RDC. Félix Tshisekedi esseulé et sur les traces du Maréchal Mobutu ?

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Le Pape François et le Président congolais Félix Tshisekedi.

TRIBUNE. La semaine qui vient de s’achever a certainement été particulièrement difficile pour Félix Tshisekedi. Dépassé par la guerre d’agression que mène le Rwanda contre la RD Congo par M23 interposé, il a dû composer avec un Pape François déterminé à dire ses quatre vérités aussi bien à la communauté internationale qu’au pouvoir congolais et aux pays de la région qui contribuent à l’affaiblissement du Congo.

S’encombrant à peine de circonlocutions diplomatiques, le grand patron de l’Église catholique, droit dans ses bottes, a en effet dit tout le mal qu’il pense de la gestion du pouvoir en RDC : corruption, tribalisme, clientélisme, velléités de fraude aux prochaines élections, etc., tout y est passé. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le souverain pontife a été particulièrement « offensif » durant son séjour congolais, plaçant Félix Tshisekedi, son régime et son clan dans une position délicate.

Au niveau du pouvoir congolais, a-t-on tiré les leçons du passage du Pape François en RDC ? a-t-on mené des réflexions de nature stratégique à ce propos ?

On peut en douter au regard des polémiques qu’on a pu observer ici et là et des attaques lancées par les militants et autres extrémistes de l’UDPS et de la Thilombistan à l’endroit du Cardinal Ambongo et de l’Église catholique.

En fait, Félix Tshisekedi et les membres de son clan n’ont certainement pas pris la mesure des propos tenus par le Pape François. Ils n’ont certainement pas réalisé que le Pape a dit tout haut ce qui se raconte à bas bruit dans la plupart des chancelleries présentes en RDC. Ils ne comprennent certainement pas que le régime est très discrédité aux yeux des partenaires étrangers.

On ne s’en rend certainement pas compte à Kinshasa, mais Félix Tshisekedi est un homme de plus en plus esseulé. Recroquevillé sur son ethnie et son clan pour diriger la RDC, il compte sur la corruption pour s’imposer et s’éterniser au pouvoir au-delà de 2023. Ce qui est loin d’être évident. Les évènements des dernières semaines suggèrent que l’homme devrait plutôt lire les signes des temps avec beaucoup d’attention. Les fissures au sein du régime, les luttes de positionnement au sommet, l’occupation rwandaise d’une partie du territoire national et la crise humanitaire qui la caractérise, la grave crise socio-économique qui frappe tout le pays, la montée à bas bruit d’un sentiment anti-Luba dans certains coins de la République, la frustration populaire, etc. sont autant de signes qui ne présagent rien de bon pour l’avenir du pays et surtout du régime.

Félix Tshisekedi doit se méfier de tous ces gens qui lui font croire tout et n’importe quoi. On ne le dira jamais assez : un vrai chef doit s’entourer des gens qui lui disent des vérités qu’il n’a pas nécessairement envie d’entendre. Tshilombo est en train de commettre la même erreur que le Maréchal Mobutu à la fin de son règne : se fier aux propos des membres du clan et des flatteurs.

Oui, cela a été l’une des plus grandes erreurs du Maréchal Mobutu. Lui qui, au tout début de son pouvoir et pendant une bonne partie de son règne, avait pris l’habitude de s’entourer des gens qui n’hésitaient pas à lui dire des vérités qui fâchent. En effet, contrairement à ce que certains ignorants racontent, la conduite des affaires de l’État durant une bonne partie de la seconde République était caractérisée par des débats houleux au sommet, à un point tel qu’il est même arrivé que le Maréchal soit mis en minorité. Tous ceux qui ont véritablement connu cette époque le disent : les collaborateurs du Maréchal Mobutu avaient une grande liberté de pensée, d’opinion, d’expression et de ton durant les discussions portant sur la conduite des affaires de l’État. C’est d’ailleurs cela qui a fait la force du régime.

Or Félix Tshisekedi n’a jamais fait l’effort de bien s’entourer. Comptant sur des potes et des membres du clan au pédigrée plus que discutable pour diriger la RDC, il a contribué, sans peut-être le réaliser, à fragiliser son propre pouvoir. À moins d’un virage à 360 degrés, je ne vois pas comment il va se tirer d’affaire sans laisser des plumes.

De tous les dirigeants que la RD Congo a connus depuis Patrice Lumumba, Félix Tshisekedi semble être le moins autocratique de la bande. Pourtant, il est celui qui risque de connaître la fin la plus tragique de tous.

Pressentiment d’un observateur avisé au regard de la situation socio-politique du Congo et de l’histoire….

À bon entendeur

Je bois mon lait nsambarisé

Par Patrick Mbeko

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