Maroc. Entre autres couacs du gouvernement, le chômage continue de gagner du terrain
Le chômage continue de gagner du terrain au Maroc, malgré les politiques mises en place ces dernières années pour améliorer le marché du travail. C’est du moins ce que montrent les données publiées par le Haut-commissariat au plan (HCP) au titre du troisième trimestre de 2024. Selon l’institution publique, désormais dirigée par Chakib Benmoussa, « le nombre de chômeurs a augmenté de 58.000 personnes entre le troisième trimestre de l’année 2023 et celui de 2024, passant de 1.625.000 à 1.683.000 chômeurs, ce qui correspond à une augmentation de 4% ». Dans sa récente note d’information relative à la situation du marché du travail au troisième trimestre, le Haut-commissariat justifie cette hausse par « une augmentation de 42.000 chômeurs en milieu urbain et de 16.000 en milieu rural ». Ainsi, ajoute-t-il, « le taux de chômage s’est légèrement accru au cours de cette période, passant de 13,5% à 13,6%, enregistrant une hausse de 0,4 point en milieu rural (de 7% à 7,4%) et une stagnation à 17% en milieu urbain ». Cette évolution n’est pas pour plaire au gouvernement qui a indiqué récemment disposer d’une stratégie intégrée en matière d’emploi soulignant que celle-ci constitue l’une de ses principales priorités pour le reste de son mandat. Présentant le projet de budget sectoriel de son ministère devant la Commission des secteurs sociaux de la Chambre des représentants, le ministre de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences, Younes Sekkouri, a déclaré que le gouvernement a alloué un budget de 14 milliards de dirhams (MMDH) pour la feuille de route visant à promouvoir l’emploi, dont 12 MMDH pour encourager les investissements à forte valeur ajoutée, 1 MMDH pour améliorer l’efficacité des programmes d’emploi en cours et 1 MMDH pour préserver les opportunités d’emploi, particulièrement en milieu rural, comme l’a rapporté la MAP. Rappelons, par ailleurs, que des groupes parlementaires avaient appelé à placer l’emploi et l’investissement en tête des priorités du gouvernement lors d’une réunion tenue, mercredi 30 octobre, constatant sans doute que cela était insuffisant. Entre-temps, on notera qu’il s’agit de la troisième hausse trimestrielle consécutive du taux de chômage, après les hausses enregistrées au premier et deuxième trimestre de l’année en cours. Rappelons à ce propos qu’au deuxième trimestre de 2024, le taux de chômage était passé de 12,4% à 13,1% au niveau national (+0,7 point), de 16,3% à 16,7% en milieu urbain (+0,4 point) et de 5,7% à 6,7% en milieu rural (+1 point). Un trimestre plus tôt, il était passé de 12,9% à 13,7% au niveau national (+0,8 point), de 17,1 % à 17,6% en milieu urbain (+0,5 point) et de 5,7% à 6,8% en milieu rural (+1,1 point). La situation sur le marché du travail reste donc préoccupante d’autant plus que les hausses du taux de chômage continuent d’être enregistrées « parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans (+ 1,3 point), passant de 38,2% à 39,5%, parmi les personnes âgées de 45 ans et plus (+0,4 point), de 3,7% à 4,1% et parmi les femmes (+1 point), de 19,8% à 20,8% ». Le moins que l’on puisse dire, c’est que la situation ne semble pas améliorée comparativement aux chiffres enregistrés au cours des deux précédents trimestres. En effet, au terme du deuxième trimestre de 2024, les jeunes étaient déjà lourdement touchés par ce phénomène que les pouvoirs publics ont du mal à enrayer. Les données d’alors montrent que le taux de chômage était déjà « plus élevé parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans (36,1%), les diplômés (19,4%) et les femmes (17,7%) ». Un constat également observé au premier trimestre avec un taux de chômage de l’ordre de 35,9% enregistré chez les jeunes âgés de 15 à 24 ans, tandis qu’il touchait 20,3% des diplômés et 20,1% des femmes. Il est important de noter qu’au troisième trimestre dernier, selon le type de diplôme, à l’exception des titulaires de diplômes de techniciens et de cadres moyens, ayant connu une hausse du taux de chômage de 2,3 points, et de l’enseignement secondaire qualifiant (+0,5 point), les autres catégories des diplômés ont toutefois vu leur taux de chômage baisser. D’après les experts du HCP, la baisse la plus importante a été observée parmi les diplômés de l’enseignement supérieur (-1,6 point). Le taux de chômage est ainsi passé de 26,5% à 24,9%. Alain Bouithy
Maroc/Chômage des jeunes. Cette épine que l’Exécutif peine trop à retirer
Célébration ce lundi de la Journée internationale de la jeunesse SPÉCIAL EMPLOI & POUVOIR D’ACHAT. Il n’est jamais trop tard pour se remettre en question. Contredit par les derniers chiffres du chômage publiés par le Haut-commissariat au plan (HCP), le gouvernement tente vaille que vaille de corriger les nombreuses failles de sa politique en la matière, autrefois vantée, en remettant à nouveau l’emploi au cœur de ses priorités. En effet, dans une note d’orientation du projet de Loi de Finances (PLF) au titre de l’exercice 2025 adressée par le Chef du gouvernement aux départements ministériels, l’Exécutif annonce placer l’emploi au cœur de ses priorités. Il faut croire que les résultats obtenus sur ce volet laissent penser que cela n’a vraisemblablement pas été le cas jusqu’à ce jour. Une nième promesse vouée à un nouvel échec ? On s’interdit de le souhaiter. Une chose est cependant certaine, c’est que la hausse consécutive du taux de chômage, qui est passé de 12,9% au premier à 13,1% au deuxième trimestre 2024, n’a pas arrangé les choses du côté de l’équipe gouvernementale contraint de faire profil bas et d’espérer trouver en ce nouveau défi la recette magique qui lui permettrait d’inverser la courbe du chômage sur la durée et ainsi sortir la tête hôte au terme de sa mandature. Douche froide. Pour le moment, rien n’indique qu’il y parviendra. Il faut dire que les chiffres du HCP, chargé de la production, de l’analyse et de la publication des statistiques officielles au Maroc, sont frustrants à bien des égards pour toutes les catégories en quête de travail et insupportables pour les autorités qui doivent bien malgré elles avaler des couleuvres. Mis à part le fait qu’ils n’ont cessé de progresser, au grand dam des jeunes et des diplômés qui en paient encore plus le prix, les chiffres du chômage publiés récemment remettent à terre toute la stratégie du gouvernement sur ce volet. Pire, ils viennent confirmer une tendance fâcheuse qui semble prendre corps depuis l’avènement de l’actuel gouvernement: plus les stratégies sont élaborées puis déployées moins sont probants les résultats. A rappeler qu’entre 2022 et 2023, l’économie nationale a perdu 157.000 postes d’emploi, résultat d’une diminution de 198.000 postes en milieu rural et d’une augmentation de 41.000 en milieu urbain, après avoir perdu 24.000 postes une année auparavant. Un avenir de plus en plus incertain du marché du travail Selon les statistiques du Haut-commissariat, au cours de cette période, le taux de chômage est passé de 11,8% à 13% au niveau national, de 15,8% à 16,8% en milieu urbain et de 5,2% à 6,3% en milieu rural. Et sans grande surprise, il est resté élevé parmi les jeunes de 15 à 24 ans (35,8%), les diplômés (19,7%) et les femmes (18,3%). Mais alors que les premiers, assommés par ces sombres chiffres, s’attendaient à un répit, voire une amélioration de la situation du marché du travail, le même scénario va se répéter au premier trimestre 2024 ; le volume du chômage s’étant accru cette fois-ci de 96.000 personnes, 59.000 en milieu urbain et 38.000 en milieu rural pour s’établir à 1.645.000 personnes, au niveau national. Ainsi, le taux de chômage est passé de 12,9% à 13,7% au niveau national (+0,8 point), de 17,1 % à 17,6% en milieu urbain (+0,5 point) et de 5,7% à 6,8% en milieu rural (+1,1 point). Et comme si cela était devenu une fatalité, il demeure une fois encore particulièrement élevé parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans (35,9%), les diplômés (20,3%) et les femmes (20,1%). Tout aussi inquiétant, les données relatives au deuxième trimestre 2024 qui font état d’une augmentation de 6% du nombre de chômeurs (90.000 personnes) en glissement annuel, passant de 1.543.000 à 1.633.000 chômeurs. Comme l’explique l’institution publique dans sa dernière note sur l’évolution du marché du travail, « cette hausse est le résultat d’une augmentation de 48.000 chômeurs en milieu urbain et de 42.000 en milieu rural ». En conséquence, le taux de chômage s’est accru de 0,7 point entre le deuxième trimestre de 2023 et celui de 2024, passant de 12,4% à 13,1%, de 16,3% à 16,7% en milieu urbain (+0,4 point) et de 5,7% à 6,7% en milieu rural (+1 point). Evidemment, « le taux de chômage a connu une hausse de 2,5 points parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans, passant de 33,6% à 36,1%, de 1,6 point parmi les personnes âgées de 25 à 34 ans, de 19,8% à 21,4%, de 0,1 point parmi celles âgées de 35 à 44 ans, de 7,2% à 7,3%, et de 0,1 point pour celles âgées de 45 ans et plus, de 3,6% à 3,7%», note le HCP. Alain Bouithy Lire également: Maroc/Observations de la Cour des comptes : L’action publique en matière d’emploi pointée du doigt Ni en emploi, ni en éducation, ni en formation: La situation des jeunes NEET au Maroc
Maroc. Les jeunes frappés de plein fouet par le chômage
La situation sur le marché du travail s’est fortement dégradée au premier trimestre 2024, selon les chiffres rendus publics par le Haut-commissariat au plan (HCP). En effet, entre le premier trimestre de 2023 et celui de 2024, l’organisme public a observé un accroissement du volume du chômage de 96.000 personnes, 59.000 en milieu urbain et 38.000 en milieu rural. Il s’est établi à 1.645.000 chômeurs contre 1.549.000 enregistrés durant la même période de l’année écoulée, soit une augmentation de 6%. En glissement annuel, le taux de chômage est passé de 12,9% à 13,7%, au premier trimestre 2024 Ainsi, d’après les données recueillies par l’institution chargée de la production, de l’analyse et de la publication des statistiques officielles au Maroc, le taux de chômage est passé de 12,9% à 13,7% au niveau national (+0,8 point), de 17,1% à 17,6% en milieu urbain (+0,5 point) et de 5,7% à 6,8% en milieu rural (+1,1 point). Les chiffres montrent qu’il « s’est accru de 0,8 point entre les premiers trimestres de 2023 et de 2024, passant de 12,9% à 13,7%, de 17,1% à 17,6% en milieu urbain (+0,5 point) et de 5,7% à 6,8% en milieu rural (+1,1 point) », a indiqué le HCP dans sa récente note d’information relative à la situation du marché du travail au premier trimestre de 2024. Sans grande surprise, « ce taux reste plus élevé parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans (35,9%), les diplômés (20,3%) et les femmes (20,1%) », a constaté l’organisme indiquant que les données font état, en effet, d’une hausse de 0,6 point parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans, passant de 35,3% à 35,9%, de 1,1 point parmi les personnes âgées de 25 à 34 ans, de 20,9% à 22%, de 0,9 point parmi celles âgées de 35 à 44 ans, de 7,1% à 8%, et de 0,7 point pour les personnes âgées de 45 ans et plus, de 3,8% à 4,5%. La même source fait également état d’une hausse de 2 points parmi les femmes, passant de 18,1% à 20,1% et de 0,5 point parmi les hommes, de 11,5% à 12%. Il ressort par ailleurs des mêmes chiffres que le taux de chômage des diplômés a, de son côté, enregistré une hausse de 0,5 point, passant de 19,8% à 20,3% au titre de la même période. Toujours selon la note d’information du Haut-Commissariat, « cette hausse est plus prononcée parmi les détenteurs de diplômes de qualification ou spécialisation professionnelle (+2,7 points et un taux de 25,4%), et de diplômes de l’enseignement secondaire qualifiant (+1 point et un taux de 23,6%) ». Les chiffres révèlent en outre que le volume des actifs occupés en situation de sous-emploi est passé de 1.075.000 à 1.069.000 personnes au niveau national, de 573.000 à 571.000 personnes en milieu urbain et de 502.000 à 499.000 en milieu rural. Entre le premier trimestre de 2023 et celui de 2024, « le taux de sous-emploi a stagné à 10,3% au niveau national. Il est passé de 12,1% à 12,5% en milieu rural et de 9,1% à 9% en milieu urbain », a par ailleurs fit savoir le HCP. Quant au volume de la population active occupée en situation de sous-emploi en termes de nombre d’heures travaillées, la note indique qu’il est passé de 513.000 à 576.000 personnes au niveau national soulignant que le taux correspondant s’est accru de 4,9% à 5,6%. Enfin, la population active occupée en situation de sous-emploi en termes d’insuffisance du revenu ou d’inadéquation entre formation et emploi exercé s’est établi à 493.000 personnes au niveau national contre 562.000, le taux correspondant étant passé de 5,4% à 4,8%. Selon le HCP, les secteurs ayant connu une baisse du taux de sous-emploi sont les BTP avec 1,4 point (de 20,4% à 19%) et l’industrie y compris l’artisanat avec 0,8 point (de 7,1% à 6,3%). Seuls « l’agriculture, forêt et pêche et les services ont enregistré une hausse, avec respectivement 0,4 point (de 11,7% à 12,1%) et 0,5 point (de 7,8% à 8,3%) », a ajouté l’institution. Alain Bouithy
Maroc. Le chômage au-delà de 13%
Alarmante, inquiétante, mais sans doute pas si surprenante que ça. C’est ainsi que l’on pourrait qualifier la situation du marché du travail au troisième trimestre de 2023. En effet, d’après les dernières données publiées par le Haut-commissariat au plan (HCP), le taux de chômage s’est gravement accru sur un an au troisième trimestre dernier atteignant 13,5% contre 11,4% durant la même période de l’année écoulée. Entre le troisième trimestre de 2022 et celui de 2023, « le taux de chômage est ainsi passé de 11,4% à 13,5% au niveau national, passant de 15% à 17% en milieu urbain et de 5,2% à 7% en milieu rural », a annoncé l’organisme public chargé de la production, de l’analyse et de la publication des statistiques officielles au Maroc. Faut-il revoir de fond en comble les stratégies nationales mises en place pour lutter contre ce phénomène social? Comme depuis des années, « les taux les plus élevés demeurent ceux parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans, enregistrant 38,2%, les femmes, 19,8%, et les diplômés, 19,8% », a précisé l’institution dans sa note d’information relative à la situation du marché de travail au troisième trimestre de l’année 2023. Juste devant les personnes âgées de 25 à 34 ans (+2,5), de 18,4% à 20,9%. La progression quasi-attendue du chômage par bien d’observateurs de l’économie nationale est inquiétante d’autant plus qu’elle s’accélère alors que le gouvernement a fait de la lutte contre ce phénomène son cheval de bataille, multipliant des initiatives qui vont s’avérer au fil des ans sans véritable effet sur l’un des maux récurrents des jeunes Marocains. Une hausse spectaculaire. A 13,5%, le taux de chômage file droit dans le registre des records, mettant au passage à mal les politiques mises en place par le gouvernement (Awrach et Forsa) pour infléchir sa courbe et la litanie des promesses de créations de postes. Afin de mieux apprécier l’évolution de ce phénomène durant l’année en cours, rappelons les principales évolutions enregistrées sur le marché du travail depuis le début de l’année. Selon les chiffres du HCP, le taux de chômage était déjà passé de 11,2% à 12,4% au niveau national au deuxième trimestre, de 15,5% à 16,3% en milieu urbain et de 4,2% à 5,7% en milieu rural. Comme aujourd’hui et avant, il était plus élevé parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans (33,6%), les diplômés (19,2%) et les femmes (17%). Au premier trimestre, ce taux avait atteint 12,9% au niveau national au lieu de 12,1% un an auparavant, passant de 16,3% à 17,1% en milieu urbain et de 5,1% à 5,7% en milieu rural. Il était resté très élevé parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans (35,3%), les diplômés (19,8%) et les femmes (18,1%). Au troisième trimestre de 2023, le Haut-commissariat fait en outre savoir que « le nombre de chômeurs a augmenté de 248.000 personnes entre le troisième trimestre de l’année 2022 et celui de 2023, passant de 1.378.000 à 1.625.000 chômeurs, ce qui correspond à une augmentation de 18% ». Comme le relève l’institution dans sa note, cette hausse résulte d’une augmentation de 181.000 chômeurs en milieu urbain et de 67.000 en milieu rural. Toujours selon le HCP, « entre le troisième trimestre de 2022 et la même période de 2023, le taux d’activité a diminué, au niveau national, de 44% à 43,2%. Il a baissé de 48,1% à 45,8% en milieu rural et stagné à 41,9% en milieu urbain », ajoutant que les taux d’activité des hommes et des femmes ont reculé de 0,8 point pour s’établir respectivement à 68,7% et 18,4%. Quant au taux d’emploi, les chiffres montrent qu’il a reculé de 39% à 37,4% au niveau national (-1,6 point). Plus accentué parmi les hommes (2,2 points) que parmi les femmes (1,1 point), ce taux a connu une baisse de 2,9 points en milieu rural (de 45,5% à 42,6%) et de 0,9 point en milieu urbain (de 35,7% à 34,8%). Notons que « le volume de l’emploi a baissé de 297.000 postes entre les troisièmes trimestres de 2022 et 2023, suite à une perte de 269.000 postes en milieu rural et 29.000 postes en milieu urbain », selon les explications de l’organisme. Augmentation du sous-emploi. Tout aussi inquiétante, la hausse du volume des actifs occupés en situation de sous-emploi qui a bondi de 94.000 personnes sur un an, passant de 911.000 à 1.005.000 personnes au niveau national, de 488.000 à 523.000 personnes en milieu urbain et de 423.000 à 482.000 en milieu rural. Ainsi qu’en déduit le HCP, « le taux de sous-emploi est passé de 8,5% à 9,6% au niveau national, de 7,5% à 8,1% en milieu urbain et de 9,9% à 12% en milieu rural ». D’après les données recueillies par le Haut-commissariat, le secteur des BTP est le plus touché par le sous emploi. Il a en effet connu une importante hausse du taux de sous-emploi avec +3,1 points (de 15,8% à 18,9%), suivi par le secteur de l »Industrie y compris l’artisanat » avec 2,1 points (de 5,6% à 7,7%). Alain Bouithy
Enseignement supérieur: la Banque mondiale accorde plus de 150 millions de dollars au Sénégal afin d’adapter les compétences enseignées aux besoins du marché de l’emploi
La Banque mondiale annonce avoir approuvé un financement d’un montant de 150 millions de dollars en faveur de la République du Sénégal. Destiné à améliorer la capacité des établissements d’enseignement supérieur du Sénégal à adapter les compétences enseignées aux besoins du marché de l’emploi, ce financement « s’accompagne d’une subvention de 1,9 million de dollars provenant du fonds fiduciaire multi donateurs du partenariat pour l’éducation de la petite enfance (Early Learning Partnership – ELP) », indique l’organisation financière internationale. La Banque mondiale précise dans un communiqué publié récemment que « ce soutien a pour cadre le Projet de l’Enseignement Supérieur Professionnel Orienté Insertion et Réussite des Jeunes (ESPOIR‐Jeunes) ». D’après l’institution, « il est conçu pour améliorer les performances économiques des diplômés de l’enseignement supérieur, conformément aux objectifs de promotion de la croissance inclusive, de la prospérité partagée et de l’égalité des sexes au Sénégal ». Ce financement permet la création de huit institutions dans des régions ciblées par le gouvernement du Sénégal, à l’instar de l’Institut supérieur d’études professionnels (ISEP) de Thiès, financé par la Banque mondiale, selon Keiko Miwa, directrice des opérations de la Banque mondiale pour le Cabo Verde, la Gambie, la Guinée-Bissau, la Mauritanie et le Sénégal. « Les compétences professionnelles adéquates et pertinentes qu’ils offrent permettront de favoriser une intégration rapide des bénéficiaires au marché du travail. Ce projet devrait avoir un impact positif avec, à court terme, l’inscription de plus de 16 000 étudiants en tant que premières cohortes dans les ISEP nouvellement créés », a-t-il indiqué. Le communiqué précise que les 8 nouveaux ISEP seront édifiés dans des régions aux profils différents en fonction des besoins socio-économiques. D’après Pamela Mulet, Spécialiste éducation et chef d’équipe du projet ESPOIR-Jeunes à la Banque mondiale, ils « prendront en compte le potentiel intrinsèque des zones géographiques de chaque région, des métiers des mines à ceux liés à l’arboriculture fruitière, ou encore à la transformation de produits halieutiques, sans oublier l’industrie textile. L’objectif est de pouvoir répondre à la demande professionnelle locale ». La Banque mondiale assure qu’en plus de la création d’infrastructures, ce projet soutiendra les réformes en cours et prévues de l’enseignement supérieur. Ainsi, explique l’organisation, il devrait améliorer le cadre de gouvernance du secteur tout en accompagnant l’Etat du Sénégal dans ses options stratégiques, notamment l’élargissement de l’accès aux programmes de formation professionnelle tertiaire à court terme et aussi la promotion d’une plus grande utilisation des technologies de l’information dans l’enseignement supérieur. Martin Kam
Maroc. Diplômés ou pas, les jeunes face aux affres du chômage
REPORTAGE. L’heure n’est pas du tout à la détente, entre les jeunes Marocains en quête d’emplois et le marché du travail dont la situation n’a quasiment pas connu de véritable amélioration. Le taux de chômage n’ayant toujours pas nettement reculé, plusieurs d’entre eux sont désormais persuadés que le sort s’acharne contre eux. Il faut dire que les statistiques du marché de l’emploi, publiées au fil des derniers mois par les institutions publiques nationales sont loin de les avoir réconfortés ; d’autant plus qu’elles continuent de les ranger dans la catégorie de la population la plus durement touchée. Le 8 août dernier, en présentant sa note d’information sur la situation du marché du travail au titre du deuxième trimestre de 2022, le Haut-commissariat au plan (HCP) avait annoncé un taux de chômage à 11,2% au niveau national, de 18,2% à 15,5% en milieu urbain et de 4,8% à 4,2% en milieu rural. La même note précisait qu’«il est plus élevé parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans (30,2%), les diplômés (18%) et les femmes (15,1%)». Moins d’une semaine après, à l’occasion de la Journée internationale de la jeunesse, célébrée le 12 août dernier, l’organisme public dévoilait dans une nouvelle note que «près de 3 chômeurs sur 10 (29,7%) sont des jeunes. Près de 3 jeunes chômeurs sur 4 (75,8%) résident en milieu urbain ; 67,3% sont des hommes et 90,1% sont diplômés». Des chiffres qui font froid dans le dos des jeunes, qu’ils occupent déjà un emploi, soient au chômage ou hors de la main-d’œuvre, et les affectent à bien des égards. C’est le cas de Youssef, jeune diplômé de l’hôtellerie, «persuadé que le marché n’absorbera pas d’aussitôt la masse de jeunes chômeurs et de nouveaux demandeurs d’emplois». Un pessimisme qui s’est d’ailleurs installé dans de nombreux foyers marocains, comme le suggéraient il y a peu les résultats de l’enquête de conjoncture réalisée par le HCP auprès des ménages au deuxième trimestre de l’année 2022. En effet, selon cette étude, 86% des ménages sondés s’attendent à une hausse du chômage au cours des 12 prochains mois. Enquête qui conclura ainsi que «le solde d’opinion est resté négatif à moins 81,1 points contre moins 82,8 points un trimestre auparavant et moins 69,8 points un an auparavant». Quand bien même l’insertion des jeunes diplômés sur le marché du travail serait fragilisée par la crise sanitaire, comme l’a relevé récemment un rapport de l’OIT sur les tendances mondiales de l’emploi des jeunes 2022, «le gouvernement ne devrait pas prendre cette réalité comme un prétexte pour camoufler ses difficultés à résoudre durablement ce problème», estime Ali. Il est important de rappeler que «le taux de chômage a atteint, au niveau national, 31,8% pour les jeunes âgés de 15 à 24 ans contre 13,7% pour les personnes âgées de 25 à 44 ans et 3,8% pour les personnes âgées de 45 ans ou plus», selon toujours la note d’information du Haut-commissariat, publiée à l’occasion de la Journée internationale de la jeunesse. La même source ajoutait : le taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans titulaires d’un diplôme de niveau supérieur s’élève à 61,2% et qu’il est de 30,4% pour les jeunes détenteurs d’un diplôme de niveau moyen et de 12,9% pour ceux n’ayant aucun diplôme. Les promesses n’engagent que ceux qui y croient Toutes ces données tendent à montrer que l’arrivée du gouvernement actuel, formé au lendemain des élections législatives, n’a vraisemblablement pas permis d’espérer une nette et durable amélioration du marché de l’emploi, déplorent bon nombre de jeunes. En dépit de quelques initiatives, au demeurant louables mais visiblement peu convaincantes à leurs yeux, tel que le programme «Awrach», ils sont de plus en plus nombreux à scruter l’horizon avec appréhension et amertume. Que l’on ait affirmé que ce programme offrira quelque 250.000 opportunités de travail dans des chantiers publics, ce qui devrait permettre de booster l’emploi des jeunes, ces derniers ne se font pas d’illusion. Samira est convaincue que «les programmes du gouvernement mis en place dans l’optique de créer de l’emploi et d’encourager ces derniers à créer leurs propres projets manquent de sens et de cohérence». En fait, si la fragilité des emplois proposés dans le cadre dudit programme est évidente, les jeunes restent persuadés que ceux-ci ne sont qu’un accessoire pour se laisser convaincre que les choses bougent sur le terrain et qu’elles vont s’améliorer. Plus d’un an après la mise en place du gouvernement, certains laissent éclater leur colère et ne sont pas loin de penser qu’ils n’ont été que des marchepieds pour les dirigeants actuels. D’autres s’interrogent avec insistance sur leur avenir, persuadés que les préoccupations qui ont marqué autrefois leurs aînés sont restées d’actualité. «Pour combattre un tant soit peu le chômage au demeurant endémique, les autorités doivent d’abord apprendre à descendre de leur piédestal et rencontrer sur le terrain ce qu’endurent au quotidien les jeunes, particulièrement les lauréats », estime Nadia, une infographe de formation qui s’est convertie dans la photographie pour échapper à l’oisiveté. «Je pense que les difficultés pour les plus de trente ans dans ce pays sont dues uniquement aux entreprises et à leur mode de fonctionnement vis-à-vis des seniors. Ceux-ci se retrouvent trop souvent sur la touche après avoir été licencié», affirme Sofiane. Selon lui, «les managers optent souvent pour les juniors. Ou que les cadres âgés sont dépassés et coûtent, accessoirement, trop cher. Je n’en sais rien. En tout cas, c’est ce dont je souffre depuis pratiquement 5 ans», rumine-t-il. Autre préoccupation évoquée par les jeunes, l’information autour et sur ces questions, «A mon avis, une des principales causes du chômage chez les jeunes, c’est le manque d’informations. On ne sait plus quelle formation suivre pour répondre aux attentes du marché !», fustige Nawel. Se retirer complètement du marché du travail Convaincu que l’Etat ne parvient pas à assurer leur insertion sur le marché du travail, plusieurs jeunes choisissent désormais de se retirer complètement du marché du travail. «La plupart des jeunes, issus notamment de la classe moyenne voire plus bas,
Maroc. Le relatif redressement du marché du travail en 2021 en deçà des attentes
Le marché du travail a opéré un relatif redressement au terme de l’année 2021, après une sensible dégradation en 2020, marqué par la création nette de 230 mille emplois, selon Bank Al-Maghrib. Mais en dépit de cette performance, l’évolution du marché du travail « reste bien insuffisante pour compenser les pertes enregistrées un an auparavant et en deçà des attentes au regard de l’ampleur du rebond de l’économie nationale », a estimé la Banque centrale dans son rapport annuel sur la situation économique, monétaire et financière -exercice 2021. Dans ce rapport, présenté samedi dernier à Sa Majesté le Roi, Bank Al-Maghrib a toutefois noté que 309 mille demandeurs d’emploi ont en parallèle intégré le marché du travail, soit le nombre le plus élevé depuis 2004. Comme le souligne l’institution publique dans ce document, cela s’est traduit par une importante hausse du taux d’activité, laquelle a concerné exclusivement les femmes avec une amélioration d’un point de pourcentage à 20,9%. C’est dans ces conditions que le taux de chômage s’est accru de 0,4 point à 12,3% globalement, a noté Bank Al-Maghrib faisant toutefois état d’une aggravation prononcée parmi les jeunes citadins de 15 à 24 ans dont près de la moitié a été sans emploi. Bien qu’il ait le plus pâti des restrictions sanitaires, le secteur des services a créé 115 mille postes contre une diminution de 107 mille en 2020 ; tandis qu’il a été observé une augmentation de 71 mille emplois dans le BTP, après un recul de 9 mille. Mais ce qu’il est important de constater, c’est qu’« en dépit de la très bonne campagne agricole 2020/2021, les créations dans l’agriculture se sont limitées à 68 mille contre une perte de 273 mille, tandis que dans l’industrie y compris l’artisanat, la baisse du volume d’emplois se poursuit avec un repli de 19 mille après celui de 37 mille postes », a fait savoir la Banque centrale. Dans ce contexte et tenant compte également de l’évolution de la valeur ajoutée, le rapport annuel de Bank Al-Maghrib note que « la productivité apparente du travail dans les activités non agricoles s’est améliorée de 4,2% au lieu d’une contraction de 4,9% en 2020 ». Selon ledit rapport, en revanche, les salaires en termes réels ont accusé une diminution de 2,5%, après un accroissement de 2,5%, dans le secteur privé, et une progression de 0,4%, au lieu de 1,2%, dans la fonction publique. Quoi qu’on en pense, le document note que le marché du travail a connu une entrée nette de 309 mille demandeurs d’emploi au titre de l’année dernière, après une sortie de 110 mille un an auparavant ; alors que la population active s’était en conséquence accrue de 2,6% à près de 12,3 millions de personnes au terme de la même période. Ainsi qu’il ressort du rapport de BAM, « cette hausse a été plus marquée en milieu urbain avec un taux de 3% contre 1,9% dans les campagnes, et parmi les femmes avec 6,6% contre 1,4% pour leurs homologues masculins ». Notons qu’au cours de cette même année, la population active est restée peu féminisée avec une part de 23,5%, et faiblement qualifiée avec une proportion des sans diplômes qui atteint 48,6% au niveau national et 71,4% en milieu rural. A l’échelle internationale, grâce au maintien des mesures de soutien à l’emploi déployées depuis le déclenchement de la crise et à la reprise vigoureuse de l’activité économique, le rapport fait état d’une amélioration globale de la situation sur les marchés du travail en 2021, particulièrement dans les économies avancées. « Ainsi, le taux de chômage a connu un net recul aux Etats-Unis, revenant de 8,1% en 2020 à 5,4% en 2021, avec une création de 6,1 millions d’emplois contre une destruction de 8,9 millions », a estimé la Banque centrale. Alain Bouithy
La reprise du marché du travail ralentit à l’échelle mondiale
Menacée par de multiples crises mondiales interdépendantes, ainsi que par la montée des inégalités, la reprise du marché du travail à l’échelle mondiale marque de toute évidence le pas. Selon l’Organisation internationale du travail (OIT), qui en fait état dans un récent rapport, «les crises mondiales multiples entraînent une nette détérioration de la reprise du marché du travail mondial, avec une augmentation des inégalités entre, et au sein des pays». Après avoir enregistré des gains significatifs au quatrième trimestre 2021, le niveau des heures travaillées affiche une nette détérioration au premier trimestre 2022, constate l’agence onusienne. Les données recueillies montrent qu’il demeure 3,8% au-dessous de son niveau au quatrième trimestre 2019, considéré comme le point de repère d’avant-crise, souligne la 9e édition de l’Observatoire de l’OIT sur le monde du travail. Pour bien comprendre et apprécier la gravité de la situation, les auteurs du rapport expliquent que le recul du nombre d’heures travaillées équivaut à un déficit de 112 millions d’emplois à temps plein et signale un sérieux revers dans le processus de reprise. Ainsi qu’ils le relèvent dans le document, « cela constitue un revers au sein du processus de reprise depuis le dernier trimestre 2021 pendant lequel le déficit du nombre global d’heures travaillées était plus faible, à 3,2% ». Selon les explications de l’OIT, les dernières mesures de confinement en Chine comptent pour l’essentiel (86%) dans la baisse constatée au niveau mondial au deuxième trimestre 2022. Ainsi, « pour le premier trimestre 2022, ces estimations font état d’une nette détérioration en comparaison avec les prévisions précédentes de l’OIT publiées en janvier 2022 (2,4% au-dessous du niveau d’avant-crise, ce qui équivaut à 70 millions d’emplois à temps plein) », précise-t-on dans ce rapport. Pour l’OIT, il ne fait aucun doute que la multiplication des situations de crise internationale, notamment l’inflation (en particulier des prix de l’énergie et des denrées alimentaires), les turbulences financières, une éventuelle crise de la dette et les perturbations des chaînes d’approvisionnement mondiales – exacerbées par la guerre en Ukraine – accroît le risque que le nombre d’heures travaillées baisse à nouveau en 2022. Ce qui devrait avoir des répercussions plus larges sur les marchés du travail mondiaux dans les mois à venir. Autres enseignements contenus dans ce rapport : la reprise est très contrastée, et la divergence s’accentue entre les économies des pays riches et celles des pays pauvres. En effet, selon l’Observatoire de l’OIT, «si les pays à revenu élevé ont enregistré une reprise des heures travaillées, les économies à faible revenu et à revenu intermédiaire inférieur ont subi des revers au premier trimestre de cette année, avec un écart respectif de 3,6 et 5,7% par rapport à la période de référence d’avant-crise». La crainte des auteurs du rapport est que ces tendances divergentes soient susceptibles de s’aggraver au deuxième trimestre 2022. Pour le directeur général de l’OIT, Guy Ryder, en plus de marquer le pas, la reprise, inégale et fragile, du marché du travail à l’échelle mondiale « est rendue encore plus incertaine par une combinaison de crises qui se renforcent mutuellement ». Ainsi, craint-il, « l’impact sur les travailleurs et leurs familles, notamment dans les pays en développement, sera dévastateur et pourrait se traduire par des bouleversements sociaux et politiques». D’où son appel : «Il est désormais plus essentiel que jamais de travailler ensemble et de privilégier la création d’une reprise centrée sur l’humain». A noter que plus de deux ans après le début de la pandémie, force est de constater que les revenus du travail n’ont pas encore retrouvé leur niveau initial pour la majorité des travailleurs, l’écart entre hommes et femmes en matière d’heures travaillées a également augmenté pendant la pandémie et la hausse sensible des offres d’emploi dans les économies avancées à fin 2021 et au début 2022 a entraîné une tension sur les marchés du travail avec un nombre d’emplois disponibles grandissant par rapport à celui des demandeurs d’emploi. Par ailleurs, «alimentée par les perturbations de la production et du commerce exacerbées par la crise en Ukraine, l’augmentation des prix des denrées alimentaires et des matières premières frappe de plein fouet les ménages pauvres et les petites entreprises, en particulier celles de l’économie informelle», note l’OIT. Alain Bouithy