Maroc. La reprise prévue de l’activité économique ne suffira pas à enrayer le chômage

Malgré la reprise attendue de l’activité économique en 2021, l’emploi devrait peu varier au Maroc. Si l’on en croit les nouvelles prévisions du Haut-commissariat au plan (HCP) pour cette année, la situation du marché du travail, aggravée par la crise du coronavirus (Covid-19), devrait rester préoccupante.

Selon l’institution publique, chargée de la production, de l’analyse et de la publication des statistiques officielles au Maroc, le marché du travail devrait tout de même connaître une légère baisse du taux de taux chômage.

Il devrait se situer autour de 11,1% au lieu de 12,8% en 2020, a indiqué le Haut-commissariat dans son Budget économique prévisionnel 2021 qui présente une nouvelle estimation de la croissance de l’économie nationale en 2020 et une révision de ses perspectives en 2021 et leurs effets sur les équilibres macroéconomiques interne et externe.

Ainsi, quand bien même la reprise économique se confirmerait, il ne faut pas s’attendre à une baisse significative du chômage d’autant plus qu’elle ne serait effective que pour certains secteurs économiques du pays.

D’après l’institution publique, dans le contexte de détérioration de la croissance économique observée au cours de l’année 2020, le marché du travail aurait connu sur l’ensemble de l’année écoulée des pertes d’emploi qui auraient atteint 531 000 postes.

Dans ces conditions, le Centre marocain de conjoncture (CMC) avait estimé dans sa publication mensuelle, Maroc Conjoncture N°330, que la politique économique post-crise du Maroc « devrait œuvrer prioritairement au redressement de l’activité à travers l’intensification de l’effort d’investissement. Elle devrait également mettre à profit le nouvel élan de solidarité pour le développement de facteurs de résilience au plan social».

Dans sa publication, en plus de souscrire pour le redressement de l’activité et la consolidation du progrès social à inscrire dans la politique économique post-crise, il avait également porté une attention particulière à la protection sociale et la préservation de l’emploi considérées comme «une aspiration à l’universel».

Sous l’hypothèse de la poursuite de la baisse tendancielle du taux d’activité, les économistes du Haut-commissariat estiment qu’en 2020 « ces pertes auraient porté le taux de chômage au niveau national à près de 12,8%, soit une hausse de 3,6 points par rapport à son niveau enregistré en 2019».

Soulignons qu’entre les troisièmes trimestres de 2019 et de 2020, après une tendance à la baisse durant les trois dernières années, le taux de chômage a grimpé de 3,3 points, passant de 9,4% à 12,7%. Selon le Haut-commissariat, « le taux de chômage a enregistré une forte hausse aussi bien en milieu rural qu’en milieu urbain, passant respectivement de 4,5% à 6,8% et de 12,7% à 16,5% ».

Dans une note d’information portant sur l’évolution des indicateurs du marché du travail au titre du troisième trimestre de 2020, l’institution publique avait indiqué que le taux de chômage avait également enregistré une forte hausse parmi les femmes, de 13,9% à 17,6% et parmi les hommes, de 8,0% à 11,4% ; et a connu une forte augmentation parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans (5,7 points), passant de 26,7% à 32,3%.

En passant de 15,5% à 18,7%, le taux de chômage des diplômés a enregistré une hausse de 3,2 points qui s’est avérée « plus prononcée parmi les détenteurs diplômes en qualification et spécialisation professionnelle (+ 4,9 points avec un taux de 24,8%), de diplômes de techniciens et de cadres moyens (+4 points avec un taux de 23,6%) et de diplômes de l’enseignement secondaire (+4 points avec un taux de 18,3%) », selon la même source.

Revenons sur les pertes d’emplois pour préciser qu’entre les troisièmes trimestres des trois dernières années, l’économie marocaine a créé en moyenne 144.000 postes d’emplois. Paradoxalement, «au troisième trimestre 2020, l’économie a perdu 581.000 postes d’emploi par rapport à celui de 2019, ce qui correspond à une baisse de 5,4% (237.000 postes en milieu urbain et 344.000 en milieu rural)», avait relevé le HCP dans sa note.

Soulignons que, sur la base d’une évolution de 4,7% prévue des impôts et taxes sur produits nets de subventions, le HCP prévoit dans ses nouvelles prévisions que le Produit intérieur brut (PIB) devrait enregistrer une croissance de l’ordre de 4,6% au cours de cette année après une récession de 7% en 2020.

En valeur, le PIB devrait enregistrer une progression de 5,8%, a fait savoir l’institution dans son Budget économique prévisionnel. Lequel présente une révision du budget économique exploratoire publié au mois de juillet 2020.

Alain Bouithy

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