Ne pas jeûner, relève des compétences du médecin et non du « fkih »

LIBRES PROPOS. Souvent nous entendons des « fkihs »(prêtres musulmans) qui prêchent les conditions du jeûne et les situations où les croyants sont « autorisés » de ne pas jeûner.

Le terme « d’autorisation » est très mal choisi, car devant une autorisation comme celle de construction ou de conduite, il nous reste le choix d’en profiter ou pas.

Or, dans le cas où un croyant est malade et le jeûne constitue une menace pour sa vie, le malade n’a plus le choix de jeûner ou pas. Ainsi il ne s’agit plus d’une « autorisation de manger » mais plutôt d’une « ordonnance » !

Comme la religion ordonne aux croyants de jeûner s’ilssont en bonne santé, de même elle ordonne à un malade de ne pas jeûner. Il est clair qu’il s’agit d’une « ordonnance » et non d’une « autorisation ».

Les « fkihs » sont conviés à changer leur vocabulaire utilisé dans cette situation. En disant que le malade a l’autorisation de ne pas jeûner, comme s’il a le choix, ils laissent le croyant malade en confusion de jeûner ou pas. Ce qui induit le malade en erreur et il jeûne le plus souvent.

Le malade à qui il est interdit de jeûner, et qui malgré cette ordonnance décide quand même de jeûner, est en infraction avec les commandements de la religion et il met sa vie en péril. Tout en jeûnant il s’expose à des risques de décès. Dans ce cas, le malade doit savoir qu’il commet une tentative de suicide. Or le suicide n’est-il pas interdit par la religion ?

Il s’agit d’une très grande confusion répandue par les « fkihs » lorsqu’ils prêchent les conditions de ne pas jeûner. La religion n’est pas en mesure d’énumérer et de décrire toutes les maladies et chaque cas est isolé.

Ainsi la religion a mandaté le médecin qui seul peut ordonner à un malade de jeûner ou pas. Le médecin est le seul qui est compétentpour évaluerl’état du malade, la nature de sa maladie et il lui incombe de décider si son malade est en mesure de jeûner ou pas. Dans cette décision, le médecin évalue des dizaines de facteurs qui changent d’un malade à autre. C’est pour cette raison, par exemple, devant deux malades atteints de la même maladie, le médecin peut permettre à l’un de jeûner et imposer à l’autre de manger.

Il s’agit d’une très grande responsabilité pour le médecin et croyez moi il n’est pas facile de proscrire le jeûne.

J’invite les « fkihs » à instruire les croyants que seuls les médecins, mandatés par la religion, ont la compétence d’ordonner de jeuner ou pas à un malade, et qu’ils doivent avoir confiance en eux comme ils ont confiance en la religion.

N’oublions pas que la religion nous invite à avoir une grande ouverture d’esprit et de la tolérance. Le but du jeûne est purement spirituel et non un exercice de la faim.

Docteur Jaouad MABROUKI

Psychiatre et psychanalyste de la société arabe

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