Quand les États-Unis tournent la page de la guerre en Ukraine lentement, mais sûrement

Quand les États-Unis tournent la page de la guerre en Ukraine lentement, mais sûrement

TRIBUNE. Les choses semblent s’accélérer en Ukraine. C’est le moins que l’on puisse dire au regard des propos tenus ces derniers jours par de hauts responsables américains. En effet, après le groupe d’élus démocrates qui a demandé à l’administration Biden d’engager des pourparlers directs avec Moscou, et la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen qui a appelé implicitement à la fin de la guerre en Ukraine pour relancer l’économie mondiale, c’est maintenant le chef d’état-major américain, le général Mark Milley, qui exhorte le gouvernement ukrainien à entamer des discussions avec la Russie. Même si la Maison-Blanche affirme ne pas exercer des pressions sur Kiev, que la décision d’entamer des négociations avec les Russes revient au président Volodymyr Zelensky et que les États-Unis continueront à soutenir l’Ukraine, la vérité est qu’on est en train de tourner la page de la guerre lentement mais sûrement du côté de Washington. Zelensky en est conscient, raison pour laquelle il se montre de moins en moins exigeant à l’égard de la Russie, et ce même s’il a été galvanisé ces derniers jours par le retrait de l’armée russe de la ville de Kherson. À ce dernier propos, il convient de souligner que si le retrait de Kherson constitue une « défaite » pour la Russie sur le plan symbolique et médiatique, il faudra être naïf pour penser que les Russes laisseront définitivement cette ville aux mains de l’Ukraine (à moins que l’Ukraine concède plus ailleurs). En fait, ce retrait, qui est en réalité un repli tactique, obéit aux principes de l’art opératif tel que pratiqué par les Russes. Comme je l’ai écrit dans un billet, il y a plusieurs semaines, le plus important dans l’art opératif n’est pas de gagner la guerre, mais d’atteindre des objectifs stratégiques que l’on s’est fixés. Et comme l’ont reconnu certains experts occidentaux, l’occupation de Kherson avait une importance stratégique relative. Pour le reste, si les quelques gains obtenus par l’Ukraine sur le terrain militaire semblent expliquer la posture américaine, il n’en demeure pas moins que ce pays devra se résoudre à oublier les parties de son territoire conquises et annexées par la Russie. Le général Milley, dont les propos ont mis l’administration Biden dans l’embarras, ne se fait pas d’illusions à ce propos. «La probabilité d’une victoire militaire ukrainienne, consistant à chasser les Russes de toute l’Ukraine, y compris de la […] Crimée, la probabilité que cela se produise bientôt n’est pas élevée, militairement parlant», a-t-il déclaré. Selon le haut gradé américain, l’Ukraine a déjà déploré près de 100 000 morts et blessés sur le champ de bataille depuis le début de la guerre. Un nombre qui est certainement en deçà de la réalité des faits. En outre, l’Ukraine, pour ne pas perdre la face, devra faire semblant de négocier en position de force face à une Russie, qui ne semble pas avoir dit son dernier mot. En effet, non seulement les Russes sont en train de renforcer leurs positions dans le Donbass, mais il y a de fortes chances qu’ils repartent à l’assaut de Kherson — qu’ils considèrent comme faisant désormais partie du territoire russe—, quitte à foncer jusqu’à Odessa. De quoi effrayer les stratégistes américains. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que le président Vladimir Poutine a appelé à la mobilisation partielle de 300 000 réservistes. L’hiver promet d’être chaud en Ukraine. Et au Pentagone, on en est conscient. Raison pour laquelle on fait tout pour ramener les parties à la table des négociations avant qu’il ne soit trop tard pour l’Ukraine… Par Patrick Mbeko

Les gagnants et les perdants de la guerre en Ukraine

Les gagnants et les perdants de la guerre en Ukraine

ANALYSE. S’il est encore trop tôt pour le dire, une chose semble certaine en tout cas : le projet occidental (américano-européen) de provoquer l’effondrement de la Fédération de Russie a totalement échoué. L’un des enseignements majeurs que l’on peut d’ores et déjà tirer de ce conflit est que l’Occident a surestimé sa puissance et son influence face à une Russie, dont l’économie et l’influence ont souvent été sous-estimées par certains experts et économistes occidentaux. En effet, le conflit en Ukraine a étalé au grand jour la force de l’économie russe, sa résilience face aux sanctions massives imposées par un Occident, de plus en plus incapable de supporter les conséquences de ses propres actions. Il y a quelques jours, la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a déclaré que le meilleur moyen de répondre aux difficultés de l’économie mondiale est de mettre fin à la guerre en Ukraine. Autrement dit, la Russie est véritablement une grande puissance et toute poursuite de la guerre contre elle par Ukraine interposée continuera à avoir de graves répercussions sur l’économie mondiale, avec un risque non négligeable pour l’hégémonie politique et économique occidentale, qui est déjà bien secouée par les évènements des derniers mois. Ce n’est donc pas un hasard si tout le monde commence à parler de négociations de paix avec la Russie aux États-Unis et en Europe. Je suis persuadé que les Américains et les Russes ont déjà entamé des négociations secrètes à un très haut niveau pour régler la question. Les perdants dans l’histoire : l’Ukraine, qui est totalement démilitarisée et a perdu une partie de son territoire, et l’Europe, assujettie plus que jamais aux intérêts américains. Les gagnants : la Russie, qui va certainement obtenir des garanties de sécurité des États-Unis, en plus d’avoir mis la main sur une partie de l’«Ukraine utile »; et les États-Unis, qui ont réussi à couper l’Europe (et particulièrement l’Allemagne) de la Russie, en plus d’assujettir l’Union européenne aux humeurs des intérêts états-uniens. Par Patrick Mbeko

Comment les États-Unis et les médias occidentaux ont écrit le récit de la guerre en Ukraine

Comment les États-Unis et les médias occidentaux ont écrit le récit de la guerre en Ukraine

TRIBUNE. Le 24 février 2022, les forces russes pénètrent en Ukraine. Dans les jours qui suivent, elles désarticulent sérieusement l’armée ukrainienne et avancent jusqu’aux portes de la capitale, Kiev. Selon des sources des services de renseignement français cités par Europe 1, l’armée ukrainienne est si désorganisée qu’elle ne peut résister face à la poussée d’une armée russe conduite, selon les experts français, par des « chefs militaires russes extrêmement méthodiques ». Le sans-faute russe est si déconcertant que les renseignements français sont persuadés que Kiev tombera dans la première semaine de la guerre. Mais seulement voilà : la Russie entretient le flou sur ses réelles ambitions en Ukraine, en dehors des propos tenus par le président Vladimir Poutine sur le désarmement et la dénazification du pays. Les troupes russes sont stationnées à 60 km de Kiev et personne ne comprend ce qu’elles veulent vraiment. Profitant de ce flottement, le Pentagone lance la rumeur qui deviendra l’élément essentiel de la rhétorique occidentale : les Russes subissent des pertes énormes et sont désorganisés non pas par l’armée, mais bien par la « résistance ukrainienne ». Cette assertion, qui est en total déphasage avec le constat fait par les services de renseignement français qu’on entendra plus d’ailleurs (le chef de la Direction du renseignement militaire va même être démis de ses fonctions par Emmanuel Macron), va devenir l’élément de langage central de la propagande médiatique occidentale sur la guerre en Ukraine. Tous les médias et leurs « experts-maison » reprendront en chœur la doxa selon laquelle la stratégie de la Russie en Ukraine a échoué. On insistera désormais sur les prétendues défaillances de l’armée russe, que l’on cherchera constamment à ridiculiser sur les plateaux de télé. On insistera également sur le nombre de soldats russes tués sur le champ de bataille — même si personne ne les a vraiment vus—, tout en occultant la réalité des pertes subies par l’Ukraine. Pour la petite histoire : entre 50 et 100 soldats ukrainiens perdent la vie sur la ligne de front dans l’est de l’Ukraine, a affirmé Volodymyr Zelensky en début de semaine. Fermons la parenthèse et continuons avec la stratégie de propagande des médias occidentaux. On répétera que l’armée russe avance difficilement, tout en se gardant d’expliquer que cela est dû, entre autres, au fait que les Ukrainiens et les Russes sont avant tout des peuples frères, que ce conflit est mal vécu par une grande partie de ces populations. On ne manquera pas non plus d’insister sur le fait que « l’armée russe cible délibérément les civils », histoire de la diaboliser et de la déshumaniser. On répercutera les points de vue des autorités ukrainiennes comme s’il s’agissait d’informations fiables ne méritant aucune remise en question. Bref, on fera la propagande pour le compte non pas de l’Ukraine, mais du régime de Kiev instrumentalisé de et par l’étranger… Parallèlement à cette redoutable propagande ou guerre de l’information (c’est selon), les médias occidentaux vont travailler l’image de Volodymyr Oleksandrovytch Zelensky. De comique, on le fera passer pour un grand chef de guerre. On n’hésitera pas à le comparer à Churchill, voire à Charles de Gaulle. Mieux, l’ancien comique devenu président fera même la Une des magazines people et apparaîtra même dans certains évènements mondains. C’est dire… En vérité, la couverture médiatique pro-Ukraine de la guerre a été et continue d’être l’autre visage de la guerre que les États-Unis et leurs valets européens livrent à la Russie par Ukraine interposée. Cela ne veut pas dire qu’il n’y pas de « résistance ukrainienne » et de morts russes. Non. Ça ne veut pas non plus dire que tout ce que dit l’Occident est faux. En fait, on prend des arrangements avec les faits, on distille de petites vérités qu’on enrobe d’une masse de mensonges pour des raisons géopolitiques et stratégiques. Dans ce contexte, on occulte les causes profondes (géopolitiques) de l’intervention russe en Ukraine; on ne fait pas de distinction entre les principes de guerre et les principes opérationnels de l’armée russe en Ukraine; on ergote sur l’intimité de la pensée militaire et doctrinale de la Fédération de Russie pour conforter les préjugés, la mauvaise foi et pourquoi pas l’ignorance de certains prétendus « experts » . Tenez. Tout en déclarant ne pas connaître les véritables intentions de Poutine en Ukraine, les médias occidentaux et leurs « experts-maison » n’ont pas hésité à affirmer que la Russie a échoué à prendre Kiev grâce à la résistance du peuple ukrainien. Or il n’y a jamais eu de combats à Kiev et les Russes se sont retirés de leur propre chef. Idem à Kharkiv et dans d’autres villes de l’Ukraine où les opérations militaires ont été ponctuelles. On peut avoir une compréhension différente des niveaux stratégique, tactique et opératif d’une armée étrangère (en l’occurrence celle de la Fédération de Russie). Mais de là à débiter des énormités, il y a de quoi s’interroger sur le sérieux de tous ces gens (experts et militaires) qui défilent sur les plateaux de télé pour parler du conflit ukrainien. Heureusement qu’on ne voit pas beaucoup ça au Canada… De désinformation à la propagande en passant par la « guerre de l’information », les médias et le complexe militaro-intellectuel de l’Occident n’ont pas lésiné sur les moyens et les mensonges. Joseph Goebbels en serait franchement jaloux. À ce jour, Marioupol est l’illustration la plus saisissante de la stratégie de propagande occidentale sur la crise ukrainienne. En analysant les données provenant de différentes sources ouvertes (ukrainiennes, occidentales et russes), on constate que la ville était quasiment sous contrôle des forces russes et alliées dès le début du mois d’avril. Pourtant, les médias occidentaux et leurs experts ont fait comme si de rien n’était, relayant la propagande des autorités ukrainiennes qui parlaient de « pertes infligées à l’occupant ». Même lorsque les combattants ukrainiens en débandade se sont retranchés dans l’usine d’Azovstal, appelant l’Occident et la communauté internationale à l’aide, avec l’énergie du désespoir, les mêmes médias ont continué de parler de «résistance» voire

Les prix de l’énergie et de l’alimentation devraient rester élevés jusqu’à la fin de 2024

Les prix de l’énergie et de l’alimentation devraient rester élevés jusqu’à la fin de 2024

Les tensions sur les prix de l’énergie et de l’alimentation dues à la guerre en Ukraine pourraient durer plusieurs années, prévient la Banque mondiale dans la dernière édition de son rapport « Commodity Markets Outlook ». Dans ce document, publié mardi 26 avril, l’institution financière internationale estime que  les prix vont se maintenir à des niveaux historiquement élevés jusqu’à la fin de 2024. Les prix de l’énergie vont probablement grimper de plus de 50% en 2022 avant de baisser en 2023 et 2024, indique la Banque mondiale expliquant que la guerre en Ukraine a provoqué un choc majeur sur les marchés des produits de base et modifié la physionomie des échanges, de la production et de la consommation dans le monde. S’agissant des biens non énergétiques, notamment les produits agricoles et les métaux, l’institution spécialisée des Nations unies estime qu’ils devraient augmenter de près de 20% en 2022, puis diminuer également au cours des années suivantes. L’organisation internationale relève en revanche que « les prix des produits de base devraient rester bien supérieurs à la moyenne des cinq dernières années et, en cas de guerre prolongée ou de nouvelles sanctions contre la Russie, ils pourraient devenir encore plus élevés et plus volatils que ce qui est actuellement prévu ». Parallèlement, et en raison des perturbations du commerce et de la production consécutives à la guerre, le cours du pétrole brut (Brent) devrait de son côté atteindre une moyenne de 100 dollars le baril en 2022, soulignent les auteurs dudit rapport précisant qu’il correspondra dans ce cas à son plus haut niveau depuis 2013 et à une augmentation de plus de 40% par rapport à 2021. Dans son rapport, la Banque mondiale assure toutefois qu’« il devrait baisser à 92 dollars en 2023, ce qui sera bien au-dessus de la moyenne sur cinq ans de 60 dollars le baril ». Selon les prévisions de l’institution de Bretton Woods, l’analyse de la situation tend à montrer que « les cours du gaz naturel (européen) devraient être deux fois plus élevés en 2022 qu’en 2021, tandis que les prix du charbon devraient être 80% plus élevés, soit des sommets historiques dans les deux cas ». Il est à noter que les cours du blé devraient au cours de cette même période  augmenter de plus de 40% et atteindre un niveau record en valeur nominale cette année. Ainsi que le craint la Banque mondiale, une telle hausse « pénalisera les économies en développement qui dépendent des importations de blé, notamment en provenance de Russie et d’Ukraine ». Quant aux prix des métaux, ils devraient de leur côté progresser de 16% en 2022 avant de s’atténuer en 2023, mais en se maintenant à des niveaux élevés, explique l’institution. Comme le craignaient bon nombre d’économistes et de conjoncturistes, tout porte à croire que la hausse des prix de l’énergie au cours des deux dernières années a été la plus importante depuis la crise pétrolière de 1973. Aussi, selon les analystes de la Banque mondiale, celle des matières premières alimentaires – dont la Russie et l’Ukraine sont de grands producteurs – et des engrais, dont la production dépend du gaz naturel, n’a jamais été aussi forte depuis 2008. Pour Indermit Gill, vice-président de la Banque mondiale pour le pôle Croissance équitable, finances et institutions, il ne fait aucun doute que « globalement, il s’agit du plus grand choc sur les produits de base que nous ayons connu depuis les années 70 ». Cité dans un communiqué de l’institution financière, ce dernier fait un constat : «Comme c’était le cas à l’époque, ce choc est aggravé par une recrudescence des restrictions au commerce des denrées alimentaires, du carburant et des engrais ». Parce que ces phénomènes ont commencé à faire planer le spectre de la stagflation, Indermit Gill estime que « les décideurs politiques devraient saisir toutes les occasions de stimuler la croissance économique au niveau national et éviter toute action néfaste pour l’économie mondiale. » Car, comme le craint Ayhan Kose, directeur de la division Perspectives de la Banque mondiale, qui produit le rapport, « la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie a un coût humain et économique considérable et risque de freiner les progrès en matière de réduction de la pauvreté ». Il y a vraiment de quoi s’inquiéter d’autant plus que « cette augmentation des prix des matières premières exacerbe les pressions inflationnistes déjà élevées partout dans le monde », rappelle-t-il. Les marchés des produits de base étant soumis à une pression énorme, « cela aura des répercussions durables », indique pour sa part John Baffes, économiste senior au sein de la division Perspectives de la Banque mondiale. Selon lui, « la forte hausse des prix des intrants tels que l’énergie et les engrais pourrait provoquer une baisse de la production alimentaire, notamment dans les économies en développement. L’utilisation réduite d’intrants pèsera sur la production et la qualité des aliments, ce qui affectera les disponibilités alimentaires, les revenus des populations rurales et les moyens de subsistance des pauvres. » Alain Bouithy

La FAO plaide pour la création d’un mécanisme de financement des importations alimentaires

La FAO plaide pour la création d’un mécanisme de financement des importations alimentaires

Face à l’envolée des prix alimentaires résultant de la guerre en Ukraine, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a décidé de prendre le taureau par les cornes. L’agence onusienne a, en effet, appelé récemment à la création d’un mécanisme de financement des importations alimentaires (FIFF) en vue d’aider les pays les plus pauvres à faire face à l’envolée des prix et d’accroître la production et la productivité agricoles mondiales de manière durable. «Alors que la pandémie de Covid-19 mettait déjà à mal les budgets, le conflit en Europe de l’Est a fait grimper l’indice des prix des produits alimentaires de la FAO à un niveau jamais atteint, frappant le plus durement les personnes vulnérables», a constaté la FAO relevant que la hausse des prix des engrais compromet les récoltes futures à l’échelle mondiale. Plus grave encore, les projections de la FAO tendent à montrer que «le conflit pourrait ajouter 13,1 millions de personnes supplémentaires au nombre de celles qui souffrent de la faim entre 2022 et 2026, par rapport au scénario de référence », poursuit la FAO. Pour bien comprendre la préoccupation de l’agence des Nations unies, il est important de rappeler que la Russie et l’Ukraine sont des acteurs importants du marché mondial de l’alimentation. Ces deux pays représentent au moins 30% des importations de blé de près de 50 pays. Et ce n’est pas tout. Comme l’a relevé la FAO dans un communiqué, la Russie compte également parmi les grands exportateurs d’engrais. A titre de rappel, en 2020, le «pays s’est classé au premier rang des exportateurs d’engrais azotés, au deuxième rang des fournisseurs de potassium et au troisième rang des exportateurs d’engrais phosphoreux», a fait savoir l’agence des Nations unies ajoutant que les prix de l’énergie ont également augmenté, principalement en raison des conditions du marché. D’où l’urgence de mettre en place un tel mécanisme dont les interventions seraient strictement fonction des besoins urgents et limitées aux pays à revenu faible et aux pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure qui sont des importateurs nets de produits alimentaires, selon les précisions du directeur général de la FAO, Qu Dongyu. Objet de l’une des six propositions de politique générale rassemblées par la FAO en riposte à la crise, le FIFF est conçu pour accroître la résilience future en demandant aux pays éligibles de s’engager à investir davantage dans des systèmes agroalimentaires durables, a-t-il expliqué dans un message vidéo adressé à une réunion de ministres des Finances et de gouverneurs des banques centrales organisée par le Groupe des 20 à Washington. Dans son message, le DG de la FAO a précisé que ce mécanisme, qui se veut complémentaire de ceux qui existent déjà au sein du système des Nations unies, avait fait l’objet d’essais de mesure de son incidence sur les marchés mondiaux qui s’étaient avérés concluants. Selon Qu Dongyu, le mécanisme qu’il appelle de ses vœux à mettre en place serait facile à administrer et à transposer à plus grande échelle. «Il est grand temps d’œuvrer ensemble à l’éradication de la faim et de la malnutrition dans le monde», a lancé le patron de cette institution internationale créée en 1945 dans l’objectif suprême d’«aider à construire un monde libéré de la faim». Qu Dongyu a, enfin, assuré que les essais de mesure de l’incidence de ce mécanisme amenaient à la conclusion suivante : «Nous devons augmenter la production et la productivité agricoles dans le monde, sans négliger la durabilité». Alain Bouithy

L’OMC revoit à la baisse ses projections sur le commerce mondial de marchandises

L’OMC revoit à la baisse ses projections sur le commerce mondial de marchandises

L’Organisation mondiale du commerce (OMC) a revu à la baisse ses prévisions sur le commerce des marchandises mondial, en raison de l’incertitude concernant l’évolution du conflit en Ukraine. Ainsi, selon les derniers chiffres publiés par l’organisme international, le volume du commerce des marchandises mondial devrait croître de 3% en 2022 contre 4,7% auparavant. Il devrait se situer autour de 3,4% en 2023, ajoute l’OMC précisant cependant que ces chiffres pourraient être revus en raison du conflit entre la Russie et l’Ukraine qui met en péril la reprise fragile du commerce mondial. Comme s’y attendaient de nombreux observateurs et économistes à l’échelle internationale, l’impact économique le plus immédiat de la crise a été une forte hausse des prix des produits de base. Il faut dire qu’en dépit de «leurs faibles parts dans le commerce et la production au niveau mondial, la Russie et l’Ukraine sont des fournisseurs majeurs de produits essentiels, y compris les produits alimentaires, l’énergie et les engrais, dont l’approvisionnement est maintenant menacé par la guerre», a fait savoir l’organisation. Rappelons à ce propos que «les expéditions de céréales via les ports de la mer Noire ont déjà été stoppées, ce qui pourrait avoir des conséquences désastreuses sur la sécurité alimentaire dans les pays pauvres», selon l’OMC. Mais pour l’organisation, la guerre n’est pas le seul facteur qui pèse sur le commerce mondial actuellement. Explications : «Les confinements en Chine, destinés à empêcher la propagation de la Covid-19, perturbent de nouveau le commerce maritime, à un moment où les pressions dans les chaînes d’approvisionnement semblaient s’atténuer». Les économistes de l’OMC craignent que cela conduise à de nouvelles pénuries d’intrants manufacturiers et à une inflation plus élevée. En plus  d’engendrer d’immenses souffrances humaines, la guerre en Ukraine a également endommagé l’économie mondiale à un moment critique, a déploré la directrice générale de l’OMC, Ngozi Okonjo-Iweala. «Son impact se fera sentir dans le monde entier, en particulier dans les pays à faible revenu, où les produits alimentaires représentent une large proportion des dépenses des ménages”, selon elle. C’est dire qu’«une offre plus faible et des prix plus élevés pour les produits alimentaires pourraient signifier que les populations pauvres du monde soient contraintes de faire sans». Il se trouve que dans une crise comme celle que l’on vit actuellement, «plus de commerce est nécessaire pour garantir un accès stable et équitable aux produits de première nécessité», a-t-elle soutenu. Il ne fait ainsi pas de doute qu’une restriction des échanges «mettra en péril le bien-être des familles et la prospérité des entreprises et rendra plus ardue la tâche qui consiste à instaurer une reprise économique durable après la Covid‑19», a conclu la DG de l’OMC. Avant d’exhorter  les gouvernements et les organisations multilatérales à travailler ensemble pour faciliter les échanges à un moment où de fortes pressions inflationnistes sur les approvisionnements en produits essentiels augmentaient les pressions sur les chaînes d’approvisionnement. Bien qu’il existe peu de données solides sur l’impact économique du conflit, les simulations des économistes de l’organisation font ressortir plusieurs scénarios. Selon ces derniers, le PIB mondial aux taux de change du marché devrait augmenter de 2,8% en 2022, soit une baisse de 1,3 point de pourcentage par rapport aux prévisions précédentes, à savoir 4,1%. Selon l’OMC, «la croissance devrait atteindre 3,2% en 2023, soit un niveau proche du taux moyen de 3% entre 2010 et 2019. La production dans la région de la CEI – qui exclut l’Ukraine – devrait connaître une forte baisse, de 7,9%, ce qui devrait entraîner une contraction des importations de la région de 12%». A titre de rappel, le volume du commerce des marchandises a connu une augmentation de 9,8% au titre de l’année 2021. «La valeur en dollars EU de celui-ci a augmenté de 26%, représentant 22.400 milliards de dollars EU. La valeur du commerce des services commerciaux a également augmenté de 15% en 2021 pour atteindre 5.700 milliards de dollars EU», selon l’OMC. Quant au commerce des services, l’Organisation mondiale du commerce prévient qu’«il sera également affecté par le conflit en Ukraine, y compris dans le secteur des transports, qui comprend le transport de conteneurs et le transport de passagers par voie aérienne». Alain Bouithy

Vers un échange de prisonniers entre Moscou et Kiev incluant Viktor Medvedtchouk ?

Vers un échange de prisonniers entre Moscou et Kiev incluant Viktor Medvedtchouk ?

La télévision publique russe a diffusé les images de deux combattants britanniques capturés en Ukraine. Ils demandent à Boris Johnson de négocier leur libération contre celle de l’opposant politique ukrainien Viktor Medvedtchouk, détenu à Kiev. Comme le rapporte l’AFP, la télévision publique russe, a diffusé le 18 avril des images montrant deux ressortissants britanniques, Shaun Pinner et Aiden Aslin, capturés après avoir pris part aux combats en Ukraine. Dans cet extrait, les deux Britanniques lancent un appel à Boris Johnson, lui demandant de négocier leur libération contre celle de l’opposant politique ukrainien Viktor Medvedtchouk, détenu à Kiev.  Le lieu de leur détention n’est pas précisé. Selon le média public russe, les deux hommes ont été capturés à Marioupol. Ils appartiendraient à une unité des forces ukrainiennes qui s’est rendue la semaine dernière aux forces russes. Le même jour, les autorités ukrainiennes ont publié une vidéo non datée de Viktor Medvedtchouk, le chef du parti ukrainien Plateforme d’opposition-Pour la vie. L’opposant politique a été arrêté le 12 avril par le Service de sécurité d’Ukraine (SBU). Dans la vidéo, le député, qui est habillé de noir, lance un appel au président russe et à son homologue ukrainien : «Je veux m’adresser au président russe Vladimir Poutine et au président ukrainien Volodymyr Zelensky en leur demandant de m’échanger avec la partie ukrainienne contre des défenseurs de Marioupol et ses habitants.» Zelensky se dit prêt à négocier un échange, le Kremlin reste dubitatif Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait fait savoir le 13 avril qu’il était prêt à échanger Viktor Medvedtchouk contre des prisonniers de guerre ukrainiens. «Je propose à la Fédération de Russie d’échanger [Medvedtchouk] contre nos compatriotes qui sont en captivité en Russie», a-t-il déclaré dans une allocution vidéo. Une proposition qui a surpris du côté du Kremlin, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov rappelant le même jour que Viktor Medvedtchouk n’est pas un citoyen russe : «C’est un homme politique étranger. Nous ne savons pas du tout s’il souhaite lui-même que la Russie soit impliquée dans la résolution de cette situation [infamante] pour lui», avait-il déclaré lors d’une conférence de presse téléphonique… Lire la suite sur RT France

Sanctions contre la Russie : Le compte à rebours pour une capitulation de l’Occident a commencé

Sanctions contre la Russie : Le compte à rebours pour une capitulation de l’Occident a commencé

TRIBUNE. La vérité est têtue. Ceux qui nous avait accusé de fanatisme quand nous disions que les sanctions contre la Russie auront l’effet d’un boomerang contre l’Occident sont aujourd’hui rattrapés par des faits dans leur naïveté sur fond de russophobie. En effet, l’Europe n’est pas du tout à mesure de se passer pendant longtemps des approvisionnements en gaz, pétrole, charbon et blé de la Russie, ce qui va l’amener à s’exposer maintenant à des contre-sanctions russes qui vont l’obliger à capituler dans l’actuel bras de fer auquel il vient de s’engager contre cet exceptionnel stratège qu’est Vladimir Poutine. En effet, ne perdons pas de vue que Poutine se réserve le droit de fermer ses vannes alimentant l’Europe en gaz et pétrole en vue de faire s’envoler à des proportions géométriques les cours mondiaux de ces deux denrées très stratégiques et tirer l’Europe par le nez avec la complicité de l’Iran, de l’Arabie Saoudite, de la Chine et de l’Inde qui sont tous de son côté et qui contrôlent le marché mondial des matières premières plus que les États-Unis et l’Europe. Comme quoi, le volet économique de ce pire pour l’Occident qu’avait récemment prédit Emmanuel Macron commence à se réaliser. Qui avait dit que la décadence d’un establishment occidental raciste, immoral et mercantiliste n’était pas imminente? Bonne réflexion. A suivre !!! Par Faustin Bosenge