Un aréopage d’experts internationaux échange sur les statistiques environnementales

Statistiques, environnement et changements climatiques étaient au centre d’un atelier organisé durant la matinée de dimanche dernier par le Haut-commissaire au plan (HCP) à Marrakech, à l’occasion du 61ème Congrès mondial de statistiques qui réunit du 16 au 21 juillet quelque 2000 participants représentant plus d’une centaine de pays.

« Quelles approches statistiques pour la mesure de l’environnement et des effets des changements climatiques ? » C’est à cette question que devaient répondre les experts en statistique, les scientifiques ainsi que les représentants des institutions jouant un rôle fondamental dans les questions environnementales et les changements climatiques invités à ce grand rendez-vous mondial.
Le Haut commissaire au plan, Ahmed Lahlimi Alami, qui a insisté lors de la séance d’ouverture du congrès sur l’urgence d’un développement rapide de la statistique environnementale, a d’entrée de jeu assuré que le Maroc est un pays dont le leadership national est très engagé en faveur des questions liées à l’environnement.
Il a toutefois relevé que le problème des émissions de gaz à effet de serre demeurait assez abstrait pour le Marocain, expliquant que ce que la population voit dans l’environnement, c’est d’abord les services de base tels que l’eau et l’électricité.
« Les études du HCP ont montré que les Marocains sont sensibles à la qualité de l’eau, à l’assainissement et à la disponibilité de l’électricité à des coûts abordables », a-t-il souligné.
Abordant les grands problèmes auquel sont confrontés les organismes en charge de la statistique à travers le monde, il a relevé que ceux-ci ne peuvent connaître toutes les questions traitées que s’ils disposent de données qu’ils ne produisent pas.
« Toutes ces données viennent d’autres administrations, d’autres intervenants publics et privés et il faut qu’ils en disposent sous une forme qui puisse être exploitée statistiquement et sur le plan de la comptabilité », a-t-il relevé.
Pour sa part, le président de la COP22, Salaheddine Mezouar, a noté que « la statistique n’est pas uniquement de la technique, elle aide naturellement à l’observation, à la mesure mais essentiellement à la décision ».
L’ancien ministre des Affaires étrangères a estimé qu’on ne peut s’engager dans un projet d’envergure sans avoir de la visibilité, des outils d’analyse, et d’observation mais aussi de correction.
Les politiques publiques engagent des moyens et des ressources qui doivent avoir un impact sur l’humain, a-t-il estimé. Dans ce sens, «il est fondamental qu’on comprenne qu’au-delà de la technique et de la statistique, il y a une finalité qui est le citoyen, l’organisation de la cité, l’organisation du comportement humain, la formation et l’éducation pour un nouveau monde », a soutenu Salaheddine Mezouar, soulignant que la marche vers ce nouveau monde est en train de devenir une réalité.
« La mutation technologique est une réalité, le problème aujourd’hui qui reste c’est la capacité d’adaptation des décideurs publics et politiques, des acteurs, du mode d’organisation de la vie à ces évolutions et à ces technologies », a-t-il fait remarquer.
S’exprimant sur l’Afrique, le responsable de la COP22 a indiqué que « notre continent a des défis, mais il a également une chance absolument extraordinaire. Ce continent est en train de se faire, de se construire avec des défis majeurs qui touchent des populations, mais également des effets de réchauffement climatique qui sont absolument catastrophiques pour beaucoup d’entre elles ». Il a également rappelé que 60 millions de personnes vont se déplacer parce les conditions de vie deviennent insupportables et qu’en l’espace de 30 ans, Marrakech a perdu 30% de ses réserves en eau.
Il a ainsi estimé que la chance de l’Afrique, c’est de construire son nouveau modèle de développement en tirant bénéfice de ces mutations. « Elle ne doit pas commettre l’erreur de rester dans les modèles et les choix du passé, il faut s’inscrire dans l’avenir », a-t-il lancé.
Modérateur du panel, Abdelouahed Fikrat, secrétaire général de la présidence du gouvernement, a pour sa part rappelé que le changement climatique est en grande partie dû au comportement humain, que les territoires, populations et catégories sociales, bien qu’ils n’aient pas été les plus responsables de la pollution terrestre sont, paradoxalement, ceux qui en paient le plus lourd tribut et que le climat étant transfrontalier, aucun pays ne doit faire face, seul, aux effets du changement climatique.
Notons que des experts et représentants de plusieurs institutions internationales sont intervenus lors de cet atelier qui a éclairé les participants sur bien des aspects en rapport avec le thème du premier panel du HCP qui organise, cet après-midi, un deuxième atelier sur « La révolution des données au service des Objectif du développement durable ».

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