Sénégal : des sociétés nationales comme la SENELEC range aux oubliettes l’utilisation de certaines de nos langues nationales comme le puular.

TRIBUNE. Notre pays est en train de devenir et malheureusement une contrée où on ne parle principalement que deux langues : le français et le wolof. Les médias publics et privés ont fortement contribué à cette situation inqualifiable. On se soucie peu et on a l’impression qu’on s’en fout d’une frange de citoyens qui ne comprennent pas ces deux langues.

De ce fait, on est en train de bâtir un pays d’aliénés, d’exclus, de frustrés et d’insatisfaits. Ne serait-il pas le temps de corriger cette injustice afin d’inclure les autres langues nationales comme le puular dans la note de nos sociétés nationales ?

Le premier pas important sur la voie d’une politique linguistique nouvelle fut marquée par un décret de 1971 qui promouvait six (6) langues vernaculaires au rang de langues nationales : le wolof, le sérère, le peul, le mandingue, le diola et le soninké.

Pour le citoyen sénégalais, la reconnaissance des langues nationales n’a pas changé grand-chose. Les personnes qui appartenaient à une des six communautés linguistiques ont pu, tout au plus, en retirer un sentiment de fierté ; les autres communautés se sont probablement senties délaissées. Le gouvernement sénégalais a poursuivi de plus belle la promotion du français.

D’ailleurs, le décret pris en 1973 et relatif à l’enrichissement de la langue française a parfaitement illustré la politique linguistique sénégalaise. A partir de 1981, on décida que l’alphabétisation et tout l’enseignement primaire devaient s’effectuer dans les langues nationales.

En outre, on devait également s’efforcer de « sénégalaiser » totalement le personnel enseignant à tous les niveaux dans un délai de 10 ans. Le résultat est catastrophique aujourd’hui car 5 des 6 langues nationales ont été jeté aux oubliettes par l’administration sénégalaise. On vit présentement un fiasco et une discrimination linguistique.

La situation serait pire à la SENELEC qu’à la télévision sénégalaise quant à l’utilisation des langues nationales. On y avait initié à l’époque le plan ‘’Takkal’’ sous le règne de Wade. De nos jours on y parle du ‘’VOYOFAL’’. Normalement tous les clients de cette société d’état devraient recevoir toute information y compris les factures ou autres documents dans leurs langues maternelles. Juridiquement chaque citoyen et chaque citoyenne doivent être servis dans leurs langues maternelles ou de préférence. On ne devrait nullement envoyer une facture sur laquelle est inscrit « VOYAFAL«  à Samba Soyde SIMBIGNE SOW demeurant à Barkedji où plus de 90 % de la population est composée de peuls (ou fulbés). Agir de la sorte serait une aberration et crée une frustration et un sentiment d’exclusion. Beaucoup de nos compatriotes ne se sentent plus sénégalais car leurs droits juridiques et linguistiques seraient piétinés tous les jours. Ainsi, ils se sentent insultés, offensés et déshonorés car ne recevant les services dans leurs langues.

Malheureusement, au lieu de prendre les devants, nos législateurs ne disent rien et renforcent davantage cette république bananière. L’état du Sénégal s’explose à court ou à long terme à des recours juridiques car les gens se sentent conscients qu’ils sont lésés et que leurs droits linguistiques sont bafoués. Le Sénégal est notre pays, les gens ont le droit de s’exprimer librement et donner leurs points de vue sur tous les sujets ainsi que sur sa gestion. Mais à chaque qu’on en parle, on nous accuse de sectarisme et d’ethnicisme.

Aussi, pendant les procès l’état devrait fournir aux plaignants comme aux accusés des services dans leurs langues au lieu de puiser dansle public des interprètes non qualifiées. On ne devrait pas présumer qu’on est au Sénégal et qu’on devrait absolument parler le wolof sinon tant pis.

Les sénégalais et les sénégalaises doivent être courageux pour aborder ce débat. Dans la diaspora, toutes les ethnies (wolof, peuls, sérères, diolas, soninkés, socés etc.) trouvent que ce rôle de régulateur devrait revenir à l’état et que ce dernier est en train de faillir à sa mission.

Mais les peuls ou fulbés présents partout au pays, seraient les plus grands perdants du système actuel car ils représentent plus de 30% de la population selon plusieurs estimations. Ils désirent ardemment être servis dans leur langue, le puular et souhaiteraient recevoir des factures éditées en fulfulde et pas celles où le ‘’VOYOFAL’’ est inscrite et qui constitue de fait une insolence.

Un appel est ainsi lancé au directeur général de cette société nationale pour qu’il corrige au plus vite les fautes et les tares linguistiques de notre société d’état. Il doit se rappeler que celle-ci est notre patrimoine commun. On ne peut accepter que cette dernière privilégie une langue et une ethnie au détriment des autres. On lui demande de le faire afin garantir à notre pays son équilibre et sa stabilité sans lesquels aucun développement n’est possible.

Gondiel Ka

Secrétaire administratif

Kisal Deeyirde Pulaagu

Montréal Canada.

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