Après trois années consécutives de contraction, l’activité économique non pétrolière s’est stabilisée et les pressions sur la situation budgétaire du gouvernement se sont apaisées. a estimé le Fonds monétaire international (FMI) relevant néanmoins que la situation sociale, économique et financière du pays reste fragile.
« Alors que la production pétrolière a connu un remarquable rebond en 2018, la croissance du secteur non pétrolier est estimée à seulement 0,5%. La reprise économique continue d’être freinée par une importante dette intérieure et des fragilités structurelles sous-jacentes », a fait savoir Said Bakhache qui était à la tête d’une mission de l’institution qui a séjourné à N’Djamena du 18 mars au 1er avril 2019 .
D’après lui, le taux d’inflation moyen a grimpé à 4% en 2018, essentiellement en raison d’une augmentation de 90% du tarif règlementé de l’eau potable en mai 2018.
« Les évolutions budgétaires en 2018 ont été marquées par une discipline au niveau des dépenses, avec la maîtrisé de la masse salariale dans la limite de l’enveloppe budgétaire. Tandis que les autres dépenses financées sur ressources intérieures sont restées conformes au programme, les dépenses sociales ont été inférieures aux prévisions », a-t-il noté.
Selon le Fonds, les recettes non pétrolières ont diminué en 2018 par rapport à 2017, en raison d’une faible performance au cours du second semestre. Quant aux recettes pétrolières, elles ont considérablement augmenté en 2018, grâce à la hausse de la production et des cours du pétrole.
S’il est avéré que tous les critères de réalisation quantitatifs à fin décembre 2018 dans le cadre du programme économique et financier du Tchad ont été respectés, le FMI fait cependant observer que les objectifs indicatifs sur les dépenses sociales et la régularisation des dépenses avant ordonnancement (DAO) n’ont pas été atteints.
Bakhache a noté que « la mise en œuvre des réformes structurelles convenues est en cours, mais certaines d’entre elles accusent des retards. L’audit des arriérés intérieurs a connu d’importants retards, tandis que les actions en vue de la suppression des exonérations ont été partiellement entreprises ». Et d’ajoute: la mission des consultants sur l’audit et la réorganisation des deux grandes banques publiques devrait être finalisée prochainement.
A en croire l’institution financière internationale, la perspective d’une croissance forte est basée sur les hypothèses d’une augmentation de la production du pétrole et de la poursuite des réformes pour soutenir la reprise du secteur non pétrolier.
Aussi, en dépit de la baisse des cours du pétrole, le FMI a estimé que l’augmentation de sa production devrait stimuler la croissance globale du PIB.
Said Bakhache a toutefois indiqué que « la reprise dans le secteur non pétrolier nécessite des progrès significatifs dans l’apurement des arriérés intérieurs, la résorption des vulnérabilités du secteur bancaire et la conduite des réformes importantes pour améliorer la gouvernance
», estimant qu’il importe de continuer à faire preuve de prudence sur le plan budgétaire afin de consolider la stabilisation durement acquise récemment.
Selon les prévisions de l’organisation, « en 2019, la politique budgétaire devrait entraîner une augmentation des dépenses, y compris dans les secteurs sociaux, une accélération de l’apurement des arriérés intérieurs et une augmentation du remboursement de la dette intérieure.
Ces actions devraient contribuer à réduire la pression sur le secteur bancaire, à soutenir la reprise économique et à améliorer les conditions sociales,a-t-elle poursuivi.
Au terme de la mission, Said Bakhache a indiqué aussi que « l’effet de la baisse du cours du pétrole devrait être compensé par des recettes fiscales plus élevées, car le plus important opérateur pétrolier devrait commencer à payer l’impôt sur les sociétés, et un service de la dette moins élevé envers Glencore, conformément à l’accord conclu l’année dernière ».
A noter que les discussions avec les autorités tchadiennes au titre de l’article IV ont été axées sur les politiques pouvant permettre au pays de faire face aux séquelles de la crise qui a commencé en 2014 et aux faiblesses structurelles persistantes.
Notons aussi que la Mission a jugé que l’amélioration de la gouvernance dans tous les secteurs de l’économie est un élément essentiel des efforts de réforme et a ainsi partagé les recommandations.
Il s’agit d’assurer la résilience budgétaire à travers une augmentation des recettes non pétrolières et une réduction des arriérés, tout en augmentant les dépenses sociales; de promouvoir la croissance durable et inclusive ainsi que de renforcer la capacité du secteur bancaire à contribuer à la croissance du secteur privé.
Pour la Mission, les réformes doivent viser l’augmentation des recettes non pétrolières tout en assurant de la transparence dans la planification et la gestion des recettes pétrolières.
En outre, l’amélioration de la gestion des finances publiques, notamment la qualité de la dépense dans ces secteurs, est tout aussi importante pour contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable. La mission a insisté sur la nécessité de réduire la forte interdépendance entre le secteur bancaire et le gouvernement.
Martin Kam