Eradiquer la peste des petits ruminants (PPR) et protéger les moyens d’existence de centaines de millions de familles rurales pauvres. Tel est l’objectif de la communauté mondiale qui espère en finir, dans les dix prochaines années, avec cette maladie hautement contagieuse responsable de la mort de millions d’ovins et de caprins chaque année.
Conscients des menaces qui pèsent sur les petits ruminants, qui constituent la première ressource animale pour près de 300 millions de pauvres familles rurales dans les pays émergents et en développement, plus de 45 pays infectés ou menacés par la PPR ont dernièrement réitéré leur engagement en faveur de l’éradication mondiale de la maladie d’ici 2030.
Dans un communiqué conjoint, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Union européenne (UE) et l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) rapportent que ces pays ont également appelé les partenaires ressources et la communauté du développement à combler le déficit financier de 340 millions de dollars du Programme mondial d’éradication de la PPR.
Comme le souligne la même source, la décision de réaffirmer son engagement politique international et d’encourager les partenaires ressources à rejoindre la lutte contre la maladie a pris une dimension officielle lors de la Conférence mondiale «Collaborer et investir pour un monde sans PPR» tenue les 6 et 7 septembre.
Organisée à l’initiative de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), cette conférence s’est déroulée dans les bureaux de la Commission européenne à Bruxelles.
La PPR, qui a été détectée pour la première fois en Côte d’Ivoire en 1942, s’est d’abord propagée dans plus de 70 pays en Afrique, au Proche et au Moyen-Orient et en Asie avant d’atteindre, quelques années plus tard, de nouvelles régions. « En décembre 2016, la première épidémie a été observée en Mongolie avant d’atteindre l’Union européenne en juin 2018, avec le tout premier cas signalé en Bulgarie », selon le communiqué.
A l’origine de plus de 2,1 milliards de dollars de pertes économiques chaque année, la PPR est particulièrement fatale pour les petits ruminants (elle tue jusqu’à 90% des animaux infectés).
Facilement évitable grâce à l’aide de vaccins abordables qui peuvent être administrés à faible coût, elle «menaçait directement les moyens d’existence des personnes les plus pauvres dans leurs pays, provoquant également des pertes importantes au sein de leurs économies», ont indiqué les participants lors de cette conférence dans une déclaration ministérielle.
«Notre engagement contre les maladies animales – telles que la PPR – représente également une réponse face à des défis de plus grande ampleur tels que la migration, la sécurité alimentaire, la réduction de la pauvreté, la résilience et le commerce mondial», a déclaré Neven Mimica, commissaire européen pour la coopération internationale et le développement.
« Afin de mener à bien nos efforts, il est donc essentiel de créer de meilleurs emplois et de meilleures perspectives, en particulier pour les femmes et les jeunes», a-t-il estimé lors de cette conférence.
José Graziano da Silva, directeur général de la FAO, a pour sa part estimé que «les ressources financières déployées afin d’éradiquer la PPR ne sont pas une dépense mais un investissement considérable qui permettra de réaliser de véritables progrès économiques et sociaux dans un futur proche ».
Pour le patron de l’agence onusienne, « si nous ne luttons pas contre la propagation de la PPR, la maladie contribuera à aggraver la pauvreté, la faim et d’autres formes de malnutrition. Eradiquer la PPR est fondamental afin de bâtir un monde plus sûr et plus durable», a-t-il soutenu.
De son côté, le Dr. Monique Eloit, directrice générale de l’OIE, a déclaré : « Les connaissances et les moyens techniques sont disponibles. Les ressources et l’engagement de longue durée des pays seront fondamentaux afin de les rendre accessibles et de changer les vies des populations les plus défavorisées », a-t-il affirmé estimant que le renforcement des services vétérinaires nationaux « sera également essentiel afin de mener à bien cet objectif commun ».
Selon le communiqué conjoint, près de 270 participants, dont des ministres issus de plus de 45 pays infectés ou menacés par la PPR, ainsi que des représentants de haut niveau des partenaires ressources, de la société civile et d’organisations non gouvernementales, ont pris part à cette Conférence.
Alain Bouithy