
Des insensés ont tué Dolisie, notre chère et belle cité de l’Or Vert,
Elles y déversent des tonnes de haine et de vilenies, ces engeances en quête de suprématie ténébreuse,
Ils divisent, écrasent, malmènent,
puis se postent en victimes, quel sarcasme!
Cette simagrée a beaucoup trop duré, des pleurs n’ont que trop monté, des voix élevées, hélas! ils poursuivent leurs manœuvres funestes, jamais sans se lasser, ni s’inquiéter.
Outrés face à l’indifférence, que nous-reste-t-il? Si ce n’est que nos gorgées saccadées.
Ils ont noyé l’innocence de Dolisie dans la rivière de leur boulimie incurable, notre chère Dolisie, la terre qui nous a vu naître, celle qui a initié nos premiers pas, enlacé nos regards couleurs ocre, essence nature.
Le lien entre la poussière rouge et le tee-shirt blanc, à des termes différents est une histoire d’amour secret, faite d’ires et d’ironies. C’est l’étranger qui en détient le récit grumeux, surtout en ces temps orageux, où se lâcher sur ces voies bourbeuses de Pinaret et en revenir ses deux sandales portées en mains: tout un exploit!
Tellement l’évènement qui irrite le passager, arrache des fous rires aux tenants du bal des légendaires, les caciques des pieds jaunâtres toutes saisons, sise rue Ibouanga Gabriel au quartier Balumbu, ou sur la rue Makoko à Gaïa, cap vers l’avenue Félix Eboué au contre-rails, par le quartier Mboukou,
ou encore au point culminant du grand marché, carrefour de tous les chercheurs de la vie, à l’instar de ceux de la gare routière à Tsila-Kinguébé, loin de la place des crâneurs de Mont-Fleury côté Saint-Paul, mythique lieu de rencontres, beaucoup plus que celui réservé au culte, qui donne sur l’artère flamboyante en direction de la route du Gabon, autrement connue sous l’appellation de « nzile Ngabou »….proche des quatre points cardinaux, coin pivot de tous les repères du département du Niari, où certains l’y ont conquis en 4.(1/4)dino: tout un codage binaire à la manière made in Dol-city.
Notre terre autrefois terre de vie, de paix, où le luxe s’y faisait rare certes, mais où il faisait bon vivre.
Autrefois, on mangeait, on pleurait ensemble, on n’y trouvait pas d’or, mais on y vivait de solidarité, d’allégresse et sans préjugés. Aucun courant ne s’y prévalait dominant les uns ou les autres, d’ailleurs on était tous les enfants de Dolisie et fiers.
Il fut aussi cette époque où, la distanciation sociale était mentalement bannie. Était tante ou oncle, ce voisin ou cette voisine qui contribuait dans la construction de l’éducation de chaque enfant du quartier. On savait à peine d’où venait tel ou tel autre, ne fût ce que les suppositions à partir des mets qu’il cherissait ou servirait à l’ensemble du voisinage, et que l’on partageait comme un rituel, en famille, souvent les week-ends. Loin d’être un danger, on s’enrichissait mutuellement des mosaïques ethnoculturelles.
Ainsi, la tante Alice, en dehors du fait qu’elle chantait toute la semaine un seul refrain (« iyélélé nzémbi boubouè ôôô ») était de Mayoko à partir de son plat de feuilles de manioc mélangées au maïs frais. Tonton Jean-Jacques était affecté à Kimongo car il redemandait le plat de bitôtô avec du piment asséché, puis concluait son plat avec une bonne poudre de tabac local qu’il inspirait vigoureusement par ses narines avant de visser son poste radio à l’oreille. Tandis que tonton Nestor dégageait des tendances mitigées, partagées entre Divenié-Nyanga et le Gabon, par son indiscrétion et son penchant pour le mbouata aux arachides grillés. Une légende lui prêtait même le soupçon d’en consommer avec des noix de palme concassées (a.k.a ba kandi) que l’on voulait durcies par les saisons. Pendant ce temps, tonton Charles lui, était localisé à Kibangou, car, un peu sournois, il consommait aussi le mbouata, mais avec du sel et le moukand’kionfon (la peau du buffle selon la légende). Et tonton Mbiki-Mbiki était forcément de Londelakaye, à part qu’il était bavard, il affectionnait particulièrement les tubercules de manioc bouillis et trempés à l’eau depuis des lustres. la légende faisait de lui un citoyen de la RDC, mais tout le monde s’en accommodait. C’est comme la légende qui voulait que tantine Marie-José était Gabonaise parce qu’elle parlait français avec un accent, en plus elle mangeait beaucoup de tarots pilés (en réalité elle était de Banda).
Une autre légende faisait de tantine Caroline,tantine Caro, une originaire de Mossendjo (Moscou pour les intimes) parce qu’en dépit du fait qu’elle aimait prier, ses petits frères aimaient la bagarre dans le quartier, et à chaque fois ils disaient « douma ndè, douma ndè ».
Bref, on y vivait de légende en légende. Mais jamais de querelles.
La vie y était belle et le ciel bienheureux.
Même pendant l’orage, la bonté des cœurs de nos mères solidifiait les rives de Loubomo, jamais on a craint un effondrement de nos valeurs.
Outrés nous sommes aujourd’hui d’assister impuissants à l’assassinat jubilatoire de notre ancrage par ces méchants personnages sans loi ni foi,
Non contents de diviser pour régner, ils veulent nous museler, mais que nous reste-t-il? si ce n’est que nos mots pour conter ces maux qui nous étranglent.
Ils ont créé des fractures interethniques, inféodé des serviteurs du peuple, ces derniers devenus irrévérencieux à la demande, champions du triomphalisme dans la déliquescence,
Quelle tristesse!
Mais quelle tristesse quand on ignore son devoir de serviteur pour se fourvoyer dans la subversion!
Quelle tristesse!
Mon Dieu!
Ils veulent engloutir cette petite villette si chère à nos yeux, pour des babioles ils l’ont terni, envoyant des gueux la vilipender, pour des desseins nébuleux,
Mais que nous reste-t-il ? Si ce n’est que la parole pour revendiquer notre droit d’aimer cette ville et la défendre,
La cité de l’Or Vert est notre cœur, là est notre vie, notre essence, notre maison,
mais que nous-reste-t-il si elle est vidée de son âme?
Doukaga Destinée Hermella -DDH
Le 15 janvier 2025