Vendredi 31 mars dernier, la Banque mondiale annonce qu’elle a approuvé le troisième Prêt de Politique de Développement (PPD) de 450 millions de dollars dont l’objectif est de développer l’inclusion financière et numérique, en complément des deux financements précédents.
Dans un communiqué, l’institution financière internationale indique que « cette série de projets de financement appuie le gouvernement du Maroc dans la mise en œuvre des réformes visant à améliorer l’inclusion financière, l’entrepreneuriat numérique et l’accès des particuliers et des entreprises aux infrastructures et aux services numériques ».
La Banque mondiale, qui considère l’inclusion financière et numérique comme un facteur clé de la réduction de l’extrême pauvreté et de la promotion d’une prospérité partagée, rappelle, à ce propos, que depuis 2018, l’inclusion financière est une priorité politique majeure pour promouvoir des opportunités d’emploi et l’autonomisation économique des ménages, des micros, petites et moyennes entreprises (MPME), des femmes, des jeunes et des populations rurales.
Comme cela est souligné dans le communiqué, « l’accès à une gamme diversifiée de services financiers (transferts de fonds, épargne, assurance, crédit) aide les populations vulnérables à gérer les risques et à s’adapter au changement climatique.
Rappelons à ce titre que pendant la pandémie de la COVID-19, les services financiers numériques et les institutions de microfinance ont joué un rôle essentiel dans l’acheminement de l’aide apportée aux ménages et aux entreprises, ainsi qu’aux populations vivant dans des régions reculées.
La Banque mondiale est persuadée que cette série de financements a permis au Maroc de repousser considérablement les barrières de l’inclusion financière et numérique. Il faut dire qu’aujourd’hui, 44 % des Marocains ont accès à un compte bancaire contre 29 % en 2017, et 30 % d’entre eux utilisent des paiements numériques contre 17 % en 2017 (Enquête Findex).
Par ailleurs, l’infrastructure des paiements numériques s’est développée : actuellement, 31 % des zones rurales sont couvertes par des réseaux de paiement mobile et 19 prestataires proposent leurs services. La valeur des paiements numériques a considérablement augmenté, atteignant 2 milliards de dirhams (environ 195 millions de dollars) en 2021, posant ainsi les bases de la réforme des programmes de protection sociale grâce aux transferts monétaires numériques, souligne-t-on de même source.
La série de financements a permis le développement de la micro-assurance, du registre des nantissements et des garanties permettant de faciliter l’accès au crédit des MPME. Différentes actions ont directement favorisé l’accès des femmes au financement et à l’autonomisation économique.
L’institution en veut pour preuve: « la participation des femmes aux conseils d’administration des entreprises cotées en Bourse a augmenté de 14,9 % en 2019 à près de 20 % à la fin 2022 ; et 13,5 % des start-ups technologiques dirigées par des femmes ont bénéficié pendant la pandémie de la COVID-19 d’une allocation annuelle en devises étrangères, facilitant ainsi l’importation des biens et services nécessaires à leurs activités », écrit-elle.
Qu’à cela ne tienne, elles estime qu’il reste cependant d’importants défis à relever, tels que l’écart d’accès aux services financiers, qui est toujours de 25 points de pourcentage entre les hommes et les femmes, et il est par ailleurs nécessaire de renforcer l’utilisation et l’acceptation des services financiers numériques par les commerçants.
Comme l’a expliqué Jesko Hentschel, Directeur Pays pour le Maghreb et Malte à la Banque mondiale, « ce troisième financement s’inscrit dans les recommandations du Nouveau Modèle de Développement (NMD) qui souligne la nécessité d’un changement de paradigme visant à promouvoir une croissance inclusive et tirée par le secteur privé afin d’améliorer les services publics et de réduire les disparités sociales et géographiques ».
Selon lui, « le gouvernement du Maroc a commencé à mettre en œuvre ces recommandations en numérisant les programmes de protection sociale, en soutenant le financement participatif et les instruments non bancaires pour les entreprises innovantes, et en numérisant la passation des marchés publics pour améliorer l’accès des PME aux contrats publics. »
Ce troisième financement consolide les réformes initiées par le Maroc en faveur de l’inclusion financière en améliorant l’accès des populations rurales, des femmes, des jeunes, et des entrepreneurs numériques à une gamme variée de services financiers, en diversifiant les instruments financiers mis à disposition des entreprises jeunes et innovantes afin d’encourager la création d’emplois.
Martin KAM Avec CP