Une épouvantable série noire (in memoriam)

DISPARITION. JEAN-PIERRE NDIAYE (photo en haut), natif du Sénégal, était un brillant esprit qui n’aura vécu que pour éclairer les autres. Son intelligence était contagieuse. Quiconque s’approchait de lui se débarrassait du fardeau de l’ignorance. Le poids de l’âge et certainement de la maladie l’avait éloigné des cercles de réflexion diasporiques. Ceux et celles qui ont eu le privilège de le connaître parleront de lui avec nostalgie. Il était probablement le dernier survivant de sa génération. LOUIS ERNEST PANCRATE (photo en bas à gauche), natif de la Martinique, était un aîné que je n’ai pas eu le privilège de rencontrer physiquement avec REGRETS. La solidité de notre connexion spirituelle explique en partie cette carence. Nous avions en partage la passion de l’IMAGE. Fin connaisseur de son île, il ne s’était jamais trompé en commentant mes photos prises sur place. Aucune des merveilles de la MARTINIQUE n’aura échappé à l’objectif de son appareil photo, Grâce à ses prises, il m’a redonné le goût de l’argentique. Son départ inopiné me conforte dans ma position de sacraliser chaque instant de la VIE, le lendemain étant toujours HYPOTHETIQUE. THEO MOUSSIESSE (photo en bas à droite), natif du Congo, était un ami avant d’être mon aîné. Nous avions fréquenté le même endroit un peu plus d’une décennie à débattre principalement du CONGO, pays dont il a eu du mal à se départir. L’espoir d’un retour définitif pour y enseigner a été ruiné par de VAINES promesses d’une CASTE de décideurs égoïstes. Un LOURD bagage intellectuel qui n’aura servi qu’à nourrir un rêve malheureusement inachevé. Son mérite est d’y avoir cru jusqu’à ce que la maladie vienne l’interrompre. Il m’était insupportable de le voir vaciller. Le rideau est désormais fermé. Avec le DESTIN, aucune DEVIATION n’est possible. La NAISSANCE n’est certaine que pour CEUX et CELLES qui sont MORTELS. Chers aînés, DESORMAIS Ancêtres, douce transition à MPEMBA, le pays où le SOLEIL luit en permanence. Une fois confortablement installés, réincarnez-vous au plus vite pour le bénéfice des futures générations. INGETA !
Alvie BITEMO étale sa voix en Guadeloupe et en Martinique.

Alvie Bitémo en terrain connu Succès assuré pour la tournée en Guadeloupe et en Martinique d’Alvie Bitémo, depuis le 11 février 2017 pour plusieurs semaines. La star congolaise fait partie de la pièce « Erzuli Dahomey, déesse de l’amour » qui a reçu le prix SACD de dramaturgie de langue française en 2009. Elle est entrée au répertoire de la Comédie-Française en 2012. « Erzuli Dahomey, déesse de l’amour », une pièce remarquable Son auteur, Jean-René Lemoine est un dramaturge, directeur de troupe et metteur en scène de théâtre, né en 1959 en Haïti et installé à Paris depuis 1989. Dans « Erzuli Dahomey, déesse de l’amour », le metteur en scène est Nelson-Rafaell Madel, originaire de la Martinique. Il s’est formé auprès de Yoshvani Médina, metteur en scène cubain puis auprès de Claude Buchvald à Paris. Lauréat du Prix Théâtre 13 du Jeune metteur en scène 2016. La présence d’Alvie Bitémo est marquée par une voix très particulière, feutrée, chaude, avec un vibrato très caractéristique, la congolaise Alvie Bitémo est surtout une chanteuse de country, mais peut chanter n’importe quel style. Ce n’est pas juste une chanteuse, elle est aussi guitariste de grand talent. Elle a collaboré avec un tas d’artistes, notamment avec, Jean René Lemoine dans cette pièce Erzuli Dahomey, déesse de l’amour. La pièce « Erzuli Dahomey, déesse de l’amour », réunie l’Afrique, l’Europe et la Caraïbe. Elle parle du choc de deux mondes, racontant aussi, de façon hallucinée, une partie de la grande Histoire (celle de la traite et de l’esclavage)… Pour l’avis du jury du Prix Théâtre 13, c’est un spectacle qui nous emmène là où on ne s’y attend pas ! Une distribution remarquable et parfaitement dirigée. Les comédiens sont habités, engagés. Une grande unité dans les codes de jeu. Une écriture scénique très maitrisée. C’est un travail remarquable. Une très grande originalité et une immense émotion qui tient le spectateur du début à la fin. Mise en scène : Nelson-Rafaell Madel, Scénographie: Nelson-Rafaell Madel, Lumières et collaboration à la scénographie: Lucie Joliot, Musique : Yiannis Plastiras, Collaboration chorégraphique: Gilles Nicolas. Comédiens : Alvie Bitémo, Adrien Bernard-Brunel, Mexianu Medenou, Gilles Nicolas, Karine Pédurand, Claire Pouderoux, Emmanuelle Ramu.
La petite histoire des esclaves «CONGOS » en Martinique

Les travailleurs Congos ont participé aux grandes luttes sociales, en particulier la grève de 1900. » Le 14 mars 1857, le gouvernement français signa un traité avec « La Maison Régis de Marseille » pour le recrutement d’individus libres africains à destination de la Guadeloupe et de la Martinique. C’est ainsi que commence l’immigration de travailleurs Congos dans notre pays. La maison Régis possédait, au temps de la traite, une dizaine de factoreries entres la Côte d’or et le delta du Niger ; puis elle s’installe à M’Boma, à l’embouchure du fleuve Congo. Le marché de M’Boma vendait jusqu’à 200 esclaves par jour, au XVIIIe siècle. Les immigrants Congos venus après l’abolition sont originaires, pour la plupart, des rives du fleuve, issus du monde bantou. L’immigration était nécessaire au lendemain de 1848 ; la main d’œuvre manquait sur les habitations et les grands propriétaires envisageaient une modernisation et une augmentation de la production sucrière. On fit appel à des populations venues d’Asie (Indiens et Chinois) mais aussi à des populations africaines appelés nègres Congos. Cette immigration est moins connue que l’immigration de travailleurs Indiens, car elle a été de courte durée (1857-1862) ; en conséquence, elle a porté sur un nombre relativement faible (10.500 Congos arrivés en Martinique), car elle rappelait trop les conditions de la traite négrière. Les Congos se sont peu à peu intégrés dans la population martiniquaise, mais il nous semble important de marquer ces cent cinquantenaires car ils nous ont laissé quelques acquis culturels. Les conditions de l’immigration aux colonies. Le décret du 13 février 1852 fixe les conditions de l’immigration aux colonies, les travailleurs et de ceux qui les emploient ; des dispositions de police et de sûreté portent sur la répression du << vagabondage >> , c’est -à -dire des déplacements de travailleurs qui ont rompu leur engagement. Les Congos signent un engagement de 10 ans. On a noté seulement deux rapatriements. L’immigration Congo se caractérise par son extrême jeunesse (93 % ont encore 10 et 24 ans), ce qui peut expliquer le manque d’acquis culturels et le faible apport au sein de la population créole. La jeunesse de cette immigration est compréhensible, car il s’agit d’avoir des travailleurs en pleine force utile. Les deux tiers étaient des hommes Comme les Indiens, ils effectuaient un court séjour dans un dépôt, avant d’être répartis par groupes sur les habitations, selon les demandes des propriétaires. L’engagiste fournit le logement, les vêtements, la ration alimentaire (morue, poisson ou viande salée, riz farine de manioc). L’immigré bénéficie aussi d’un petit jardin pour les légumes : La journée de travail est de 12 heures, entrecoupée d’un ou de deux moments de repos. Les Européens expliquaient avec force préjugés ce nouveau recours au réservoir africain : << L’Africain ne semble-t-il pas être l’homme que la nature a façonné pour le travail de la terre sous le soleil du tropique ? En le faisant naître dans des régions brûlantes, elle l’a rendu insensible à la chaleur de nos climats…l’Afrique seule pouvait fournir des femmes en nombre suffisant et travaillant à l’égal des hommes, à la différence des femmes indiennes de complexion délicate et aux formes exiguës. Il était important que les femmes viennent, car plus dociles, elles pouvaient se plier facilement aux exigences d’une position nouvelles >>. Pourtant, la mortalité était forte en dépit de la jeunesse de la population. Deux ans après l’arrêt de l’immigration, il y avait 7 000 Congos sur les 10 000 introduits. Une épidémie de fièvre jaune avait frappé l’ensemble de la population martiniquaise. L’intégration des Africains au reste de la population n’a pas été chose facile au début, le préjugé de couleur lié au statut social de l’individu marquant fortement les esprits, y compris au sein de la population noire créole. mépris, moqueries, isolement persistaient, la population créole considérant les immigrants de fraîche date comme des êtres de condition servile , hommes de main du béké. Mais les Congos ont participé aux nombreuses luttes sociales, en particulier dans le Sud. Ils n’étaient pas totalement dépaysés, retrouvant d’anciens esclaves nés en Afrique et déportés en Martinique au temps de la traite. L’Insurrection du Sud Lors de l’Insurrection du Sud , des milliers d’hommes et de femmes sont engagés dans la lutte. Parmi eux des travailleurs immigrants, surtout des Congos. Le commandant Mourat écrit au gouverneur : << La classe noire était tout entière dans le mouvement. Eugène a soulevé les Congos en leur promettant leur libération des engagements contractés >>. Dans une adresse au gouverneur, les propriétaires du Vauclin précisent que dans cette commune << les incendies à déplorer sont l’œuvre d’Indiens et d’Africains appartenant aux propres habitations incendiées >>. Lors de la grève de 1900, parmi ceux qui tombèrent, trois portaient des noms Congo : La liste au François porte deux Africains. l’un d’eux, surnommé Ti Paul Pierre est âgé de 60 ans. Son vrai nom est QUINQUELA. Il fut atteint mortellement alors qu’il cheminait à proximité de l’usine avec un paquet d’herbe sur la tête. L’autre c’est M’VONDO Paul. La liste du Robert compte un fils d’Africaine : MOUBOUNDO Jean Dominique.Est-ce l’Africain que le lieutenant Khan affirme avoir abattu alors qu’il l’attaquait du coutelas ? Les Congos et leur Patronyme. Les Congos ont conservé leur patronyme. On les trouve plus nombreux dans le Sud. Le Diamant est la commune la plus caractéristique. Les familles occupent le Morne l’Afrique, un quartier reculé, boisé, escarpé, donné aux affranchis par le Comte de Dizac ; les nouveaux arrivants s’y installent. Il s’agit aujourd’hui de terres arides et rocailleuses, mais le Diamant était un important centre cannier comptant huit sucreries au milieu du XIX e siècle. Les descendants de ces familles sont encore là : Makessa, Matha, Zoumba, Simba, Ouemba, M’Basse, Condy et Condé., Foutou, Maloungila, Aribo, Thésée, Batta, Dambo, N’Guela, Moanda… Ces mêmes familles ont essaimé sur les Anses d’Arlets, Trois Ilets, Rivières salée, Sainte Luce, Marin (La Duprey). La famille Thésée est bien connue aux Trois Ilets, possédant de redoutables combattants de danmyé. On trouve