% à 10,3% au niveau national
Ainsi que le fait remarquer l’institution publique dans sa note, « le taux de sous-emploi est passé de 9,2% à 10,3% au niveau national, de 8,3% à 9,1% en milieu urbain et de 10,6% à 12,1% en milieu rural ».
De son côté, le volume de la population active occupée en situation de sous-emploi en termes de nombre
d’heures travaillées est passé de 485.000 à 513.000 personnes au niveau national, poursuit le HCP indiquant que le taux correspondant s’est accru de 4,5% à 4,9%.
Quant à la population active occupée en situation de sous-emploi en termes d’insuffisance du revenu ou
d’inadéquation entre formation et emploi exercé, le Haut-commissariat affirme qu’elle est passée de 502.000 à
562.000 personnes au niveau national et que le taux correspondant est passé de 4,7% à 5,4%.
L’analyse des données sur ce volet suggère que la hausse du sous-emploi a été plus importante dans les secteurs des BTP avec 2,2 points (de 18,1% à 20,4%) ; de l’agriculture, forêt et pêche avec 1,4 point (de 10,3% à 11,7%) ; les services avec 0,8 point (de 7 à 7,8%) et l’industrie (y compris l’artisanat) avec 0,5 point (de 6,6% à 7,1%).
L’économie nationale a perdu 280.000 postes d’emploi, entre le premier trimestre de 2022 et la même période de 2023
Des mêmes données, il ressort que la situation du marché du travail a été marquée parla baisse des taux d’activité et d’emploi au premier trimestre de 2023.
Selon le HCP, «la population en âge d’activité (15 ans ou plus) s’est accrue de 1,4%, par rapport au premier
trimestre de 2022, contre une régression de la population active de 1,6%».
En fin de compte, « le taux d’activité a reculé de 44,5% à 43,1% entre les deux périodes, de 41,9% à 41,2%
en milieu urbain et de 49,3% à 47% en milieu rural », selon l’organisme relevant que le taux d’emploi a connu, de son côté, une baisse de 39,1% à 37,6%, au niveau national (-1,5 point) et reculé de 46,8% à 44,3% en milieu rural, de 35,1% à 34,1% en milieu urbain.
Alain Bouithy