Congo Brazzaville. Pourquoi la confiance non renouvelée à Andely

ENQUETE. Sa sortie prématurée du gouvernement Makosso 2 suscite diverses réactions au sein de l’opinion nationale et internationale.

Entre le premier ministre Anatole Collinet Makosso et son ministre des finances, « tout n’allait pas mieux dans le meilleur des mondes « , affirme, sous couvert d’anonymat, un proche du désormais ancien ministre des finances. Les deux hommes, loin s’en faut, ne s’avouent pas une inimitié. Le premier est plus politique; et le deuxième est considéré comme le financier qui a pu soigner la signature du Congo à l’international. Des approches différentes qui ont débouché sur un conflit de compétence sur les réformes et la qualification du personnel en service à la direction générale du Trésor.

La première pomme de discorde. C’est devant le ministre délégué, Ludovic Ngatsé, que le premier ministre s’est retrouvé lors de sa descente dans les régies financières. Andely n’a pas daigné y effectuer le déplacement », fait constater un proche de Collinet Makosso, qui assimile cette absence à un pied de nez du ministre des finances à l’égard de son chef.

Un autre exemple, Andely aurait reçu ordre du premier ministre, en avril dernier, de libérer les fonds pour régler le cas des 3 avions de la compagnie Ecair afin de faire respecter l’échéance de sa relance en juillet 2022.

L’ex argentier congolais, qui estimait, selon certaines indiscrétions, qu’une relance d’Ecair à la va-vite et surtout avec le même top management(blâmable?) constituait un goufre financier de plus pour l’Etat congolais, serait resté de marbre. Une désinvolture qui n’aurait pas été du goût du Chef. Entre éclat politique à la congolaise et soins à apporter à la qualité de la dépense, l’option politique passe avant tout, surtout dans un pays où c’est la politique qui prime sur le monde de l’économie, des finances et des affaires. En occident, c’est le monde des affaires et l’économie qui forgent les politiques.

Selon nos sources, des sollicitudes de décaissement, à l’ordre de la Primature, sont parfois restées en souffrance au cabinet du ministre des finances. Makosso serait parfois contraint, confie une source proche du Trésor, de s’appuyer sur le directeur général de cette institution pour avoir les moyens de sa politique. Il n’en est, malheureusement, rien pour les autres ministres, réduits au régime de pain sec pour des raisons de contraintes budgétaires et soins à apporter à la qualité de la dépense conformément aux recommandations du Fmi. Le projet Figa, appelé à financer l’agriculture considérée comme « priorité des priorités  » dans le programme du Chef, a subi une coupure de 10 milliards de FCFA, empruntés par le ministre des finances pour assurer le paiement des pensions des retraités en fin 2021. Le ministre des finances sortant n’en a pas fait une priorité de remboursement, au point d’assecher financièrement le Figa…

Autant de conflits ouverts dont Andely ne manque pas d’adversaires, au sein de l’exécutif, législatif, parti congolais du travail et famille biologique du Chef.

À mi-voix, il y en a qui se plaignent que  » Andely se montre rigoureux, alors que lui-même, sa famille au cabinet, son dircab, et une de ses femmes camerounaises, prestataire de services au cabinet, étaient au lait et au miel ». Vrai ou faux? Une exclusivité, Andely vient à nouveau de convoler en justes noces avec une autre belle camerounaise Haoussa- Peule( une musulmane du nord Cameroun).

Comme pendant son premier séjour dans le gouvernement (2002-2005), Andely a manqué de jugeote politique dans un pays réputé très politique et où la « securocratie » fonctionne à merveille avec des faiseurs de fiches propres à l’ancienne époque du marxisme lenenisme pur et dur. Méfiant et moins visible lors des cérémonies ou réunions importantes, à l’occasion desquelles il se faisait toujours représenter par Ludovic Ngatsé, son ministre délégué, Andely pourra t-il rebondir? L’option d’en faire un futur secrétaire général de la présidence s’effrite face à cette adversité. Il garde tout de même la présidence de la Besca( banque sino congolaise pour l’Afrique) dont le siège est à Brazzaville. Aux dernières nouvelles, il aurait démissionné de la présidence du conseil d’administration de la Besca il y a 2 mois.

Makosso se sépare d’une ressource humaine de qualité, un ministre moins « affairiste ». Bon vent à Jean Baptiste Ondaye considéré comme un homme rigoureux, bon équilibriste qui saura poursuivre le bon travail de son prédécesseur en y ajoutant une sérieuse dose politique dans un pays très politique.

Par A. Ndongo

Journaliste économique et financier

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