Commémoration du meurtre du Président togolais Olympio: la France « voulait sans doute sa mort »

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© AFP 2023 EMILE KOUTON

Le 13 janvier 1963, le premier Président togolais, Sylvanus Olympio, a été assassiné. Interrogés par Sputnik, des analystes africains reviennent sur les éventuels profiteurs du meurtre du dirigeant qui cherchait à débarrasser son pays de l’influence française.

Des Américains ou des Français pourraient être derrière le meurtre du premier Président togolais, en raison de ses idées d’indépendance totale des peuples africains, ont estimé des spécialistes togolais et béninois dans une interview accordée à Sputnik.

C’est à l’occasion de la commémoration du meurtre de Sylvanus Olympio, il y a 60 ans, jour pour jour, que l’on revient sur les circonstances de la tragédie, ainsi que sur ses potentiels bénéficiaires.

Lutte pour l’indépendance totale

Le chef de l’État togolais voyait son pays, devenu indépendant en 1960, comme « l’union de toutes les ethnies », a déclaré Ablawa Adjetey, analyste politique togolaise.

« Il voulait aussi que toutes les ethnies s’entendent, se mettent d’accord pour désobéir et se soustraire à la condescendance et à la fausse indépendance que propose la France. Sylvanus Olympio allait réussir ainsi un modèle de démocratie sociale. Qui allait rabattre toutes les cartes, y compris en Occident », a-t-elle précisé.

En plus de cela, le dirigeant togolais « œuvrait pour mettre en place des projets panafricains », prônant « une vraie émancipation des peuples africains », a souligné Bidossessi Katakenon, président de l’association « Planète des jeunes panafricanistes Bénin » (PjP).

Potentiels commanditaires

Ancienne puissance coloniale, la France, était ainsi intéressée à l’élimination d’un tel homme politique, poursuit-il. Elle « voulait sans doute sa mort politique et voir même sa mort physique à cause des idées qu’il défendait à savoir un partenariat gagnant-gagnant », a indiqué M. Katakenon.

D’après lui, M.Olympio « a été éliminé pour préserver les intérêts de la France au Togo puisque, après son assassinat un Président pro-français a pris le pouvoir et a mis fin [à ses] projets souverainistes.

Pour Ablawa Adjetey, la piste américaine est évidente. Selon elle, c’est le même commanditaire qui est responsable des divers meurtres dont celui du Président américain John Kennedy et du premier chef du gouvernement de la RDC, Patrice Lumumba:

« C’est le même chacal de la CIA, du FBI qui ont éliminé donc Sylvanus Olympio. Il n’y a pas de débat là-dessus ».

Pour rappel, il a été d’abord attaqué dans la soirée du 12 janvier 1963 devant son domicile par un commando de six hommes. Malheureusement, il n’a pas survécu à la seconde attaque survenue le lendemain matin devant l’ambassade des États-Unis à Lomé où il s’était réfugié.

De son côté, l’analyste togolaise suggère également qu’il « a été conduit à l’ambassade de France par une délégation américaine parce que l’ambassadeur des États-Unis, après avoir parlé à l’ambassadeur de France, a trouvé un accord et a demandé qu’on amène Sylvanus Olympio pour négociation ».

Enfin, « avant même que les discussions n’aient commencé, sa mort, était déjà annoncée dans les médias français », a-t-elle pointé.

Documents cachés

Certains historiens togolais estiment que des documents majeurs relatifs à l’assassinat sont absents des archives, volontairement dissimulés par la France. Y figurent par exemple, le rapport de l’autopsie de feu M.Olympio qui « n’a jamais été retrouvé dans les archives », a noté M. Katakenon.

Selon lui, la France a promis de mener une enquête « dans le seul but de cacher les archives afin que personne ne découvre à jamais que l’assassin n’est rien d’autre que l’enquêteur ».

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