Les flux d’investissement vers l’Afrique ont chuté à 45 milliards de dollars en 2022

Les flux d’investissement vers l’Afrique ont chuté à 45 milliards de dollars en 2022

Selon le Rapport sur l’investissement dans le monde 2023 de la CNUCED, les opérations internationales de financement de projets ciblant l’Afrique ont enregistré une baisse de 47% en valeur. Le Rapport sur l’investissement dans le monde 2023 de la CNUCED publié le 5 juillet montre que les flux d’investissements directs étrangers (IDE) vers l’Afrique ont chuté à 45 milliards de dollars en 2022 par rapport au record de 80 milliards de dollars atteint en 2021. Ils ont représenté 3,5 % des IDE mondiaux. Le nombre d’annonces de projets nouveaux a augmenté de 39 % pour atteindre 766. Six des 15 principaux mégaprojets d’investissement greenfield (d’une valeur supérieure à 10 milliards de dollars) annoncés en 2022 se trouvaient en Afrique. En Afrique du Nord, l’Égypte a vu l’IDE plus que doubler pour atteindre 11 milliards de dollars, en raison de l’augmentation des ventes transfrontalières de fusions et d’acquisitions. Le nombre de nouveaux projets annoncés a plus que doublé, passant à 161. La valeur des opérations de financement de projets internationaux a augmenté de deux tiers, pour atteindre 24 milliards de dollars. Les flux vers le Maroc ont légèrement diminué, de 6 %, pour atteindre 2,1 milliards de dollars. En Afrique de l’Ouest, le Nigeria a entrainé des flux d’IDE négatifs, à -187 millions de dollars, à la suite de cessions d’actions. Les projets de création annoncés ont toutefois augmenté de 24 % pour atteindre 2 milliards de dollars. Les flux vers le Sénégal sont restés stables à 2,6 milliards de dollars. Les flux d’IDE vers le Ghana ont chuté de 39 % pour atteindre 1,5 milliard de dollars. En Afrique de l’Est, les flux vers l’Éthiopie ont diminué de 14 % pour atteindre 3,7 milliards de dollars ; le pays est resté le deuxième bénéficiaire d’IDE sur le continent. Les IDE vers l’Ouganda ont augmenté de 39 % pour atteindre 1,5 milliard de dollars, grâce à des investissements dans les industries extractives. L’IDE vers la Tanzanie a augmenté de 8 % pour atteindre 1,1 milliard de dollars. En Afrique centrale, l’IDE en République démocratique du Congo est resté stable à 1,8 milliard de dollars, l’investissement étant soutenu par des flux vers les champs pétroliers offshore et l’exploitation minière. En Afrique australe, les flux sont revenus à leurs niveaux antérieurs après le pic anormal de 2021 causé par une importante reconfiguration d’entreprises en Afrique du Sud. L’IDE en Afrique du Sud s’est élevé à 9 milliards de dollars – bien en dessous du niveau de 2021, mais deux fois plus que la moyenne de la dernière décennie. Les fusions et acquisitions transfrontalières dans le pays ont atteint 4,8 milliards de dollars, contre 280 millions de dollars en 2021. En Zambie, après deux années de valeurs négatives, l’IDE a augmenté pour atteindre 116 millions de dollars. Quatre groupements économiques régionaux en croissance Au cours des cinq dernières années, les flux d’IDE ont augmenté dans quatre des groupements économiques régionaux du continent. L’IDE dans le Marché commun de l’Afrique orientale et australe a augmenté de 14 % pour atteindre 22 milliards de dollars. Les flux ont également augmenté dans la Communauté de développement de l’Afrique australe (quadruplement, à 10 milliards de dollars), l’Union économique et monétaire ouest-africaine (doublement, à 5,2 milliards de dollars) et la Communauté de l’Afrique de l’Est (augmentation de 9 %, à 3,8 milliards de dollars). Les investissements intrarégionaux sont restés relativement faibles, malgré une augmentation au cours des cinq dernières années. En 2022, les annonces de nouveaux projets intrarégionaux représentaient 15 % de tous les projets en Afrique (2 % en termes de valeur), contre 13 % (2 % en valeur) en 2017. Cependant, en valeur, les trois quarts des projets annoncés dans lesquels investissent uniquement des entreprises multinationales africaines concernaient le continent. En 2022, la plus forte augmentation des annonces de projets entièrement nouveaux concerne l’approvisionnement en énergie et en gaz (à 120 milliards de dollars contre 24 milliards de dollars en 2021). La valeur des projets dans la construction et les industries extractives a également augmenté, pour atteindre respectivement 24 milliards de dollars et 21 milliards de dollars. Le secteur de l’information et de la communication a enregistré le plus grand nombre de projets.    Les opérations internationales de financement de projets ciblant l’Afrique ont enregistré une baisse de 47 % en valeur (74 milliards de dollars, contre 140 milliards de dollars en 2021), mais une augmentation de 15 % du nombre de projets, qui s’élève à 157. Les investisseurs européens restent, de loin, les plus grands détenteurs de stocks d’IDE en Afrique, menés par le Royaume-Uni (60 milliards de dollars), la France (54 milliards de dollars) et les Pays-Bas (54 milliards de dollars).

Didier Sylvestre Mavouezel : l’environnement des affaires freine les IDE au Congo

Didier Sylvestre Mavouezel : l’environnement des affaires freine les IDE au Congo

« La crise financière ne peut pas être responsable du manque ou de la diminution des investissements directs étrangers au Congo », selon le président de la chambre de Commerce, d’industrie et des métiers de Pointe-Noire, Didier Sylvestre Mavouezel. Bien qu’optimiste dans la relance des gros investissements étrangers au Congo, il affirme dans un entretien à Vox Congo : « ce qui freine les investissements directs étrangers, c’est l’environnement des affaires. Si on n’a pas un secteur privé développé, je pense que c’est lié à l’environnement des affaires. il faut que nous encouragions le secteur privé. » Pour Didier Sylvestre Mavouezel, « les gouvernants, à chaque fois qu’ils prennent des mesures, doivent parfois se demander, si les mesures sont bonnes pour le secteur privé », a-t-il confié à notre confrère à l’occasion du Forum Vox Eco qui se tient aujourd’hui à Brazzaville. Il fait aussi observer : « aujourd’hui, la tendance on parle de renforcer les recettes de l’Etat. Mais, il faut savoir que les recettes de l’Etat, s’obtiennent à partir d’une base constituée par le secteur privé et sur cette base, on applique un taux ». Adrien Thyg

La réduction des risques, principal attrait des investissements étrangers

La réduction des risques, principal attrait des investissements étrangers

Attirer les investissements directs étrangers (IDE) est une préoccupation permanente pour de nombreux pays en voie de développement qui ne cessent d’initier des politiques à même d’attirer cette manne très convoitée. La course aux IDE est telle qu’une compétitivité sournoise s’est installée parmi les pays désireux de stimuler l’investissement et la croissance de leurs économies respectives. Dans un récent rapport sur les facteurs de compétitivité des investissements dans les pays en développement (Global Investment Competitiveness Report 2017–2018), la Banque mondiale s’est justement intéressée aux principaux facteurs à même de déclencher des investissements directs étrangers (IDE). Selon l’étude qu’elle a menée auprès de 750 cadres d’entreprises multinationales, l’environnement des affaires prévisible, les réglementations efficaces et la stabilité de la situation politique constituent les principaux facteurs pouvant déclencher les IDE. L’analyse des résultats de cette enquête a fait ressortir que les acteurs internationaux privilégient la stabilité politique, la sécurité, l’environnement macroéconomique et l’attractivité du cadre réglementaire au moment de procéder à des investissements dont on sait qu’ils peuvent jouer un rôle capital dans la croissance et la création d’emplois. Pour Anabel Gonzalez, directrice principale du pôle mondial d’expertise en commerce et compétitivité du Groupe de la Banque mondiale, « les facteurs décisifs des choix des multinationales concernant leurs investissements dans les pays en développement résident dans un cadre juridique et réglementaire propice à l’activité économique des entreprises, ainsi que dans des conditions politiques, sécuritaires et macroéconomiques saines », a-t-elle précisé. Selon cette experte, en conjuguant une enquête auprès d’investisseurs internationaux à une analyse des politiques d’investissement, le rapport a permis de mieux comprendre comment les pays en développement, et en particulier les Etats fragiles, peuvent réduire les risques associés à leurs économies et déclencher un afflux d’IDE. Comme l’a relevé l’institution financière internationale dans un communiqué, le rapport étudie l’impact des investissements directs étrangers sur les possibilités de croissance des entreprises locales et évalue le rôle des exonérations d’impôts et autres incitations fiscales dans l’attractivité d’un pays. L’étude analyse aussi les caractéristiques des IDE provenant de pays en développement et revient sur l’expérience d’investisseurs étrangers dans des pays en situation de conflit et de fragilité, a précisé la BM. Ainsi, la Banque mondiale a noté qu’« en combinant le point de vue direct des investisseurs potentiels à des travaux de recherche et d’analyse approfondis, le rapport met en évidence l’importance d’un climat d’investissement propice et à faible risque, pour les multinationales comme pour les entreprises locales». Elle a également ajouté que les recommandations de réforme avancées devraient aider les pays à attirer des investissements étrangers au service du développement. Ted Chu, économiste en chef de la Société financière internationale (IFC) a toutefois rappelé que « le rapport sur la compétitivité des investissements dans le monde ne se contente pas d’étudier les grandes tendances de l’investissement étranger : il analyse en profondeur les principaux leviers des IDE ». Selon lui, le rapport propose également des recommandations concrètes et exploitables qui aideront les pays en développement à tirer parti des investissements internationaux. Fruit d’un travail conjoint de la Société financière internationale (IFC) et du pôle mondial d’expertise en commerce et compétitivité du Groupe de la Banque mondiale, le rapport a été dévoilé le 25 octobre en marge du Forum sur la compétitivité des investissements. Avaient été conviés à cette rencontre, plusieurs cadres d’entreprise, des donateurs partenaires, des universitaires et de hauts responsables de pays en développement ayant engagé des réformes majeures dans leurs politiques d’investissement.