DISPARITION. En devenant adulte, SAINT-GERMAIN DES PRES était quasiment désert. En dehors de quelques librairies et jazz clubs, il ne restait plus grand chose. Mais c’est grâce à ce peu que nous nous sommes élevés parce que c’était le plus important vivier culturel hexagonal.
BORIS VIAN en était la figure emblématique. Je n’ai pas eu la chance de le connaître, il n’était plus de ce monde quand je suis né.
Trompettiste, compositeur, parolier, écrivain, critique musical, ingénieur, BORIS VIAN est le modèle de l’ERUDIT qui nourrit mes aspirations. Il était le TRAIT-D’UNION entre le QUARTIER LATIN et HARLEM. Beaucoup de scribes et d’artistes AFRO-AMERICAINS qui fuyaient (temporairement pour certains) leur pays à cause de la ségrégation raciale trouvaient refuge dans l’hexagone.
Les SYDNEY BECHET, JOSEPHINE BAKER, RICHARD WRIGHT, JAMES BALDWIN, BUD POWELL, KENNY CLARKE s’y étaient établis durablement, BORIS VIAN avait écrit de bons papiers sur leurs activités et leur vie. Cette génération avait déjà fait le lit sur lequel nous sommes venus nous coucher deux décennies plus tard.
Nos devanciers, malgré leurs difficultés, s’étaient établis dans les plus beaux quartiers parisiens parce qu’ils refusaient de s’accommoder de la MEDIOCRITE. Ils étaient l’incarnation de l’EXCELLENCE. Sans BORIS VIAN, ce passé lumineux nous aurait probablement échappé. Il s’est éteint à 39 ans, un âge où l’on affûte encore ses armes intellectuelles.
MATONDO pour son œuvre.
Par Nysymb Lascony