Ce tournant dans la guerre en RDC…
TRIBUNE. Ceux qui ont un regard averti ont pu observer un tournant majeur dans la guerre qui se déroule en RDC. Au moment où, après la défaite de Goma, les FARDC refusaient de se battre et qu’on a vu des villes tomber les unes après les autres sans coup férir, l’on entend brusquement des sanctions des USA contre des dignitaires rwandais puis des condamnations du Rwanda par l’UE, ces deux puissances protagonistes mêmes du conflit congolais et qui financent par millions de dollars les RDF et leurs opérations militaires en RDC.
Pendant que je lis par-ci par-là la jubilation des intellectuels congolais qui voient en tout ça la victoire de la diplomatie congolaise, je choisis de rester circonspect. La question fondamentale et cruciale que je me pose depuis une semaine est la suivante : quelle est la logique souterraine à ce brusque changement ? Trois hypothèses à cela.
1.En 2024, une règle d’or a été violée dans le processus de la guerre de basse intensité qui se déroule en RDC. L’invasion de Goma par une armée d’un pays étranger et devant les caméras du monde a brisé l’omerta que le Rwanda et ses commanditaires occidentaux avaient réussi à imposer, 25 ans durant, sur les massacres humains à vaste échelle, sur les viols massifs des femmes et bien entendu sur les pillages systématiques des richesses congolaises dont eux étaient devenus acheteurs et recéleurs. La plupart des médias du monde ont diffusé jour et nuit les images de massacres de 3000 congolais à Goma et ça a suscité l’indignation du monde et la bascule de l’opinion internationale en faveur du Congo.
Les puissants se sont vite aperçus du danger d’afficher publiquement leurs alliances avec le régime rwandais sanguinaire et se sont pris à des condamnations pour masquer leur complicité aux crimes et donner de bonnes apparences.
2.Ils savent que, quelle que soit ta puissance militaire, tu ne peux vaincre un pruol qui te déteste, un peuple dont tu n’as pas gagné au préalable les cœurs et les esprits. Dans la bataille géopolitique qui se déroule en RDC entre l’Occident et la Chine pour le contrôle des minerais congolais, il s’avère nécessaire de ne pas s’afficher publiquement de peur de s’aliéner l’affection de l’opinion congolaise. Ils ont donc choisi la duperie et la ruse en utilisant un « LIEUTENANT » africain qui assure la sale besogne de pillages et des massacres opérés par des multinationales occidentales. D’où l’attachement des occidentaux à la personne de Kagame en dépit du sang de millions des congolais sur ses mains.
Comparativement à la guerre de Gaza et de l’Ukraine qui a vu tomber les condamnations de juridictions internationales sur Netanyahu et sur Poutine, cela n’a pas été le cas pour le Congo-Kinshasa. Tout le monde sait que c’est le Rwanda qui a envahi le Congo voisin et pourtant les condamnations ont épargné le concepteur et meneur de la guerre notamment Paul Kagame. En se contentant de condamner des fretins comme James Kabarebe et Lawrence Kanyuka, ces puissants occidentaux procèdent à la DIVERSION comme pour dire entre les lignes, que la guerre et le soutien à notre proxy continuent, nonobstant les apparences.
Pour preuve, l’administration Trump n’a pas coupé l’aide annuelle de 200 millions de $ destinés depuis des décennies à l’armée Rwandaise. Tout comme l’Union européenne qui tempête ces derniers temps mais elle n’a pourtant pas annulé ses accords UE-Rwanda sur l’exploitation des matières premières congolaises.
Ce mode opératoire de crier sur les toits du monde via des sanctions ou des condamnations de l’ennemi pendant qu’on est resté en parfait accord avec lui se verifie même à l’intérieur du Congo où n’ont jamais été défenestrés des FARDC tous ces infiltrés rwandais mixés ou brassés ni encore n’ont jamais été annulés les fameux accords sécuritaires et économiques signés par Felix Tshisekedi en juin 2021 à l’avantage du Rwanda. Bref ici et là, le politique occidental et/ou congolais joue sur la forme tout en sauvegardant intégralement le contenu dudit système.
3.Pour tout dire, ces brusques condamnations de la communauté internationale sont relatives à la forte pression de l’opinion occidentale qui a vu diverses images d’horreur à l’Est du Congo. Elles sont purement COSMÉTIQUES et il s’agit ici de jouer avec le temps et avec l’amnésie des congolais pour espérer reprendre tôt ou tard là où ont été suspendus momentanément les pillages du Congo via Kagame ou via un autre nègre de service adapté à ce rôle.
Et de fait si dans l’avenir ils se sentiront obligés de se débarrasser de Paul Kagame ou de Tshisekedi, ces puissants ne nous donnent aucune garantie de mettre fin à ce système de prédation dans son ensemble car il les nourrit et les engraisse. Ils changeront des acteurs mais pas le système.
Ils ne vont pas arrêter de soutenir le Rwanda ou la sous-traitance d’un pays tiers. Cessons d’être naïfs et sachons que ça se chuchote déjà dans les couloirs du bureau de l’UE à Bruxelles que ces condamnations sont juste pour préparer l’opinion du monde à l’envoi imminent des troupes française et belge à l’Est du Congo en remplacement des troupes rwandaises à qui l’ordre a été donné de quitter progressivement Bukavu et Goma. C’est bien là le piège. Le retrait du Rwanda pour être remplacé par la France ou l’ex-puissance coloniale belge dans la région des grands lacs amorce une nouvelle page d’histoire d’occupation du Congo. Comme nous l’a prouvé la Monusco, ces troupes occidentales ne viennent pas pour consolider la paix durable au Congo. Elles viennent pour garantir la mainmise occidentale sur les resources congolaises.
Il a donc raison l’euro-député Marc Botenga qui au sortir d’une session parlementaire du vendredi dernier, faisait ce coup de gueule : «cessez de soutenir le Rwanda, de signer des contrats avec lui ou de lui fournir les armes et la guerre finira ». Mais voyons! ils ne peuvent pas et ils ne veulent pas que cette guerre finisse car ce chaos organisé en RDC fait même partie de la mécanique du capitalisme sauvage et carnivore qui forme l’architecture de leurs économies.
Germain Nzinga

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