Congo Brazzaville. CRF. Peut-être, une piste pour en finir avec les interminables arriérés de pension
TRIBUNE. Dans un reportage RFI, de ce 12 août 2020, de son correspondant à Brazzaville, il ressort que les retraités de la fonction publique congolaise croulent, sous 26 mois d’arriérés de pensions impayées. Situation insoutenable pour ces citoyens du 3ème âge qui, après de bons et loyaux services rendus à l’Etat, survivent à peine, par la faute de la mauvaise gestion des pouvoirs publics, au soir de leurs vies. Je sais que l’on me renverra la récrimination sur cette question. En effet, sous le mandat du Président Pascal Lissouba auquel j’ai appartenu, la même difficulté des arriérés de pension s’était posée. Dans d’autres proportions. Cependant, pour la nation, il faut avancer. Au Congo, selon les dispositions réglementaires de sa carrière de fonctionnaire, celui-ci verse, chaque mois, au trésor public, la quote-part de sa pension, pendant qu’il perçoit son salaire. Sur le bulletin de paie, est porté le taux de la pension retenue à la source. Le trésor est supposé épargner cette pension, chaque mois, pendant 35 ans ou plus, ou moins, que dure le service dans la fonction publique. J’interviens, ici, pour savoir s’il n’est pas venu le moment de créer une institution d’encaissement des pensions où le trésor public reverserait, chaque mois, la pension du retraité. Plutôt que de la retenir au trésor. De sorte que le retraité suivrait, auprès de cette institution, comme il le voudrait, son compte pension, tel qu’il le ferait dans une banque privée, avec son salaire ou ses ressources parallèles. L’argent de la pension ne serait disponible qu’à la mise en retraite. Étant entendu que devra jouer, à fond, le roulement de la paie, au fur et à mesure que la fonction publique libère les retraités. Le personnel de cette institution de pension ne serait constitué que d’agents de l’Etat pour ne pas piocher dans l’épargne de retraite. La CRF actuelle pourrait elle se substituer à cette institution ? Je dis non. La CRF aurait, en charge, l’administration des retraités. L’institution à créer, le paiement des pensions. La CRF et l’institution n’auraient pas de statut particulier. Entre les deux structures, l’inspection générale d’Etat et le contrôle financier assurent les vérifications appropriées. Parce qu’on ne peut pas comprendre que les contraintes financières de l’État appauvrissent les retraités, alors qu’en bonne et due forme, ils ont, toutes les années de leurs activités, régulièrement cotisé. A cela s’ajoute l’indifférence inexpliquée des pouvoirs publics, vis à vis des retraités, semble t-il, faute de ressources, d’autant que celles ci sont toujours disponibles pour les fonctionnaires, en exercice. D’aucuns expliquent, à juste titre, que les retraités sont, à l’image des serpents, sans venin. Donc incapables de paralyser l’Etat. Les fonctionnaires, en poste, quant eux, rappellent les douloureux souvenirs de leur grève générale en 1991, ayant mis le pays à genou, la veille de la conférence nationale. Ainsi compris, les retraités sont « sacrificiables », donc enclins à l’immolation. Pas les fonctionnaires. Parce que redoutables. Ouabari Mariotti (Membre de l’UPADS) Paris 12.08.2020