Les perspectives de l’économie nationale pour l’année 2019 présentent un tableau peu idyllique, en ce sens qu’elles laissent entrevoir la poursuite de la décélération du rythme de la croissance économique observée durant la période 2010-2017 et entre l’année dernière et celle en cours.
Selon le Haut-commissaire au plan, Ahmed Lahlimi Alami, qui a présenté mercredi 16, à Casablanca, le « Budget économique prévisionnel 2019 » de l’organisme public, le Produit intérieur brut devrait s’accroître en volume de 3% en 2018 et 2,9% en 2019, après 4,1% réalisé en 2017. Le tout dans un contexte d’une décélération de l’inflation intérieure qui passerait de 1,7% en 2018 à 1,2% en 2019.
« Cette décélération s’explique particulièrement par les difficultés des activités non agricoles à se réinscrire dans un sentier haussier pour se stabiliser à 3% seulement entre 2018 et 2019 au lieu d’une moyenne de 4,2% enregistrée durant la période 2008-2012 », a indiqué le Haut-commissariat.
Des hypothèses retenues par le Haut-commissariat pour l’année en cours, il apparaît que l’économie nationale serait marquée par une quasi-stagnation de la valeur ajoutée primaire et de l’amélioration des activités non agricoles; le maintien de la contribution négative de la demande extérieure à la croissance du PIB; l’allègement du déficit budgétaire; une légère atténuation des déficits externes; un léger repli des niveaux des épargnes intérieure et nationale ainsi qu’une augmentation des principales contreparties de la masse monétaire.
Selon ses prévisions, qui prennent en considération, en plus des nouvelles dispositions de la loi de Finances 2019, en matière de dépenses d’investissement, de fonctionnement et de compensation, les hypothèses afférentes aux nouvelles tendances de l’environnement national et international, le ralentissement de la croissance économique en 2019 devrait se traduire par de faibles créations nettes d’emploi.
De ces perspectives, qui se basent également sur la réalisation d’une production céréalière moyenne durant la campagne agricole 2018-2019 et une consolidation des activités des autres cultures et celles de l’élevage, il ressort qu’avec une légère baisse du taux d’activité, le taux de chômage atteindrait néanmoins 10,1% au lieu de 10% en 2018 et 10,2% enregistré en 2017.
Quoiqu’en léger ralentissement, le Haut-commissariat assure que la demande intérieure continuerait de tirer la croissance économique nationale et devrait enregistrer un accroissement de 3,4% en 2019, avec une contribution à la croissance de 3,8 points au lieu de 4 points en 2018, a-t-il indiqué.
Ceci, « sous l’effet d’une légère hausse de la formation brute de capital fixe de 2,9% en 2018 à 3,2% en 2019 et d’une faible croissance de la consommation finale des ménages se situant à 3,5% en 2019, au lieu de 3,4% en 2018 », a-t-il expliqué.
De son côté, la contribution de la demande extérieure resterait négative. Elle devrait passer « d’un point en 2018 à -0,8 point en 2019, en raison de la persistance de l’écart entre le rythme de croissance des importations et celui des exportations », a averti Ahmed Lahlimi Alami.
Soulignons qu’en dépit du ralentissement de la demande mondiale adressée au Maroc, le HCP s’attend à ce que les exportations enregistrent un accroissement de 5,9% en volume. Tandis que les importations afficheraient une hausse de 6,4% au lieu de 6,1% en 2018.
Ainsi, pour le Haut-commissariat, « la contribution à la croissance de la demande extérieure nette, devrait rester négative de l’ordre de 0,8 point en 2019 après celle d’un point en 2018 ».
En tenant compte des dépenses d’investissements qui représenteraient 5% du PIB en 2019, le Haut-commissariat prévoit un allégement du déficit budgétaire qui devrait atteindre 3,7% du PIB, après 3,9% estimé pour l’année 2018.
S’agissant du besoin de financement, le Haut-commissariat au plan s’attend à ce que l’économie nationale connaisse un certain allègement du besoin en financement.
Ahmed Lahlimi Alami prévient que « l’effort d’investissement ralentirait passant de 32,4% du PIB en 2018 à 32% en 2019, alors que l’épargne nationale se situerait à 27,7% du PIB en 2019, au lieu de 28% en 2018 », soutenant ainsi que le besoin de financement passerait de 4,7% en 2018 à 4,5% en 2019, que notre pays doit couvrir par le recours à l’endettement.
« Dans ces conditions, l’endettement public global de l’économie passerait de 82,2% du PIB en 2018 à 82,5% en 2019, au lieu de 82% en 2017 », a-t-il soutenu.
Enfin, sur le marché monétaire, le Haut-commissaire a dit s’attendre à une amélioration des réserves en devises qui passeraient de 230 milliards de DH en 2018 à 235 milliards de DH cette année, soulignant que cette évolution s’accompagnerait d’une accélération du rythme de croissance de la masse monétaire de 4% en 2019, au lieu de 3,5% en 2018.
Il est à noter que le Budget économique prévisionnel 2019 présenté est une révision du budget économique exploratoire publié au mois de juillet 2018.
Lors de cette rencontre, le HCP a précisé qu’il s’agit d’une nouvelle estimation de la croissance de l’économie nationale en 2018 et d’une révision des perspectives économiques de l’année 2019 et leurs effets sur les équilibres macroéconomiques internes et externes et sur le financement de l’économie.
Alain Bouithy