Dans le cadre des appels à projets «Agir ensemble pour la défense des Droits des minorités et des groupes vulnérables», l’Union des Syndicats du Congo (USC), membre du PCPA Congo, a ciblé en 2018, les groupes vulnérables et mis l’accent sur «l’appui aux femmes victimes des violences économiques : femmes domestiques, cas du Congo ». Ce micro projet est financé par le Comité Français pour la Solidarité Internationale, l’Agence Française de Développement et l’Union Européenne pour une durée d’un an, a dit la présente de ce syndicat, Mme Anne Marie Nzila, à Pagesafrik.info.
Pagesafrik: Quel est le but de cette activité socioprofessionnelle mène votre syndicat ?
Cette activité aura pour but d’abord la sensibilisation des femmes et des pouvoirs publics concernés et ensuite faire le plaidoyer en vue de la ratification et l’élaboration d’une convention collective au lieu d’un simple arrêté n° 1868 d’octobre 1995. Les actions de sensibilisations les femmes vont se déroulent dans les arrondissements retenus par le projet à savoir, Makélékélé, Poto-Poto, Moungali et DJiri. Nous les poursuivrons avec l’action de plaidoyer envers les pouvoirs publics (Gouvernement- Parlement en vue de la ratification de la convention C.189 de l’OIT sur le travail domestique.
Sur quelles bases avez-vous initié cette activité ?
Cette activité a été initiée avec un échantillon des femmes domestiques avec lesquelles nous avons échangé pour mieux cerner la problématique et dégager les approches de solutions.
Quel était le public visé et pourquoi cette cible particulière ?
Nous avons visé cette couche travailleuse parce qu’elle est la plus importante dans plus de 50% des ménages ayant un revenu moyen conséquent. Dans ce secteur, la demande de services ne cesse d’augmenter, ce travail n’est pas apprécié à sa juste valeur. Il est mal réglementé, mal rémunéré, pas de sécurité sociale, non-respect des heures de travail, absence de congés payés, elles-mêmes ignorent leurs droits. Elles font presque tout jusqu’à mettre mal à l’aise leur dignité.
Nous avons aussi ciblé cette couche pour emmener la population et les pouvoirs publics à changer de regard vis-à-vis des femmes qui nous aident au quotidien dans nos travaux de ménage.
Quelle est la réaction des participants ?
Dans les arrondissements que nous sommes en train de dérouler cette activité les réactions sont très positives du côté des femmes qui souhaitent que l’action aboutisse, et d’autres ont pris la résolution de saisir l’inspection de travail en cas d’abus par leur patron ; du côté du patronat, les réactions sont mitigées.
Avez-vous noté des signes d’intéressement des personnes concernées ?
D’abord c’est avec étonnement que les femmes domestiques ont reçu les identificateurs dans leur lieu de travail, d’autres ont refusé de parler sur le lieu de travail, préférant rencontrer les identificateurs en dehors des heures de travail. Il nous faut établir une relation de confiance dans un premier temps dans un milieu où les rapports de travail avec l’employeur ne sont que dévotion. Ce sera avec le travail de sensibilisation sur les droits et il faut reconnaitre que c’est un travail de longue haleine. Notre souhait c’est les entendre sur les violences quelles subissent au quotidien en dehors du droit de travail afin de les orienter vers une assistance juridique.
Dans l’ensemble, l’action est salutaire. Nous avons déjà quelques femmes qui nous consultent sur des questions liées à leur travail, savoir comment faire. D’autres femmes vont jusqu’à nous demander où nous étions depuis tout ce temps et jusqu’où nous irons dans cette aventure engagée par l’USC.
Quelle a été la réaction des employeurs qui vont désormais débourser plus qu’avant ?
Devant l’ampleur de la précarité de l’emploi, le degré de pauvreté et un patronat difficile à maitriser et à rassembler, nous commençons par la sensibilisation des femmes sur leurs droits et ensuite les organiser. Cette structure aura la responsabilité d’emmener les employeurs au respect de leur droit et à les immatriculer par exemple à la caisse de sécurité, ces derniers se feront l’obligation de se constituer en employeurs. Pour le moment les réactions sont mitigées. Propos recueillis par Florent Sogni Zaou