L’Afrique devrait s’interroger sur la balkanisation de la RDC

TRIBUNE. Que faudrait-il d’intellectuels et d’hommes politiques d’envergure pour mettre sur orbite une Afrique conséquente, une Afrique qui entre en jonction véritable avec ses vénérables anciens (Kwamé Nkrumah, Modibo Keita, Djomo Kenyatta, Julius Nyerere), ces illustres personnages qui avaient ouvert la voie pour l’affirmation et la dignité du peuple africain.

Si on considère que le développement est une préoccupation qui va de soi, le lien le plus évident était la fraternité. Le fait est que tous les africains se considèrent comme frères, mais en rapport avec l’entendement des anciens, c’est de l’eau tiède, rien de tellement consistant. Aussi, toutes les intégrations régionales outre qu’économiquement, c’est une marche de petit poucet; politiquement, c’est un enlisement.

Il est évident que des assujettissements opèrent encore et contraignent les Etats africains d’indécentes manières. Cela est si vrai que l’Afrique reste à construire. Des fulgurances, Dieu merci, remettent de temps à autre l’ouvrage inachevé sur le métier, mais le gros du continent marque le pas.

Le Soudan et la Libye n’en finissent pas de s’embraser, les poches d’instabilité sont légion avec comme dôme saillant la RDC, pachyderme fabuleux et sous continent béni des Dieux, tant les ressources minières foisonnent.

La RDC en proie à de violents affrontements

En prise avec un lilliputien conquérant qui n’a peur et ne recule devant rien dans sa volonté d’acquérir de nouveaux territoires, la République Démocratique du Congo (RDC) joue une fois de plus sa survie, et cela dure depuis des décennies.

A l’origine d’un fâcheux malentendu qui a ouvert un conflit armé entre deux pays parents parlant plus d’une langue en commun, l’impérieuse volonté impérialiste du Rwanda, qui utilise le M23 comme paravent dans une épopée macabre marquée par un accaparement des ressources minières et un égrugeage d’une population qui n’aspire qu’à vivre en paix, montre une « volonté de puissance » avec toute sa dimension d’hégémonisme.

Cette politique expansionniste qui se déroule à huit clos, dans un silence désespéré pour une population pris en otage et qui ne sait vers quel divinité se tourner pour demander de l’aide, ne fait que renforcer l’instabilité des pays de la sous-région et empêcher in fine toute avancée vers le développement.

Enhardies par les conquêtes précédentes, il est évident que les troupes rwandaises, comme en République centrafricaine, seraient utilisées pour accompagner des opérateurs économiques véreux et garder des mines. Il est donc à craindre qu’elles ambitionnent de prendre définitivement leurs quartiers sur ces territoires annexés, avec la farouche volonté d’y rester ad vitam aeternam. Cela serait insupportable !
Que vaut la vie d’un congolais qui vit dans les territoires occupés, sous emprise de l’armée rwandaise et de ses supplétifs du M23 ?

Les égarements du présent ne peuvent empêcher les africains de prendre conscience que même des siècles d’oppression et de domination ne peuvent réussir à anéantir le désir de libération d’un peuple. Que l’acharnement qui se cristallise devant nos yeux fasse réagir leurs esprits. Qu’ils en prennent de la graine !

Où est l’Union Africaine, un machin comme disait quelqu’un. Où sont les enfants d’Afrique ?

Un silence coupable et complice

Depuis des lustres, nul ne peut obtenir l’onction des mânes africains s’il ne dénonce les abus du colonialisme, la cruauté et l’iniquité de l’administration coloniale. Léopold Sédar Senghor n’affirmait-il pas dès 1945 : « Les jeunes nègres d’aujourd’hui ne veulent ni asservissement ni assimilation. Ils veulent l’émancipation. »

Et pourtant en 2025, on trouve encore des Africains qui dégotent des prétextes fallacieux pour justifier l’invasion d’un pays africain par un autre. Rien ne peut justifier cet asservissement qui oblige des millions de citoyens de la RDC à vivre sous l’iniquité, l’oppression et l’injustice.

Prendre pour exemple, le Président américain Donald Trump qui a manifesté son intention de reprendre le contrôle du canal de Panama et d’annexer le Groenland, est totalement déplacé.

Au-delà des propos fracassants de cet homme d’affaire aguerri, il est clair que les visées expansionnistes sont dans l’ADN des USA qui se sont construits sur cette base (en 1803, acquisition de la Louisiane; 1810, acquisition de la Floride; 1845, acquisition du Texas et 1867, acquisition de l’Alaska aux Russes, envahissent Cuba, Porto Rico et les Philippines « libérées » en 1898 du colonialisme espagnol et creusent le canal de Panama achevé en 1914).

L’Afrique doit cesser d’être le continent de petits naïfs, consommateurs invétérés de cultures importées (langue, religion, pratiques politiques, …..). Aujourd’hui, l’importation de la culture expansionniste et du terrorisme poussent les Etats africains à l’enfermement et à la fortification excessive des frontières, ce qui est contraire à l’esprit africain des origines.

Les africains ont toujours considérés leur continent comme un espace de solidarité entre populations, magnifiant toujours le sentiment d’appartenance à une seule famille. C’est d’ailleurs pour cet idéal que la RDC continue à fournir l’électricité au Rwanda malgré toutes les rivières de sang qui coulent dans les principales localités de l’Est de ce pays.

Avaliser la balkanisation de la RDC, c’est accepter que de demain le Sénégal envahisse la Gambie, le Congo-Brazzaville annexe le Cabinda (Angola) et que l’Afrique du Sud s’empare du Lesotho. Mieux, quelle attitude auront ceux qui restent muets aujourd’hui face au drame en cours en RDC, si demain les FARDC (Forces armées de la république démocratique du Congo), classées 8e dans le classement des puissances militaires en Afrique, marchent sur Kigali ?

Face aux crimes de guerre multiformes dans les quatre coins du continent, souvent alimentés par des mains noires extérieures faut-il le rappeler, la nouvelle conscience africaine devrait privilégier la communauté africaine à une communauté internationale qui semble-t-il, reste focalisée à d’autres préoccupations.

Ce n’est qu’à ce prix que le continent de Nelson Mandela pourrait se relancer sur tous les plans (politique et économique) et faire en sorte que la prémonition de M. Jacques Attali qui veut que la seconde moitié du 21e siècle soit africaine, se réalise.

Les africains ne doivent pas se voiler la face. Tant que l’Union Européenne continuera à financer le Rwanda et à décider de tout à la place des dirigeants du continent noir, rien et personne ne pourra arrêter les velléités impérialistes de ce pays sur les terres de Patrice Emery Lumumba. Tous les processus de dialogue initiés ici et là n’étant que de la poudre aux yeux.

Free RDC devrait donc être un leitmotiv pour tous les africains.

Par Laurent DZABA

Consultant Géopolitique

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