
TRIBUNE. L’annonce faite au cours de cette semaine par Luanda à propos des négociations directes entre Tshisekedi et les M23 est, semble-t-il, liée aux négociations en cours entre Tshisekedi et l’Administration américaine qui sont sur le point de signer un deal de cession de l’exploitation des terres rares congolaises en contrepartie de la sécurité nationale.
Selon certaines indiscrétions, l’équipe de Trump a posé comme condition : les négociations directes avec le M23. Tshisekedi qui se retrouve dos au mur après la chute de Goma et de Bukavu semble ne pas avoir d’autre choix. Soit lui-même soit ses émissaires se verront obligés de VIOLER le SERMENT fait devant le peuple congolais de ne jamais négocier avec les rebelles M23/AFC.
La date de ces négociations c’est le 18 mars. L’adresse: Luanda. Médiateur : Lourenço. Ce qui échappe à la connaissance des congolaises et des congolais c’est l’incertitude sur la bonne foi des yankees qui, comme tireurs des ficelles et commanditaires de la politique d’agression rwandaise, détiennent la dernière carte sur la fin des hostilités à l’Est du Congo.
Pour me faire comprendre, j’en viens à l’exemple illustratif du mode opératoire américain avec ce qui s’est passé en Ukraine. Le président Zelensky pris en tenaille par Poutine s’est vu obligé d’accepter les conditions américaines de céder l’exploitation de ses minerais rares pour bénéficier en retour de la protection sécuritaire des États-Unis d’Amérique. Une fois en Arabie Saoudite, la délégation américaine intime carrément à Zelensky d’abandonner les villes ukrainiennes de Donbass et d’Odessa aux mains des russes pour n’espérer gérer que le reste du pays.
Mutatis mutandi concernant la République Démocratique du Congo, rien mais vraiment rien ne nous rassure que les américains ( initiateurs du plan d’invasion et de pillages par procuration des ressources minières de la RDC) vont rétrocéder la partie de l’Est conquise par leur sous-traitant. Et d’ailleurs auraient-ils de sérieux motifs de changer ce plan qui fonctionne si bien depuis 1997? Et si ce forcing aux négociations via des subterfuges inédits n’est que le moyen mis en œuvre pour prendre Tshisekedi par surprise comme cela a été le cas à Riyad au grand dam de Zelensky? Et si ce stratagème était destiné à ruser avec le président congolais à qui les Yankees tendraient un piège pour le pousser à signer contre son gré un accord qui légitimerait de facto la partition du pays?
Attendu que les négociations se dérouleraient dans un format direct entre deux camps congolais, à savoir ke gouvernement et le M23, la partition du pays, si elle venait à être signée, ne serait-elle pas mise exclusivement sur le dos des congolais qui auraient négocié entr’eux pour décider de la division de leur propre pays? Pendant que toutes les dividendes seront au bénéfice de Kagame et de ses commanditaires, cette fois-ci au moins Paul Kagame n’en portera plus la responsabilité car la décision de partition serait historiquement mise à 100% sur les épaules des congolais.
Le processus de Luanda semble être un piège redoutable capable de se refermer sur le peuple congolais et pour très longtemps. Quand bien même la RDC à l’étape actuelle ne dispose pas de marge de manœuvre pour dire NON, la participation à ce forum requiert beaucoup de tact diplomatique et d’intelligence stratégique pour voir de loin les pièges tendus et frayer parallèlement une voie secondaire qui nous permette d’avancer.
Par Germain Nzinga