Plusieurs pays africains dont le Maroc ont progressé sur la voie de l’industrialisation au cours de la dernière décennie, révèle un nouveau rapport de la Banque africaine de développement (BAD), de l’Union africaine (UA) et de l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI).
Selon le rapport sur l’Indice de l’industrialisation en Afrique (AII), publié récemment par la Banque africaine et ses partenaires, « trente-sept des cinquante-deux pays africains ont vu leur niveau d’industrialisation s’accroître au cours des onze dernières années ».
D’après les auteurs de ce document, qui fournit une évaluation à l’échelle nationale des progrès réalisés par les 52 pays africains sur la base de 19 indicateurs clés, « l’Afrique du Sud a conservé un classement très élevé tout au long de la période 2010-2021, suivie de près par le Maroc, qui occupait la deuxième place en 2022 ».
L’Égypte, la Tunisie, Maurice et Eswatini complètent le top six sur la même période, fait savoir le rapport intitulé « Indice de l’industrialisation en Afrique 2022 » (IIA 2022).
Au cours de la période couverte, Djibouti, le Bénin, le Mozambique, le Sénégal, l’Éthiopie, la Guinée, le Rwanda, la Tanzanie, le Ghana et l’Ouganda ont tous progressé de cinq places ou plus dans le classement, poursuit le rapport.
Dans un communiqué, l’institution financière panafricaine explique que l’évaluation de l’industrialisation des pays s’effectue sur la base d’une série de paramètres.
19 indicateurs de l’indice couvrent les performances manufacturières, le capital, la main-d’œuvre, l’environnement des affaires, les infrastructures et la stabilité macroéconomique, souligne-t-elle.
« L’indice établit également un classement du niveau d’industrialisation des pays africains selon trois axes : les performances, les déterminants directs et indirects », poursuit en outre la Banque de même source.
Précisons que les déterminants directs comprennent les dotations en capital et en main-d’œuvre et la manière dont elles sont déployées pour stimuler le développement industriel.
En ce qui concerne ce sous-indice, le rapport révèle que le Maroc se place à la tête du Top 5 du classement, à l’échelle continentale. Le Royaume est suivi par l‘Afrique du Sud, la Tunisie, l’Egypte, et l’Algérie.
Quant aux déterminants indirects, ils comprennent les conditions environnementales favorables telles que la stabilité macroéconomique, des institutions et des infrastructures solides, selon la BAD. Ici, le Maroc vient en deuxième position derrière l’Afrique du Sud. Il est suivi par l’Egypte, la Tunisie, et l’ile Maurice.
Il est important de préciser que « les pays les plus performants ne sont pas nécessairement ceux dont l’économie est la plus importante, mais plutôt ceux qui réalisent la plus forte valeur ajoutée manufacturière par habitant », comme le relève le rapport dont la première édition a été lancée en marge du Sommet de l’Union africaine sur l’industrialisation et la diversification économique qui s’est tenu à Niamey, au Niger.
Les experts qui se sont penchés sur le rapport notent par ailleurs que l’Afrique du Nord reste la région africaine la plus avancée en matière de développement industriel, suivie par l’Afrique australe, l’Afrique centrale, l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique de l’Est.
Si l’Afrique a fait des progrès encourageants en matière d’industrialisation au cours de la période 2010-2022, force est de constater que la pandémie de Covid-19 et l’invasion de l’Ukraine par la Russie ont freiné ses efforts et mis en évidence des lacunes dans les systèmes de production, a déploré Abdu Mukhtar, directeur du Développement de l’industrie et du commerce à la Banque africaine de développement.
Qu’à cela ne tienne, il est persuadé que « le continent a une occasion unique de remédier à cette dépendance en renforçant davantage son intégration et en conquérant ses propres marchés émergents. »
Pour Abdu Mukhtar, qui représentait la Banque africaine lors de l’événement de lancement du rapport, « la Zone de libre-échange continentale africaine constitue une opportunité inédite de créer un marché unique de 1,3 milliard de personnes et de générer des dépenses cumulées des consommateurs et des entreprises pouvant atteindre 4 000 milliards de dollars, ce qui offre la possibilité de renforcer leurs liens commerciaux et de production et de tirer enfin parti de la compétitivité industrielle de l’intégration régionale, comme l’ont fait d’autres régions. »
Le rapport « permettra aux gouvernements africains d’identifier des pays de référence afin de mieux évaluer leurs propres performances industrielles et d’identifier plus efficacement les meilleures pratiques », selon la Banque africaine qui a investi jusqu’à 8 milliards de dollars au cours des cinq dernières années dans le cadre de sa priorité stratégique « High-5 » dénommée « Industrialiser l’Afrique ».
Comme l’a relevé Abdu Mukhtar, « rien que dans le secteur pharmaceutique, nous avons l’intention de dépenser au moins 3 milliards de dollars d’ici 2030 ».
Alain Bouithy