Commémoration du meurtre du Président togolais Olympio: la France « voulait sans doute sa mort »

Commémoration du meurtre du Président togolais Olympio: la France « voulait sans doute sa mort »

Le 13 janvier 1963, le premier Président togolais, Sylvanus Olympio, a été assassiné. Interrogés par Sputnik, des analystes africains reviennent sur les éventuels profiteurs du meurtre du dirigeant qui cherchait à débarrasser son pays de l’influence française. Des Américains ou des Français pourraient être derrière le meurtre du premier Président togolais, en raison de ses idées d’indépendance totale des peuples africains, ont estimé des spécialistes togolais et béninois dans une interview accordée à Sputnik. C’est à l’occasion de la commémoration du meurtre de Sylvanus Olympio, il y a 60 ans, jour pour jour, que l’on revient sur les circonstances de la tragédie, ainsi que sur ses potentiels bénéficiaires. Lutte pour l’indépendance totale Le chef de l’État togolais voyait son pays, devenu indépendant en 1960, comme « l’union de toutes les ethnies », a déclaré Ablawa Adjetey, analyste politique togolaise. « Il voulait aussi que toutes les ethnies s’entendent, se mettent d’accord pour désobéir et se soustraire à la condescendance et à la fausse indépendance que propose la France. Sylvanus Olympio allait réussir ainsi un modèle de démocratie sociale. Qui allait rabattre toutes les cartes, y compris en Occident », a-t-elle précisé. En plus de cela, le dirigeant togolais « œuvrait pour mettre en place des projets panafricains », prônant « une vraie émancipation des peuples africains », a souligné Bidossessi Katakenon, président de l’association « Planète des jeunes panafricanistes Bénin » (PjP). Potentiels commanditaires Ancienne puissance coloniale, la France, était ainsi intéressée à l’élimination d’un tel homme politique, poursuit-il. Elle « voulait sans doute sa mort politique et voir même sa mort physique à cause des idées qu’il défendait à savoir un partenariat gagnant-gagnant », a indiqué M. Katakenon. D’après lui, M.Olympio « a été éliminé pour préserver les intérêts de la France au Togo puisque, après son assassinat un Président pro-français a pris le pouvoir et a mis fin [à ses] projets souverainistes. Pour Ablawa Adjetey, la piste américaine est évidente. Selon elle, c’est le même commanditaire qui est responsable des divers meurtres dont celui du Président américain John Kennedy et du premier chef du gouvernement de la RDC, Patrice Lumumba: « C’est le même chacal de la CIA, du FBI qui ont éliminé donc Sylvanus Olympio. Il n’y a pas de débat là-dessus ». Pour rappel, il a été d’abord attaqué dans la soirée du 12 janvier 1963 devant son domicile par un commando de six hommes. Malheureusement, il n’a pas survécu à la seconde attaque survenue le lendemain matin devant l’ambassade des États-Unis à Lomé où il s’était réfugié. De son côté, l’analyste togolaise suggère également qu’il « a été conduit à l’ambassade de France par une délégation américaine parce que l’ambassadeur des États-Unis, après avoir parlé à l’ambassadeur de France, a trouvé un accord et a demandé qu’on amène Sylvanus Olympio pour négociation ». Enfin, « avant même que les discussions n’aient commencé, sa mort, était déjà annoncée dans les médias français », a-t-elle pointé. Documents cachés Certains historiens togolais estiment que des documents majeurs relatifs à l’assassinat sont absents des archives, volontairement dissimulés par la France. Y figurent par exemple, le rapport de l’autopsie de feu M.Olympio qui « n’a jamais été retrouvé dans les archives », a noté M. Katakenon. Selon lui, la France a promis de mener une enquête « dans le seul but de cacher les archives afin que personne ne découvre à jamais que l’assassin n’est rien d’autre que l’enquêteur ». Retrouvez cet article sur Sputniknews

Congo Brazzaville. Toujours à nos talons, la mort a arraché Mr Nimi Madingou

Congo Brazzaville. Toujours à nos talons, la mort a arraché Mr Nimi Madingou

DISPARITION. L’ancien Ministre de la Ville du Président Pascal Lissouba, au lendemain des présidentielles congolaises d’août 1992, Mr Dominique Nimi Madingou s’en est allé, le 24 septembre 2021, à l’hôpital Henri Mondor de Créteil, en région parisienne. La disparition du Ministre Dominique Nimi Madingou est une perte inestimable pour la nation congolaise. Elle crée, en notre sein, nous, ses Associés, un vide immense. Des Associés, dont est Nimi Madingou lui-même, qualifiés, comme tels, pour symboliser l’unité d’action des différents corps, toutes origines confondues, autour du Président Pascal Lissouba, en vue de la réussite de son mandat populaire. Passionné des questions pétrolières dont il avait la maîtrise, ce qui lui ouvre l’accès à la société nationale des hydrocarbures Hydro Congo, Mr Dominique Nimi Madingou croyait en la puissance du pétrole et du gaz qui dit il « sont indispensables à l’économie mondiale et constituent un secteur d’industries très porteur. » Malgré une volonté des pays modernes de recourir à des énergies plus vertes, Mr Dominique Nimi Madingou « affirmait que les hydrocarbures constituaient encore des ressources massivement demandées. » Dans ce domaine pétrolier, Mr Dominique Nimi Madingou cumulait des compétences. Tels le marketing, les méthodes de recherche, les enjeux contemporains du pétrole et du gaz. A Hydro Congo, de par ses fonctions, Mr Dominique Nimi Madingou avait le sens de l’adaptation qui lui permettait de se frotter avec des opérateurs du monde pétrolier mondial, la prudence qu’on lui reconnait aidant. Parvenu au gouvernement de la République, Mr Dominique Nimi Madingou, Ministre de la Ville, travaillait à des politiques publiques d’aménagement des territoires urbains, à la conservation environnementale, au logement social et au transport. Ouvert, de grande culture, rationnel et d’esprit mathématique, le Ministre Nimi Madingou allait, sans complexe, à la rencontre des Ministres dont les prérogatives avoisinaient les siennes, dans le cadre de la mise en oeuvre de son programme. Une qualité appréciée. Aimant manipuler l’ordinateur, Mr Dominique Nimi Madingou s’attachait à comprendre les phénomènes et résoudre des situations y afférentes. De même qu’il affectionnait persuader ses interlocuteurs pour les amener à sortir de leurs préjugés, en cas de besoin. Mis en mission par le Premier Ministre Jacques Joachim Yhombi Opango, le Ministre Dominique Nimi Madingou et moi, son collègue de la Justice que j’étais à l’époque, nous nous nous sommes rendus, en hélicoptère, sur le territoire du district de la ville secondaire de Mpouya, en bordure du fleuve Congo, aux fins de détruire les plantations du cannabis. Le cannabis, une fois bien sec, la plante s’effrite pour être consommée comme du tabac, avec les conséquences néfastes pour la santé des populations, telle l’altération des récepteurs des cellules du cerveau. Dans une pathétique séance de pédagogie, demeurée historique, le Ministre Dominique Nimi Madingou a présenté les effets dévastateurs du cannabis, en milieu scolaire et paysan. Exigeant des chefs des villages qu’il soit procédé à l’incendie des étendues couvertes de cette plante nocive et à leur reconversion en espaces de culture de manioc ou à d’autres plantes sans danger. Une véritable réussite saluée par le conseil des Ministres. D’autant plus qu’une délégation de vérification a confirmé l’exécution des consignes du Ministre Dominique Nimi Madingou. Homme politique, Mr Dominique Nimi Madingou l’a été également. Par fidélité pour le Président Pascal Lissouba, il participe à la création de l’UPADS. Deviendra membre de la direction de ce Parti jusqu’aux violences de juin 1997. Contribuera à la relance de l’UPADS au congrès extraordinaire de 2006. En sortira l’un des Vice-Présidents. Puis se retirera pour créer, avec d’autres compagnons du Président Pascal Lissouba, le Congrès Africain Pour le Progrès – CAP. Au moment où le Mr Dominique Nimi Madingou trouve la mort, il s’était placé dans une posture progressiste de rassemblement des forces éparpillées de l’UPADS, suite à des dissensions ou autres volontés de refus de se mêler à la forme actuelle de l’UPADS. Mr Dominique Nimi Madingou se disait soucieux de jouer la carte de l’unité de l’UPADS pour reconquérir le pouvoir d’Etat. Dans cette logique saluée par les partisans de l’UPADS, Mr Dominique Nimi Madingou fustigeait l’humeur des chapelles nourri par certains militants. Exigeait que soient tues les polémiques et radiées les ambitions personnelles. L’UPADS devant, de son avis, démontrer sa pertinence au moment où l’opposition congolaise laisse entrevoir quelques signes de faiblesse. Pour Mr Dominique Nimi Madingou, l’UPADS qui a perdu le ciment qui liait ses militants, doit travailler à ne pas se déconnecter de la base pour redevenir cette UPADS nationale de la ligne de son congrès fondateur de 1995. Le Parti devant reconquérir les jeunes, le monde des travailleurs, les sans emploi, les élèves et étudiants, les femmes, pour redevenir la machine à gagner des élections des années 1992. En ces moments d’intense douleur née du décès du Mr Dominique Nimi Madingou, que sa famille, particulièrement ses enfants, ses amis et connaissances reçoivent, ici, mes salutations les plus attristées. A l’équipe de commandement du CAP, Parti du Ministre Dominique Nimi Madingou, et à ses militants, j’exprime ma solidarité agissante. Puisse le Ministre Dominique Nimi Madingou reposer en paix, là-bas, à l’Orient Eternel. Lui, Dominique Nimi Madingou, mon Associé avec lequel j’ai partagé tant de choses, tant d’instants d’échange. Lui, avec lequel je me suis parfois tiraillé pour ensuite, rapidement, revenir aux bons sentiments, au nom de l’essentiel que nous avions, tous les deux, en commun, depuis plusieurs années. Vie longue, vie brève. Qu’importe. Si loin que s’étire la corde Elle doit passer par l’anneau. Adieu Dominique. Me manqueront ta moustache, ton sourire narquois, tes éclats de rire et ton sens de la réplique déstabilisante. Ton Frère Ouabari Mariotti Paris 25 septembre 2021

Le Muuntu et sa conscience linguistico-spirituelle face à la mort

Le Muuntu et sa conscience linguistico-spirituelle face à la mort

Quelle que soit l’explication qu’on peut donner sur la ou les causes ayant entrainé la mort d’une personne, celle-ci demeure toujours une énigme pour l’homme Koòngo ou les Bantous en général. La mort n’est point définie par le Muùntu’a Koòngo comme étant un arrêt fonctionnel du principe vital ou comme une absence totale de vie de la personne en cause. Elle est, bien au contraire vie, certes une autre forme de vie mais qui, toutefois est complètement sous la gouvernance de Dieu lui-même NzaMbi MpuNgu. C’est sous cet angle, que la terminologie de la question de la mort revêt une importance considérable. Elle est, peut-on dire, révélatrice puisqu’elle révèle, entre autres, l’âme profonde des croyances sur l’au-delà de Muùntu’a Koòngo. A titre d’exemple, le corps du défunt est désigné par l’expression mvuùmbi-muuntu. D’emblée, force est de noter que, ce terme dérive du verbe vuùmbila/vuùmbika qui veut dire courber, pencher, incliner, plier voire envelopper. Il s’agit là d’une terminologie qui tend à décrire les différentes étapes d’entretien du corps du défunt avant son dernier grand voyage. C’est ainsi que son corps sera vêtu d’une certaine manière donnée avant d’être courbé dans le cercueil à l’effet de le faire reposer définitivement en paix en l’enterrant. Outre cette signification d’entretien du corps du défunt, le mot mvuùmbi est la traduction même de la pensée profonde du Muùntu ou de l’homme Koòngo sur le phénomène de la mort. En effet, ce dernier définit la mort comme étant une manifestation de l’appel du temps sur l’être, donc de Dieu lui-même NzaMbi MpuNgu . En réalité le terme mvuùmbi comporte deux vocables à savoir : MVU = temps, période, saison ; MBI ( de MBILA) = appel , convocation Ceci dit, étymologiquement parlant le mot mvuùmbi décrit la manifestation de l’appel du temps sur la personne de l’être ou du Muùntu du fait de son âge, en l’occurrence de sa vieillesse. C’est à ce titre que, longtemps durant, l’homme Koòngo ne pouvait concevoir la mort trop précoce de son semblable ou de lui-même. Une telle mort étant considérée autrefois par lui comme étant une manœuvre de ceux qui ont le mauvais œil, les Ndoki, c’est-à-dire les sorciers. A ce propos, le père Van Wing rapporte : « Les maladies ne sont pas considérées comme des faits ayant une explication dans le cours normal de l’action et de la réaction des causes naturelles. Toute maladie jusqu’à preuve du contraire est due à l’action directe ou indirecte du ndoki = sorcier ou d’un mauvais esprit. Quand la preuve du contraire a été faite, alors une seule cause est entrée en jeu. NzaMbi MpuNgu. « NzaMbi MpuNgu lui-même a appelé l’homme ». Il l’a fait mourir. A cela il n’y a rien à dire, il n’y a pas de remèdes ni d’armes contre NzaMbi. » (Van Wing in « Etudes Bakongo Sociologie-Religion et Magie 2iè édition 1959 Desclée de Brouwer P.231.) Selon qu’il ait été bon ou mauvais, une fois mort, l’être devient un Kiìba, c’est-à-dire un esprit bienfaisant voire un Kuùlu ou un mu-kuyu, c’est-à-dire un esprit errant. Ici, une fois de plus, la terminologie Koòngo ou bantoue face à la mort est fort évocatrice. Tout d’abord le mot Kiìba signifie couvercle, en l’occurrence d’une marmite. Au pluriel, ce mot donne Biìba. Ainsi par analogie à cet ustensile qui sert de couverture d’une marmite, les esprits des bons ancêtres ayant été justes devant Dieu NzaMbi MpuNgu servent aussi de couverture, de protection donc d’esprits gardiens voire d’esprits bienfaisants vis-à-vis des vivants. Ce sont ces esprits qui, selon Placide Tempels contribuent au renforcement de la force vitale des clans ou Ma-kaànda. Ce sont les ancêtres qui assurent la propagation du clan d’où, entre autres, leur appellation de Mbuùla (ou Mbu-wula). Ici, le vocable de Mbu exprime toute idée d’aide et de soutien sous forme de délices des esprits bienfaisants que sont les Biìba sur les vivants. Quant au vocable de wula, il décrit la nature même d’aide et de soutien qui se traduit par le souffle ou la force vitale que les Biìba attribuent aux vivants. Ainsi par leur bonté, depuis l’au-delà, les Biìba ou Mbuùla éjectent le souffle divin ou procèdent au renforcement de la force vitale du clan ou kaànda. C’est à ce titre qu’ils sont aussi appelés Kuùlu ou Ba-Kuùlu, du verbe Kuùla qui veut dire grandir, germer, croître. On les appelle ainsi par ce qu’ils ont été justes et bons sur terre ayant, à ce titre été élevés au rang des esprits bienfaisants des ancêtres. Quant au mauvais défunt qui n’est connu que de Dieu NzaMbi MpuNgu lui-même, il est censé porter dans l’au-delà l’habit de l’errance, c’est-à-dire celui de mu-kuyu lequel mot dérive du verbe ku-yuùnga ou ku-ya qui exprime l’idée de feu destructeur, de déchéance et d’errance. Par ailleurs, quand le mort est enterré, l’homme Koòngo considère qu’à ce stade, le défunt se met corrélativement dans une situation de voyage de non retour à la vie charnelle ou humaine d’où la signification étymologique de l’expression « Ngwala yaya wele ku bi-tsiìnda », le défunt s’en est allé au pays du non retour. Ici, le vocable de Tsiì désigne le pays, le nouvel espace existentiel de l’esprit du défunt. Associé au mot bi, il entend simplement exprimer le pluriel du mot Tsiì. Quant au vocable de Nda, il traduit l’idée d’éloignement, de distance donc du pays de non retour. Il arrive parfois que l’on puisse employer le mot Mbaànza à la place de Bitsiìnda. Dans ce cas, le pays de non retour revêt une toute autre signification qui est celle de la cité céleste. Mbaànza évoquant, dans le cas d’espèce, et ce, étymologiquement, les profondeurs de l’univers auxquelles l’esprit du défunt va dorénavant être plongé à savoir : la cité céleste . C’est ainsi que la mort est, pour l’homme Koòngo, un véritable voyage énigmatique qui, d’une part se caractérise par un arrêt du fonctionnement biologique ou physiologique de l’être et qui, d’autre part s’effectue par le départ du corps spirituel ou astral