Le Centre marocain de conjoncture (CMC) braque ses projecteurs sur l’économie sociale et solidaire. Un sujet éminemment actuel auquel il consacre un Spécial dans sa dernière publication mensuelle, « Maroc Conjoncture » (n° 293).
Pour aborder cette branche de l’économie regroupant des structures coopératives, associatives, mutuelles et autres fondations, le CMC a choisi de se focaliser sur différents angles. Et dont les principaux axes portent sur la « Mondialisation de l’économie sociale et solidaire : l’utopie de l’alternative » ; l’« Economie sociale et solidaire : des structures en évolution »; « Le mouvement coopératif au Maroc : évolution et contraintes » ; l’« Economie sociale et solidaire : vicissitudes et émergence » ; « Le secteur mutualiste : la convergence conflictuelle » ainsi que « Economie sociale et solidaire : quel potentiel de développement ? »
Dans ce spécial, le CMC a fait d’emblée un constat : nombreux sont ceux qui pensent que l’économie sociale et solidaire (ESS) est une pure vue de l’esprit.
Fort heureusement, « les personnes averties sont conscientes qu’elle correspond bien à une réalité sociale, dont il faut chercher l’origine au-delà du XIXe siècle », a-t-il soutenu. Avant de rappeler que les premières configurations de l’économie sociale, ancêtre de l’économie solidaire, sont le fait des mouvements ouvriers, dans leur opposition au capitalisme industriel «sauvage», responsable de l’exploitation et de la paupérisation des classes ouvrières.
Le CMC fait observer, par la suite que l’ESS est actuellement perçue comme une alternative concrète aux modèles dominants faisant référence au marché, voire une suppléance aux institutions. Elle connaît une résurgence à la fin des années soixante, après son éclipse au cours de la Deuxième Guerre mondiale, sous l’effet d’une recherche de concorde entre l’État, le marché et la société civile ».
Et de relever toutefois qu’« elle se revendique ne pas être un simple groupement des formes d’entreprises qui la composent (coopératives, mutuelles et associations et sociétés commerciales à finalité sociale), pour revendiquer la maxime, attribuée à Aristote : «Le tout est plus que la somme de ses parties».
Sur l’évolution de ses structures, la publication a noté que ce concept, qui privilégie les valeurs collectives et met l’homme au premier plan, connaît depuis quelques années un développement rapide dans toutes ses dimensions. Au point que « ses composantes ont investi l’ensemble des domaines de l’activité économique, la santé, la finance, l’enseignement, l’habitat, l’agriculture, etc », a relevé le CMC soulignant que son objectif primordial est d’améliorer les conditions de vie des populations par une lutte contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion.
Dans le cas du Maroc, le CMC a indiqué que le tissu coopératif constitue la principale composante du secteur de l’économie sociale et solidaire au Maroc et qu’il occupe une place importante dans l’économie nationale (environ 1,5% du PIB) en fournissant un cadre adéquat à la création des activités génératrices d’emplois et de revenus.
« Ce secteur contribue à l’intégration des petits producteurs dans le marché et à la lutte contre la pauvreté, l’exclusion, le chômage et l’analphabétisme de diverses couches sociales notamment les femmes et les jeunes du monde rural », peut-on lire.
Le CMC a assuré que l’ESS, actuellement définie comme étant un regroupement des structures coopératives, associatives, mutuelles et autres fondations, a toujours occupé, au Maroc, un large pan dans la mobilisation des ressources selon les principes fondamentaux de solidarité, d’entraide et de travail collectif.
« Ces principes font partie des bases culturelles ancestrales voire religieuses, pour l’organisation des processus économiques de production et de distribution, dans une interdépendance qui préserve les droits des individus dans leurs différentes segmentations », a –t-il soutenu.
Et de constater que « le secteur moderne, mû par des produits manufacturés de substitution et porté par des économies d’échelle, offre les meilleurs rapports de qualité-prix et inflige, au secteur de l’économie sociale et solidaire (ESS), un processus de déstructuration, que soutient une concurrence «déloyale» de production grand public ».
Pour le CMC, cette agression soutenue contrecarre l’aspiration au développement de la chaîne de valeurs du secteur ESS et pousse au démantèlement de son organisation.
Quoi qu’on en dise, l’ESS au Maroc demeure assez limité malgré les efforts déployés en sa faveur depuis d’une décennie.
En effet, « le tissu coopératif qui représente le segment le mieux organisé de cette économie génère actuellement à peine 1,6 % du PIB contre une moyenne de 6 à 7 % dans les pays émergents », a expliqué le CMC assurant qu’elle recèle pourtant un potentiel de développement important qui « permet raisonnablement de retenir comme objectif dans un horizon moyen de 7 à 8 ans l’élévation de sa contribution à la production de 4,5 points pour atteindre 6 % du PIB en 2025 ».
C’est dire que la réalisation d’un tel objectif nécessitera la mise en œuvre d’une stratégie multiforme visant les acteurs, les produits et l’environnement des différents segments du secteur, conclut la publication.
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