Congo Brazzaville/Finances publiques. Le poids du service de la dette pèse sur la programmation des dépenses

PARLONS-EN. Quelles sont les vraies raisons des retards observés dans le paiement des salaires des agents de l’Etat de l’intérieur du pays…? C’est une véritable prouesse technique que le ministre de l’économie et des finances, Jean Baptiste Ondaye, réussit mensuellement à honorer les charges incompressibles de l’Etat. Un casse-tête congolais qui s’explique par le gap financier dû au respect scrupuleux, cette fois-ci, du service de la dette, conformément aux recommandations du Fonds Monétaire International(FMI). Un peu plus de 20 milliards de fcfa! C’est le gap financier qu’il faut combler pour payer les salaires du mois de juillet 2023 affectés aux agents de l’Etat qui emargent dans les différentes directions départementales. Sont également concernés par cet assèchement financier conjoncturel, les émoluments- encore défiscalisés- des députés, ministres, sénateurs et institutions à budgets de transfert…. « Aujourd’hui même(ndlr, 11 août 23), confie, d’une voix chevrotante, une bonne source proche de la direction générale du trésor, aucune somme n’a été mobilisée pour absorber cette dépense jugée urgente. Une tension de trésorerie qui, selon notre source, serait consécutive au poids du service des différentes dettes contractées par le Congo, aussi bien pendant les périodes de vaches grasses que maigres. Au delà du respect du service de la dette envers les 2 principaux traders (Glencore et Trafigura ), la Chine – plus récemment après que l’argentier congolais, Jean Baptiste Ondaye, s’est rendu cette année en Chine, en compagnie de son homologue ministre d’Etat, ministre de l’Aménagement du territoire, des Infrastructures et de l’Entretien routier, Jean- Jacques Bouya, le ministre de l’Economie et des Finances doit également éviter les défauts de paiement de l’emprunt obligataire émis par le trésor public sous la gouvernance de l’ex- ministre des finances, Calixte Ganongo. Selon certaines indiscrétions, des cadres des régies financières, qui avaient été mis à contribution dans ces opérations financières, ont profité de la période de maladie du ministre, Calixte Ganongo, qu’ils donnaient pour mort, pour s’en mettre plein les poches, aggravant par conséquent la sinistrose financière de l’Etat congolais. Ces délinquants à col blanc ne sont nullement inquiétés… Après avoir accusé des défauts de paiement envers ses créanciers(banques commerciales en zone Cemac), le gouvernement congolais est tenu, conformément au programme signé avec le FMI, de respecter- à bonne date- le service des dettes. Faut-il, si la raréfaction des ressources venait à s’accentuer en ces temps d’inflation des produits de premiere nécessité, redouter des remous ? Le Congo dispose pourtant des recettes que le ministre de l’économie et des finances, en bon gestionnaire, doit recouvrer, à l’instar de la retenue à la source, de l’ordre de 10%, prévue dans l’article 183 de la loi de finances 2023 , sur l’ensemble des émoluments des députés, ministres, institutions, collectivités locales. Au nom de la dépense prioritaire et du nécessaire arbitrage, Jean Baptiste Ondaye doit toujours privilégier le paiement des fonctionnaires de l’Etat et quelques institutions à budgets de transfert par rapport aux lignes budgétaires comme: missions à l’étranger-sans réelle importance aucune- alors nos ministres peuvent se faire représenter par nos ambassadeurs accrédités; forums et séminaires budgétivores organisés par des ministres qui surfent sur l’effet mode, alors que des recommandations des forums antérieurs n’ont jamais été mises en œuvre; audits financiers doublons confiés à des cabinets, propriété des amis ou anciens collègues… Par A. Ndongo Journaliste économique et financier, Brazzaville Congo
Congo Brazzaville. Jean Baptiste Ondaye annonce les couleurs

ANALYSE. La première communication du nouvel argentier congolais laisse transparaître deux aspects qui ont retenu notre attention: l’amélioration de la qualité de la dépense publique, conformément aux recommandations des institutions de Bretton Woods, et la mobilisation des ressources. La qualité de la dépense publique pourrait constituer le premier chantier du ministre de l’économie et des finances. Faut-il noter que l’une des faiblesses des finances publiques congolaises reste trop souvent les dérapages budgétaires: les ressources captées ne sont pas souvent affectées aux dépenses prioritaires budgétisées. Elles sont généralement absorbées par des séminaires, symposiums, missions pour rien des cadres à l’extérieur et intérieur du pays, avec, au finish, des résultats très mitigés… Avec l’appui du Chef, Ondaye devra s’attaquer frontalement à plusieurs sangsues qui écument l’ administration publique congolaise. En ce qui concerne la mobilisation des ressources financières, il pourrait mettre un accent particulier sur les menues recettes générées par des services publics, comme la police, gendarmerie, tribunal, commerce, Émi-immigration, tourisme, économie forestière, chancelleries diplomatique congolaises (à l’étranger),… Trop de rétentions de menues recettes publiques par chaque ministère ou administration publique, par le biais de l’ouverture des comptes dans des banques privées, en lieu et place du Trésor public, unique Caisse publique, constituent un détournement. Pis encore, certains ministres se font établir des cartes monétiques auprès de ces banques pour effectuer des opérations de retrait au niveau des DAB. Une pratique irrégulière à bannir! La mobilisation des recettes publiques doit s’appuyer sur l’interconnexion des régies financières tant de l’extérieur, intérieur et de Brazzaville, pour avoir une meilleure visibilité actualisée en termes d’entrées de fonds à la direction générale du trésor. L’expertise technique de l’Arpce, Asci(ex-OCI) pourrait, à cet effet, être mise à contribution. L’autre grand chantier doit être les réformes des finances publiques, un important dossier sur lequel le Congo a pris un énorme retard à comparer aux autres pays africains. La date du 1er janvier 2024 fixée au Congo par la Banque Mondiale et le FMI paraît illusoire, au regard des 12 travaux d’Hercule à entreprendre. Au moment où la courbe des cours du brut sur le marché international décroît, la mobilisation des ressources hors pétrole doit être boostée. Surtout que la crise Russie-Ukraine est loin d’avoir livrée l’amplitude de ses dégâts collatéraux. Par A.Ndongo Journaliste économique et financier.
Congo Brazzaville. Qui est le vrai ministre des finances ?

OPINION. Si l’on s’en tient au tract sorti, semble-t-il, des laboratoires politiques, au regard des libellés des attributions dévolues au ministre du Budget, des comptes publics et du portefeuille public, Ludovic Ngatsé, et à celui des finances et de l’économie, Jean Baptiste Ondaye (voir fac similé), force est de constater que la gestion des finances publiques au Congo(la Direction générale du Trésor et de la comptabilité publique, la Direction générale des Impôts, et la Direction générale des Douanes et droits indirects…) ne relève plus, comme à l’accoutumée, de l’autorité du ministre des finances. Ludovic Ngatsé pourrait donc être le grand bénéficiaire de ce morcellement (astucieux?). Il convient de noter que les finances publiques s’occupent du calcul des coûts, des ratios, des analyses plus pointues des comptes publics dans le cadre de la tenue d’une comptabilité analytique. Or, jusqu’à ce jour, le Congo n’a pas encore franchi ce cap, nonobstant les vives recommandations et directives de la CEMAC relatives aux Finances publiques. Au Gabon, par exemple, où existe un ministère du Budget et des comptes publics, dirigé par Édith Ekiri Mounombi épse Oyouomi, la conformité se fait par le biais de la ministre de l’Economie et de la Relance, Nicole Lydie Roboty, qui gère les finances publiques. En France, Bruno Le Maire est le ministre de l’Économie, des finances et de la Souveraineté industrielle et numérique; Le ministre de l’Economie et des Finances de Côte d’Ivoire, Adama Coulibaly; le ministère de l’Économie et des Finances est dirigé au Bénin depuis le 7 avril 2016 par Romuald Wadagni pendant les deux quinquennats du gouvernement Patrice Talon; Louis Paul Motaze est, quant à lui, ministre des finances au Cameroun… Tous ces ministres gérent les finances publiques. Au terme de la réunion tenue, selon nos sources, à la Primature la semaine dernière, à y regarder de près, seul le Chef peut mieux recadrer les choses. Pauvre Ondaye, de puissant secrétaire général à la Présidence de la République, à un poste de ministre des finances et de l’économie, sans réelle envergure! Par A. Ndongo Journaliste économique et financier.
Congo Brazzaville. Qui de Jean Baptiste Ondaye ou de Ludovic Ngatsé contrôle le Trésor?

TRIBUNE. Il n’existe aucune animosité entre le ministre des Finances et de l’économie; et son collègue en charge du Budget, des comptes publics et du portefeuille public. La dénomination du dernier laisse toutefois entrevoir des télescopages dans certains domaines de compétence normalement dévolus aux ministre des finances comme en France et dans la plupart des pays de la zone franc. « Le directeur général du trésor aurait récemment rejeté une programmation de paiement établie par le ministre du budget, des comptes publics et du portefeuille public », confie une bonne source ayant requis l’anonymat. Anormal ou normal? Au regard des dispositions du décret 2013 portant attributions et organisation de la direction générale du trésor et de la comptabilité publique, à laquelle est venue se greffer la malice politique qui crée la dénomination » ministre du Budget, des comptes publics et du portefeuille public », Ondaye et Ngatsé vont se télescoper. Ce poste a t-il été créé pour dépouiller Ondaye, réputé dur à cuir, de ses attributions normatives? Vu sous l’angle du droit administratif et comptable, Gatse devrait avoir sous lui: La direction générale du Trésor et de la comptabilité publique… Faut-il noter que la comptabilité publique reçoit depuis plus de 5 ans les comptes des collectivités locales, municipalités, agences comptables etc… La force de ce décret ? Selon nos sources, toutes les nominations effectuées par Calixte Ganongo, puisque Andely n’a pas pu nommer, sont entachées d’irrégularités. Pour la petite histoire, cette situation avait conduit la Cour d’appel de Brazzaville en 2016, alors dirigée par le président Oba Christian, à ajourner la cérémonie de prestation de serment des cadres du Trésor public en tant qu’agents de poursuites assermentés. Il leur avait signifié que le décret 2003, sur lequel s’appuyait leur nomination était entaché d’irrégularités, puisque seul le nouveau décret de 2013 portant attributions et organisation de la direction générale du Trésor et de la comptabilité publique avait la primauté. En réalité les Finances publiques s’occupent du calcul des coûts, des ratios des analyses plus pointues des comptes publics, dans le cadre de la tenue d’une comptabilité analytique… Le Congo n’a pas encore franchi ce cap, en dépit des vives recommandations et directives de la CEMAC relatives aux finances publiques. Faut-il noter que les comptes publics représentent l’ensemble des comptes de l’État ayant pour ossature le plan comptable général, qui regroupe tous les comptes publics allant de la classe 1 à la classe 9, traçant toutes les opérations financières de l’État. De mauvaises langues disent que deux hautes personnalités , peu avant la proclamation de l’équipe gouvernementale, se seraient concertées, avec l’appui technique d’un expert comptable agréé Cemac, pour trouver la dénomination… « ministre du budget, des comptes publics et du portefeuille public ». Bien malin. Seul le Chef peut résoudre cette question d’attribution de prérogatives pour éviter qu’une institution soit sous la coupole de ministères qui se télescopent. Par A.Ndongo Journaliste économique et financier
Congo Brazzaville. Pourquoi la confiance non renouvelée à Andely

ENQUETE. Sa sortie prématurée du gouvernement Makosso 2 suscite diverses réactions au sein de l’opinion nationale et internationale. Entre le premier ministre Anatole Collinet Makosso et son ministre des finances, « tout n’allait pas mieux dans le meilleur des mondes « , affirme, sous couvert d’anonymat, un proche du désormais ancien ministre des finances. Les deux hommes, loin s’en faut, ne s’avouent pas une inimitié. Le premier est plus politique; et le deuxième est considéré comme le financier qui a pu soigner la signature du Congo à l’international. Des approches différentes qui ont débouché sur un conflit de compétence sur les réformes et la qualification du personnel en service à la direction générale du Trésor. La première pomme de discorde. C’est devant le ministre délégué, Ludovic Ngatsé, que le premier ministre s’est retrouvé lors de sa descente dans les régies financières. Andely n’a pas daigné y effectuer le déplacement », fait constater un proche de Collinet Makosso, qui assimile cette absence à un pied de nez du ministre des finances à l’égard de son chef. Un autre exemple, Andely aurait reçu ordre du premier ministre, en avril dernier, de libérer les fonds pour régler le cas des 3 avions de la compagnie Ecair afin de faire respecter l’échéance de sa relance en juillet 2022. L’ex argentier congolais, qui estimait, selon certaines indiscrétions, qu’une relance d’Ecair à la va-vite et surtout avec le même top management(blâmable?) constituait un goufre financier de plus pour l’Etat congolais, serait resté de marbre. Une désinvolture qui n’aurait pas été du goût du Chef. Entre éclat politique à la congolaise et soins à apporter à la qualité de la dépense, l’option politique passe avant tout, surtout dans un pays où c’est la politique qui prime sur le monde de l’économie, des finances et des affaires. En occident, c’est le monde des affaires et l’économie qui forgent les politiques. Selon nos sources, des sollicitudes de décaissement, à l’ordre de la Primature, sont parfois restées en souffrance au cabinet du ministre des finances. Makosso serait parfois contraint, confie une source proche du Trésor, de s’appuyer sur le directeur général de cette institution pour avoir les moyens de sa politique. Il n’en est, malheureusement, rien pour les autres ministres, réduits au régime de pain sec pour des raisons de contraintes budgétaires et soins à apporter à la qualité de la dépense conformément aux recommandations du Fmi. Le projet Figa, appelé à financer l’agriculture considérée comme « priorité des priorités » dans le programme du Chef, a subi une coupure de 10 milliards de FCFA, empruntés par le ministre des finances pour assurer le paiement des pensions des retraités en fin 2021. Le ministre des finances sortant n’en a pas fait une priorité de remboursement, au point d’assecher financièrement le Figa… Autant de conflits ouverts dont Andely ne manque pas d’adversaires, au sein de l’exécutif, législatif, parti congolais du travail et famille biologique du Chef. À mi-voix, il y en a qui se plaignent que » Andely se montre rigoureux, alors que lui-même, sa famille au cabinet, son dircab, et une de ses femmes camerounaises, prestataire de services au cabinet, étaient au lait et au miel ». Vrai ou faux? Une exclusivité, Andely vient à nouveau de convoler en justes noces avec une autre belle camerounaise Haoussa- Peule( une musulmane du nord Cameroun). Comme pendant son premier séjour dans le gouvernement (2002-2005), Andely a manqué de jugeote politique dans un pays réputé très politique et où la « securocratie » fonctionne à merveille avec des faiseurs de fiches propres à l’ancienne époque du marxisme lenenisme pur et dur. Méfiant et moins visible lors des cérémonies ou réunions importantes, à l’occasion desquelles il se faisait toujours représenter par Ludovic Ngatsé, son ministre délégué, Andely pourra t-il rebondir? L’option d’en faire un futur secrétaire général de la présidence s’effrite face à cette adversité. Il garde tout de même la présidence de la Besca( banque sino congolaise pour l’Afrique) dont le siège est à Brazzaville. Aux dernières nouvelles, il aurait démissionné de la présidence du conseil d’administration de la Besca il y a 2 mois. Makosso se sépare d’une ressource humaine de qualité, un ministre moins « affairiste ». Bon vent à Jean Baptiste Ondaye considéré comme un homme rigoureux, bon équilibriste qui saura poursuivre le bon travail de son prédécesseur en y ajoutant une sérieuse dose politique dans un pays très politique. Par A. Ndongo Journaliste économique et financier