
TRIBUNE. Dans le croisement de fer qui a commencé entre le régime CASH au pouvoir et le FCC, nous venons d’assister rien qu’en ce mois de septembre 2023 à deux duels politiques. Primo lors de l’interview récente du Chef de l’Etat congolais à New York durant laquelle il a nié avoir été nommé par quiconque. « Il n’y a eu aucun arrangement entre mon prédécesseur et moi » a-t-il affirmé. À ce moment-là, il a marqué un petit temps d’arrêt et il a ajouté : « Aucun arrangement frauduleux ».
Mais c’était sans compter avec la réaction musclée de l’autre allié utilisant son lieutenant Corneille Nangaa ( l’ex-président de la CENI au moment des faits) qui accusera le président Tshisekedi d’avoir menti l’opinion, déclarant détenir le document de l’accord secret qui l’avait nommé et qui est appelé : « Accord pour la Stabilité et la Paix au Congo. » Il se trouve que le titre cité par Nangaa coïncide avec celui fuité ce matin.
Je crois comprendre que le fait que cet Accord secret ait “ fuité” un jour après la publication de la réaction au vitriol de Nangaa fait partie intégrante du déroulement de la bataille qui a été déclenchée entre les deux parties signataires.
Qu’en penser????
1. Nous sommes devant de très graves allégations au haut sommet de l’Etat, lesquelles allégations jettent l’opprobre sur la jeune démocratie congolaise parce que nous nous rendons tous compte que tout le rêve démocratique pour lequel de nombreux congolais ont versé leur sang, ce rêve a été à la fois violé et volé par deux groupes politiques maffieux qui ont craché sur la volonté souveraine du peuple qui aura élu son candidat et qu’eux à leur tour ont pris la liberté de mettre de côté pour “ NOMMER” un autre conformément à leur agenda caché et à leurs intérêts partisans et mesquins.
2. De trois objectifs assignés comme motivant cet Accord, notamment: a) la passation du pouvoir civilisée, b) une alternance durable et c) la stabilité et la paix en RD Congo, aucun d’eux n’a été atteint, ni même partiellement. Et pour preuves :
– En 2018, le peuple congolais n’est pas allé aux urnes pour un passation“CIVILISÉE » du pouvoir. Trois fois non ! Les congolais sont allés voter pour CHANGER le régime et la gouvernance qui les chosifiaient. Ils ne votaient pas pour « civiliser » la passation du pouvoir mais résolument pour l’avènement d’un nouveau président qui mettrait fin à la dictature cruelle du régime Kabila et qui remettrait le pays sur le bon rail de fonctionnement des institutions républicaines afin que le Congo redevienne prospère et que les congolais redeviennent heureux de vivre chez eux.
– Les signataires de cet Accord secret parle de l’Alternance durable? Qu’entendent-ils par alliance durable sinon ce jeu de ping pong maffieux où les deux parties signataires se passent « alternativement » le pouvoir en crachant durablement sur tout verdict présent et futur des urnes? Quoi de durable dans une alternance qui a éclaté un an plus tard avec l’abrogation unilatérale dudit Accord et la création le 27 janvier 2021 de l’Union sacrée de la Nation????
– Peut-on parler de la Paix et de stabilité dans un pays dont des pans entiers du territoire national sont entre les mains des armées étrangères? Peut-on parler de paix dans un pays où sont massacrés par centaines des citoyens congolais dans leur lieu de culte? Peut-on parler de paix dans un pays où la liberté d’expression devient un crime qui vous amène en prison?
Sur ces trois motivations, la réponse est de toute évidence NÉGATIVE car le bilan est largement négatif…
3. Le CASH portera seul l’obligation de pratiquer l’immunité (article 1 de l’Accord) et de fermer les yeux sur les graves crimes commis par Kabila et sa famille politique. Aucun congolais n’est prêt à suivre Tshisekedi qui refuse de « fouiner » dans les crimes de Kabila. Pour la majorité des Congolais, la justice devra être dite sur les crimes économiques, politiques et des crimes contre l’Humanité dont ce régime s’est rendu coupable. C’est la seule voie- et il n’ y en a pas d’autre – pour rétablir l’Etat de Droit en RDC.
4. L’article 2 de cet Accord prescrivant la nécessité de concertation entre les deux alliés nous donne désormais de plus amples explications sur les modalités extraconstitutionnelles de la nomination le 20 mai 2019 du Premier Ministre Sylvestre Ilunga Lukamba dont, à côté de ses références aux articles 78, 79 et 90 de la constitution, la seconde motivation de l’Ordonnance présidentielle faisait justement mention d’une clause de cet accord politique exigeant la formation d’un gouvernement de coalition représentantif de ces deux regroupements politiques. Et la troisième motivation de cette ordonnance présidentielle cite nommément le FCC comme la partie ayant proposé ce candidat trois jours avant sa nomination sur ordonnance. Indubitablement on a là autant de preuves supplémentaires sur l’authenticité dudit document.
5. L’article 3 de l’Accord garantissant déjà le soutien de CASH pour le futur candidat présidentiel de FCC prouve que le scrutin présidentiel de décembre 2023 est déjà noyauté en amont et que les arrangements à l’africaine sont déjà établis pour permettre une fois de plus une passation “CIVILISÉE” du pouvoir en janvier 2024 prochain.
6. Ceci dit, un tel ACCORD ( s’il venait d’être certifié authentique) doit être considéré comme la pire des ESCROQUERIES politiques de l’histoire du Congo-Kinshasa et la cause de tous les maux qui rongent le Congo depuis la tenue du dernier scrutin présidentiel.
Dans ce cas, un tel document devra faire l’objet d’une enquête parlementaire et judiciaire. Et vu que les deux institutions précitées sont déjà instrumentalisées par le pouvoir en place, la société civile congolaise (ou ce qui en reste de patriote)doit s’organiser pour mettre en place une commission d’experts internationaux en vue de porter la lumière sur ce crime constitutionnel et Démocratique.
Si les témoins encore vivants ( les trois présidents kenyan, égyptien et sud-africain auxquels il faut ajouter les 4 officiels congolais) portaient une caution à ce document, il ne restera plus au peuple congolais que d’user de ses prérogatives de Souverain Primaire pour déférer les deux signataires de l’Accord devant les juridictions et, au regard de la gravité du crime, de les déclarer inéligibles pour le restant de toute leur vie.
Par Germain Nzinga