Zone euro : l’économie devrait se redresser modérément en 2024, selon la DEPF

Après une faible croissance en 2023 (0,4%), l’économie de la zone euro devrait connaître une reprise modérée en 2024 (0,8%, selon la Commission européenne), selon la Direction des études et des prévisions financières (DEPF) relevant du ministère marocain de l’Economie et des Finances. La croissance devrait se redresser en Allemagne (0,3% après -0,3%), s’accélérer en France (0,9% après 0,7%) et se modérer en Italie (0,7% après 0,9%) et en Espagne (1,7% après 2,5%). Les perspectives restent confrontées à des risques d’escalades géopolitiques qui pourraient déclencher une crise énergétique et des pressions inflationnistes. D’après les explications de la DEPF, l’inertie de la croissance de la zone euro en 2023 (0,4% après 3,4% en 2022) découle essentiellement de la nette contraction de l’économie allemande (-0,3% après 1,8% en 2022). « Cette contraction émane de la morosité du secteur industriel et des exportations, notamment vers la Chine. En revanche, les autres principales économies de la zone euro ont fait preuve d’une certaine résilience en 2023, avec une croissance modérée observée en France (0,7% après 2,5%), en Italie (0,9% après 4%) et en Espagne (2,5% après 5,8%) », souligne-t-elle. Cette résilience s’explique par la dynamique du marché de l’emploi, l’atténuation des contraintes de l’offre, la modération des coûts de l’énergie et une diversification des sources d’approvisionnement, fait-elle remarquer dans sa note de conjoncture du mois de mars 2024 relevant toutefois que l’économie de la zone euro a échappé de peu à la récession fin 2023 (0% au T4 après -0,1% au T3), affectée par une inflation élevée, des coûts d’emprunt record et une demande extérieure faible. Le repli de l’économie allemande (-0,3% après 0%) contraste, toutefois, avec une stabilisation du rythme de croissance enItalie (0,2% après 0,2%) et une reprise en France (0,1% après 0%) et en Espagne (0,6% après 0,4%). La situation économique demeure morose début 2024. L’activité du secteur privé de la zone euro poursuit sa contraction, commele montre l’indice PMI composite (49,2 en février après 47,9 en janvier). Le repli continu du secteur manufacturier (46,5 après 46,6) contraste, toutefois, avec une reprise des services (50,2 après 48,4). Parmi les pays membres, l’activité globale reste en recul en Allemagne (46,3 après 47,0) et en France (48,1 après 44,6) alors que la reprise se renforce en Italie (51,1 après 50,7) et en Espagne (53,9 après 51,5). Par ailleurs, l’indice ESI du sentiment économique en zone euro a confirmé sa baisse en février (-0,7 point à 95,4), restantrelativement modéré. Parmi les pays membres, l’ESI s’est détérioré en Italie (-1,6 point), en Allemagne (-0,6), en France (- 0,3) et en Espagne (-0,2).Par secteur, la confiance a baissé dans les services (-2,4), le commerce de détail (-1,1), la construction (-0,8) et l’industrie(-0,2) mais s’est améliorée pour les consommateurs (+0,6). Le marché d’emploi reste dynamique. Le taux de chômage dans la zone euro a reculé à 6,4% en janvier, son plus bas historique, en repli de 0,1 point sur un mois et de 0,2 point depuis un an. Parmi les grands pays membres, le chômage a baissé en Espagne (-1,4 point sur un an pour s’établir à 11,6% en janvier) et en Italie (-0,7 à 7,2%) mais a augmenté en France (+0,4 à 7,5%) et en Allemagne (+0,1 à 3,1%). Les entreprises continuent de se préoccuper de la pénurie de la main-d’œuvre. L’inflation globale dans la zone euro poursuit sa modération (2,6% en février après 2,8% en janvier), en lien avec le repli des prix de l’énergie (-3,7% après -6,1%). De même, l’inflation sousjacente continue de s’apaiser (3,1% après 3,3%). La tendance baissière de l’inflation devrait se poursuivre. La BCE a abaissé ses prévisions d’inflation, à 2,3% en 2024 et 2,0% en 2025 (contre 2,7% et 2,1% respectivement dans ses projections de décembre et 5,4% en 2023). Lors de sa réunion du 7 mars, la BCE a maintenu ses taux d’intérêt à des sommets pluriannuels, restant résolue à ramener l’inflation à son objectif de 2%. Le taux des opérations principales de refinancement est maintenu à 4,5%, son niveau le plus élevé depuis 22 ans, tandis que le taux de la facilité de dépôt est resté à son record de 4%. La BCE attend une confirmation de la stabilité de la baisse de l’inflation avant d’envisager toute réduction de ses taux. Tout dépendra des données économiques à venir. Par ailleurs, la BCE envisage d’accélérer la réduction de son bilan en permettant à certaines obligations arrivant à échéance dans le cadre de son programme d’achat d’urgence en cas de pandémie (PEPP) d’être remboursées au second semestre 2024 (à hauteur de 7,5 milliards d’euros par mois). Sur le marché des changes, l’euro s’échangeait à 1,08 dollar le 20 mars, en hausse de 1,2% depuis son creux mi-février (1,07) mais en baisse de 1,9% depuis son pic fin décembre (1,11). Les fluctuations de la parité euro/dollar sont accentuées par des variations des anticipations en matière d’inflation et de croissance économique et leur influence sur la politique monétaire en 2024, en particulier sur l’ampleur et le timing des futures baisses des taux par la BCE et la Fed.
Royaume-Uni: L’économie est entrée en récession fin 2023
Le Royaume-Uni est entré en récession au cours des trois derniers mois de l’année dernière, selon les chiffres officiels publiés jeudi par l’Office national des statistiques (ONS). Le produit intérieur brut (PIB) a chuté de 0,3% entre octobre et décembre, précise l’ONS, rappelant que cette baisse fait suite à celle enregistrée entre juillet et septembre. Deux trimestres de contraction économique d’affilée sont généralement considérés par les économistes comme la définition d’une récession « technique ». Sur l’ensemble de l’année 2023, le Royaume-Uni affiche cependant encore une légère croissance de 0,1% sur un an, après une croissance de 4,3% en 2022, détaille l’ONS. « L’inflation est le plus gros obstacle à la croissance, c’est pour cela que la diviser en deux a été notre priorité », a réagi le ministre britannique des Finances, Jeremy Hunt. L’inflation au Royaume-Uni se situe à 4%, encore le double de l’objectif de la Banque d’Angleterre (BoE), mais fortement diminuée comparé à son pic de 11% atteint en octobre 2022. « Avec des taux d’intérêt élevés », actuellement à 5,25%, pour que la BoE puisse faire reculer l’inflation, « une croissance faible n’est pas une surprise », a estimé M. Hunt, notant toutefois qu’il y a « des signes que l’économie britannique a passé un cap et les prévisionnistes anticipent de la croissance pour les prochaines années ». Dans le détail, l’ONS a révélé que tous les principaux secteurs ont chuté au cours du dernier trimestre, l’industrie manufacturière, la construction et le commerce de gros étant les plus grands freins à la croissance, partiellement compensés par des augmentations dans les hôtels et les locations de véhicules.
Pénurie de main-d’œuvre qualifiée en cybersécurité : récession ou stress ?
En 2023, les licenciements ont été si nombreux dans le secteur technologique que TechCrunch a parlé d’« heure du bilan » dans sa liste exhaustive publiée fin avril. À ce jour, près de 169 000 licenciements ont eu lieu dans de nombreuses organisations, dont Microsoft, Google, Amazon, Dropbox et Zoom, pour n’en citer que quelques-unes. Meta devrait licencier 10 000 personnes au cours des prochains mois et Disney 7 000. Et pourtant, dans le domaine de la cybersécurité, il y a toujours plus d’« emplois vacants que de personnes pour les occuper ». Selon Anna Collard, vice-présidente principale en stratégie de contenu et ambassadrice chez KnowBe4 AFRICA, le plus grand défi auquel est actuellement confronté la cybersécurité n’est pas la perte soudaine d’emplois, mais l’impact à long terme de la pénurie de main-d’œuvre et du stress. « La pénurie de main-d’œuvre qualifiée en cybersécurité implique que moins de postes ont été touchés par les licenciements dans ce secteur. », explique-t-elle. « Cependant, les personnes travaillant dans le domaine des technologies, quel que soit leur rôle, sont toujours préoccupées par la sécurité de l’emploi. Les professionnels de la cybersécurité jonglent avec des emplois très demandés et très stressants, et ils ne se reposent que rarement. La sécurité est un travail 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, où personne ne remarque le dur labeur accompli jusqu’à ce que quelque chose tourne mal. » Un rapport récent sur l’état des opérations de sécurité et de l’automatisation, révélant que 93 % des professionnels de la sécurité ont vu leur nombre d’alertes doubler au cours des cinq dernières années, fait écho à cette réalité. 56 % traitent environ 1 000 alertes par jour. 83 % souffrent d’épuisement. Le personnel chargé de la cybersécurité surveille les menaces au quotidien, mais, comme le souligne Mme Collard, dès qu’une erreur est commise, on se met à lui faire des reproches, ce qui crée un environnement extrêmement toxique. Le rapport de Tines sur L’état de la santé mentale dans la cybersécurité en 2022 a souligné cette réalité. Environ 27 % des professionnels estiment que leur santé mentale s’est dégradée au cours de l’année écoulée, 66 % sont stressés au travail, 64 % déclarent que leur travail affecte leur santé mentale et 58 % prennent des médicaments pour gérer leur bien-être mental. Seule la moitié d’entre eux sont en bonne santé physique, et 42 % seulement bénéficient des huit heures de sommeil dont ils ont tant besoin chaque nuit. « Il ne s’agit plus seulement de combler les lacunes, mais de rendre la cybersécurité nettement plus saine pour ceux qui entrent dans la profession. », explique Mme Collard. « Les failles dues à l’accès limité des personnes qualifiées ne seront pas comblées si la sécurité reste un espace où le stress domine. Dans le contexte de la récession et de la crise économique, les postes dans le domaine de la cybersécurité restent vacants, ce qui montre que le problème n’est peut-être pas exclusivement lié au manque de développement des compétences. » La cybersécurité est un secteur fascinant et pour ceux qui aiment les défis et la résolution de problèmes, ils peuvent s’y épanouir. Mais pas au détriment de leur santé. On raconte de nombreuses histoires autour de la cybersécurité, comme la fois où un RSSI a eu une crise cardiaque lors d’un incident de sécurité, ou peu de temps après. L’enquête menée par Tines a révélé que près de 30 % des professionnels de la cybersécurité estiment que leur santé mentale se dégrade. « La cybersécurité, c’est amusant. », déclare Mme Collard. « Il s’agit d’un secteur intéressant et dynamique. Mais ces avantages sont souvent éclipsés par la peur que quelque chose tourne mal. Les incidents sont inattendus, stressants et laissent souvent les équipes épuisées. Il n’y a pas le temps de souffler. Les cybercriminels voient leurs efforts récompensés dès qu’il s’agit d’exploiter toutes les vulnérabilités. Les équipes de cybersécurité doivent traquer ces vulnérabilités et ces menaces pour s’assurer que rien n’est laissé au hasard. » Pour minimiser le risque de perdre des personnes talentueuses dans le domaine de la sécurité, les entreprises doivent non seulement combler les lacunes mais aussi fournir un soutien véritablement holistique à leurs professionnels. Cela va au-delà de l’amélioration des compétences. Aujourd’hui, les équipes de sécurité ont besoin de soutien en matière de bien-être mental qui mette fin à ce climat toxique. « Si vous voulez attirer davantage de personnes vers la cybersécurité, vous devez mettre en place des contrôles qui minimisent le stress et soulignent la valeur de votre personnel. », conclut Mme Collard.
Le FMI anticipe une profonde récession pour le Maroc

Le Fonds monétaire international (FMI) a dévoilé mardi dernier ses perspectives de l’économie mondiale pour 2020 et 2021. Il ressort des nouvelles projections de l’institution basée à Washington que l’économie marocaine devrait connaître une récession plus sévère que prévu. En effet, le produit intérieur brut (PIB) devrait se contracter de 7% contre +2,2% en 2019, a indiqué l’institution internationale dans un rapport semestriel sur les perspectives de l’économie mondiale. Les projections du Fonds monétaire sont ainsi plus alarmistes que celles de Bank Al-Maghrib, du Haut-commissariat au plan (HCP), du Centre marocain de conjoncture (CMC) et même du gouvernement. Rappelons à ce propos qu’au terme de la troisième réunion trimestrielle de l’année du Conseil de Bank Al-Maghrib, tenue le 22 septembre dernier, le wali de la Banque centrale avait déclaré que son institution tablait désormais sur une contraction de 6,3% de l’économie nationale au lieu de 5,2% prévu un mois plus tôt « avec des reculs de 5,3% de la valeur ajoutée agricole et de 6,3% de celle des secteurs non agricoles ». Deux mois plus tôt, tenant compte d’une baisse prévue de 9% des impôts et taxes sur les produits nets de subventions, le Haut-commissariat avait, pour sa part, annoncé que « le Produit intérieur brut devrait enregistrer une décroissance de 5,8% en 2020 au lieu d’une progression de 2,5% enregistrée en 2019 ». Dans sa publication «Maroc Conjoncture» d’août dernier (n° 327), le CMC avait prédit que le PIB devrait se contracter de 6,2% après avoir révisé à la baisse sa prévision de croissance pour l’année en cours. Soulignons enfin que, dans le cadre de la loi de Finances rectificative pour l’année 2020, le gouvernement a anticipé de son côté sur une récession moins pessimiste de -5% pour cette même année. En effet, « en se basant sur des hypothèses fixant la production céréalière à environ 30 millions de quintaux et le cours moyen du gaz butane à 290 dollars US la tonne, le taux de croissance de l’année 2020 serait en recul de 5% (contre 3,7% prévu par la loi de Finances pour l’année 2020) et le déficit budgétaire s’élèverait à 7,5% (contre 3,5% prévu par la loi de Finances pour l’année 2020)», anticipe-t-il. Dans son rapport semestriel sur les perspectives de l’économie mondiale, le Fonds monétaire international s’est aussi prononcé sur l’inflation qui devrait se situer à 0,2%, soit au même niveau que l’année 2019. Avant de s’accélérer pour atteindre 0,8% l’année prochaine. Selon l’institution de Bretton Woods, le solde extérieur courant du Maroc devrait passer de -4,7% en 2019 à -7,3% cette année. Il devrait en revanche baisser l’année prochaine pour s’établir à -5,2%. Pour ce qui est du chômage, il ressort des projections du FMI qu’il devrait se situer à 12,5% cette année contre 9,2% en 2019. Le taux devrait descendre à 10,5% en 2021, selon les prévisions des économistes de l’institution internationale. Point positif : l’économie devrait retrouver une bonne santé l’année prochaine. Selon les économistes de l’institution, le produit intérieur brut devrait s’améliorer pour atteindre 4,9% en 2021. Au niveau mondial, il apparait que l’économie mondiale serait en train de s’extirper du gouffre dans lequel elle s’était enfoncée lors du « Grand Confinement » d’avril, selon le FMI. Il n’empêche qu’il anticipe un taux de croissance mondiale de – 4,4 % en 2020, soit 0,8 point de pourcentage au-dessus des prévisions de la mise à jour des PEM de juin 2020. En revanche, les projections envisagent une croissance mondiale de 5,2% en 2021, soit 0,2 point de moins que dans la mise à jour des PEM de juin 2020. Selon l’organisation, « ce rebond prévu pour 2021 à la suite de la profonde contraction enregistrée en 2020 se traduirait par une légère augmentation du PIB mondial sur 2020 et 2021, de 0,6 point de pourcentage par rapport à 2019 ». Qu’à cela ne tienne, et en dépit du fait que le redressement de la Chine ait été plus rapide qu’attendu, le Fonds affirme que « la longue ascension de l’économie mondiale vers des niveaux d’activité comparables à ceux d’avant la pandémie demeure exposée à des revers ». Alain Bouithy
Récession. BAM abaisse son taux directeur à un niveau historique (Maroc)

En dépit des efforts fournis par les autorités pour atténuer les effets de la pandémie du Covid-19, l’évolution de la conjoncture économique et sociale n’est guère de bon augure. De plus, malgré la reprise attendue en 2021, l’économie marocaine devrait enregistrer cette année sa plus forte contraction en plus de deux décennies, a annoncé Bank Al-Maghrib. « Les projections macroéconomiques de la Banque restent entourées d’un degré exceptionnellement élevé d’incertitude et font clairement ressortir une forte contraction de l’économie nationale qui pâtirait de l’effet conjugué de la sécheresse et des restrictions pour limiter la propagation du Covid-19 », a expliqué la Banque centrale. Ainsi, l’économie nationale « accuserait une contraction de 5,2% en 2020, la plus forte depuis 1996 », a-t-elle souligné au terme de la deuxième réunion trimestrielle de l’année du Conseil de la Banque tenue mardi 16 juin à Rabat. A quelques nuances près, ces projections confirment les prévisions du Haut-commissariat au plan (HCP) et du Centre marocain de conjoncture (CMC) dont nous avons fait écho dans nos précédentes éditions. En effet, dans ses prévisions (révisées) de la croissance économique nationale pour le premier et le deuxième trimestres 2020, le HCP évoquait en avril dernier des signes d’une récession qui se confirme au fil des mois. L’institution publique avait alors prévenu que la baisse de la croissance économique nationale serait plus prononcée que prévu au deuxième trimestre 2020. Dans le cadre de ses travaux, ses analystes avaient ainsi prévenu que « l’économie nationale serait amputée de 8,9 points au deuxième trimestre 2020, par rapport à son évolution d’avant crise Covid-19, au lieu de -3,8 points prévus au 7 avril ». Analysant l’ampleur des effets du Covid-19 sur l’économie nationale, le CMC s’était aussi intéressé à la récession, annonçant un affaiblissement du PIB de -3,2% dans sa publication mensuelle « Maroc Conjoncture » (n°324) de mai 2020. « La configuration des prévisions sectorielles retenues pour le scénario de référence a permis de dégager un taux de croissance négatif conjecturable du Produit intérieur brut à prix constants de l’ordre de -3,2% pour l’exercice 2020 », avait relevé le Centre dans ce numéro spécial. « Cette contre-performance économique devrait découler du retrait de l’ensemble des secteurs sous les effets multiples déclenchés par la maladie du Covid-19 de la psychose et de la perte de confiance en passant par les restrictions des déplacements et le confinement pour arriver au stade de l’état d’urgence sanitaire », avait expliqué l’Observatoire privé. Dans sa dernière édition semestrielle des perspectives économiques mondiales, et plus précisément sur le volet consacré à l’activité économique dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), la Banque mondiale tablait, de son côté, sur une récession de 4% de l’économie marocaine. A noter que la valeur ajoutée agricole, telle qu’elle ressort des projections de Bank Al-Maghrib devrait connaître « un recul de 4,6%, avec une récolte céréalière estimée par le Département de l’Agriculture à 30 millions de quintaux, et celle des activités non agricoles diminuerait de 5,3% », a fait savoir BAM. Au regard de l’évolution de la situation économique du pays, et après la baisse de 25 points de base en mars dernier, le Conseil de Bank Al-Maghrib a décidé de procéder à une deuxième réduction du taux directeur de 50 points de base, le ramenant à 1,5%. En plus de cette décision historique, la Banque a choisi de libérer intégralement le compte de réserve au profit des banques. L’autre décision prise par BAM concerne la mise en place des dispositions spécifiques en vue de fournir un appui au refinancement des banques participatives et aux associations de microcrédit. A en croire la Banque centrale, « ces décisions, conjuguées aux différentes mesures d’assouplissement déjà mises en œuvre, notamment l’élargissement du collatéral éligible à ses opérations de refinancement, le renforcement de ses programmes non conventionnels, ainsi que l’allègement temporaire des règles prudentielles, devraient contribuer, avec celles prises par le Comité de veille économique, à atténuer l’impact de la pandémie et à soutenir la relance de l’économie et de l’emploi ». Bank Al-Maghrib, qui a affiné le cadre de ses opérations de refinancement pour favoriser davantage les banques qui déploient le plus d’efforts dans ce sens, a, par ailleurs, assuré qu’« elle veillera, plus que par le passé, à la transmission de ses décisions à l’économie réelle et fera le point régulièrement à ce sujet avec le plus haut management du système bancaire ». Soulignons qu’en dépit du contexte difficile, la sinistre réalité qui prévaut au Maroc laisse tout de même une place à l’optimisme. En effet, la croissance marquerait un rebond en 2021 de « 4,2%, avec une augmentation de la valeur ajoutée agricole de 12,4%, sous l’hypothèse d’une production céréalière de 75 millions de quintaux, et une amélioration du rythme des activités non agricoles à 3,1% », a relevé BAM. La vigilance doit tout de même rester de mise au regard de l’évolution rapide et incertaine de la situation, a estimé la Banque soulignant que « ces prévisions restent entourées de fortes incertitudes, avec une balance des risques orientée à la baisse ». Aussi, Bank Al-Maghrib a prévenu que la récession serait beaucoup plus profonde dans le cas « d’une reprise plus lente de l’activité ou de la persistance de la faiblesse de la demande étrangère et des perturbations des chaînes d’approvisionnement ». Dans un communiqué rendu public au terme de sa deuxième session trimestrielle de l’année, BAM a relevé qu’après s’être établie à 1,4% en moyenne au premier trimestre 2020, l’inflation est revenue à 0,9% en avril en lien essentiellement avec le repli des prix des carburants et lubrifiants. Selon ses prévisions, « à moyen terme, et dans un contexte de faibles pressions inflationnistes émanant de la demande et des cours bas des matières premières, elle se maintiendrait à un niveau modéré autour de 1% aussi bien en 2020 qu’en 2021 ». Se basant sur les dernières données de l’enquête nationale sur l’emploi collectées par le HCP entre le 1er janvier et le 20 mars (qui n’intègrent pas l’effet
Le Maroc devrait connaître une récession de 4%

La pandémie de Covid-19 plonge l’économie mondiale dans une grave récession, la pire depuis la Seconde Guerre mondiale. C’est ce que relève la Banque mondiale dans sa dernière édition semestrielle des perspectives économiques mondiales soulignant que le Maroc devrait connaître une récession de 4%. “Pour la première fois depuis 1870, un nombre sans précédent de pays vont enregistrer une baisse de leur production par habitant”, a-t-elle prevenu soulignant que toutes les régions du monde enregistreront un recul du revenu par habitant. C’est notamment vrai pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) dont l’activité économique devrait se contracter de 4,2% sous l’effet conjugué de la pandémie et de l’évolution du marché de pétrole. Comme l’a fait remarquer l’institution financière internationale, “la pandémie de Covid-19 et les mesures prises pour l’endiguer ont fortement ralenti l’activité à court terme de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, tout en accroissant l’aversion des investisseurs pour le risque”, soulignant que cette situation a exacerbé l’instabilité de la situation financière. Dans son rapport, la BM a aussi noté la forte baisse de la demande mondiale de pétrole qui a réduit les exportations des pays producteurs et provoqué des répercussions sur les secteurs non pétroliers. Une situation aggravée par “des problèmes structurels de longue date qui freinent la croissance”, a constaté l’organisation. A en croire ce document, l’activité économique des pays exportateurs de pétrole a ralenti sur tous les fronts en raison de la forte baisse de la demande mondiale de pétrole qui a contribué à l’effondrement des prix. Selon les auteurs dudit rapport, “les pays importateurs de pétrole accusent également un ralentissement économique du fait que les perturbations et restrictions liées au coronavirus limitent les possibilités touristiques et que la forte baisse de la demande extérieure a réduit d’autant les exportations”. La Banque mondiale a toutefois relevé une bonne maîtrise de l’inflation dans la région. Ce qui, a-t-elle expliqué, aurait permis aux grandes économies comme l’Egypte de réduire leurs taux directeurs en réponse à la pandémie. Qu’à cela ne tienne, “le secteur financier des pays de la région s’est ressenti de la baisse d’intérêt des investisseurs pour les marchés émergents et les pays en développement, comme en témoigne l’important recul des indices boursiers”, a souligné la Banque mondiale. Concernant les perspectives de la région, il ressort de ce document que l’activité économique des pays exportateurs de pétrole devrait enregistrer une baisse de 5%, contre une croissance de 2% annoncée en début d’année. Ce repli est attribué à la chute des prix du pétrole. Alors que l’Iran devrait voir son économie se contracter pour la troisième année consécutive (-5,3% cette année), les analystes de la BM annoncent que les mesures de réduction de la production pétrolière vont considérablement freiner la croissance de bon nombre de pays exportateurs de pétrole. “Dans les pays membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) (- 4,1%), les faibles cours du pétrole et l’incertitude liée au coronavirus pèseront lourdement sur les secteurs non pétroliers”, ont-ils prévenu soulignant que l’Algérie (-6,4%) et l’Iraq (-9,7%) sont toujours aux prises avec les conséquences de la baisse des cours du pétrole et des vulnérabilités structurelles. S’agissant de l’activité économique des pays importateurs de pétrole de la région, il apparaît qu’elle devrait se contracter de 0,8% en 2020 avec la baisse du tourisme et la détérioration des perspectives d’exportation”, relevant que ces prévisions sont loin du taux de croissance de 4,4% prévu en janvier dernier. Toujours selon le document, qui a été rendu public récemment, “l’investissement devrait rester atone dans le climat d’incertitude qui règne au niveau mondial et national, tandis que la consommation sera limitée par les mesures de riposte à la pandémie”. Et d’ajouter: le niveau élevé de la dette publique est un autre obstacle à la croissance des pays importateurs de pétrole. En dépit de ces différentes situations on ne peut plus alarmistes, l’organisation est persuadée que “l’avancement des réformes structurelles dans la région peut contribuer à réduire les vulnérabilités à moyen terme” et à améliorer “les perspectives de croissance à moyen terme”. Elle a également soutenu que les programmes structurels lancés dans des pays comme l’Egypte et les programmes de diversification en cours dans les pays du CCG devraient aider à promouvoir des réformes favorables à la croissance. Enfin, le rapport conclut en affirmant que “l’effondrement récent des prix du pétrole et l’incertitude qui pèse sur leur évolution future constituent un risque important pour les perspectives régionales à court terme”. L’institution internationale craint que la faiblesse persistante des prix du pétrole réduise l’espace budgétaire qui se trouve déjà limité ainsi que les investissements. Par ailleurs, outre les risques de conflit qui restent élevés dans la région, la BM prévient que “des problèmes politiques pourraient venir encore perturber les programmes de réformes, notamment dans les petits pays importateurs de pétrole”. Alain Bouithy
L’économie mondiale devrait connaître une récession inédite en 2020

L’économie mondiale devrait connaître cette année sa pire récession depuis la Grande dépression, a prédit le Fonds mondial international (FMI) dont les dernières perspectives suggèrent « une récession plus grave que celle observée lors de la crise financière mondiale il y a une dizaine d’années ». Selon les estimations de l’institution financière internationale, qui ont été rendues publiques le mardi 14 avril, l’économie mondiale devrait connaître une forte contraction de 3 % en 2020, soit un recul bien plus marqué que lors de la crise financière de 2008-09. Se basant sur un scénario de référence fondé sur l’hypothèse d’une atténuation de la pandémie au cours du deuxième semestre de 2020 et d’un relâchement progressif des efforts d’endiguement, le FMI a néanmoins assuré que l’économie mondiale devrait croître de 5,8 % en 2021, à mesure que l’activité économique se normalisera, grâce au soutien des pouvoirs publics. Mais quand bien même une reprise partielle serait prévue pour l’année prochaine, avec des taux de croissance supérieurs à la tendance, les analystes du FMI ont toutefois prévenu que « le niveau du PIB restera inférieur à la tendance d’avant l’apparition du virus et la vigueur de la reprise est très incertaine ». En conséquence, quoi qu’il en soit, les résultats bien pires sont possibles et peut-être même probables, a fait savoir l’institution de Bretton Woods dans un communiqué, soulignant qu’« il en sera ainsi si la pandémie et l’application des mesures d’endiguement durent plus longtemps, si les pays émergents et les pays en développement sont encore plus sévèrement touchés ». Dans ce document, l’organisation a en outre prédit que la situation restera sombre si les conditions financières demeurent également restrictives ou si des séquelles se font sentir à grande échelle en raison des fermetures d’entreprises et d’un chômage prolongé, peut-on lire. Pour sauver des vies et permettre aux systèmes de soins de faire face à la situation, le Fonds a rappelé qu’« il a fallu prendre des mesures d’isolement, de confinement et de fermeture généralisée, en vue de ralentir la propagation du virus ». Par ailleurs, s’il est avéré que les prévisions de croissance mondiale sont extrêmement incertaines, du fait que les conséquences économiques dépendent de facteurs dont l’interaction est difficile à prévoir, l’institution a estimé qu’il est indispensable de prendre des mesures efficaces visant à atténuer la contagion et à préserver des vies humaines. Ce qui permettra d’éviter de très mauvais résultats. Mais quand bien même elles auront un effet néfaste à court terme sur l’activité économique, le FMI a expliqué que ces mesures doivent être considérées comme un investissement important dans la santé humaine et économique à long terme. Quoi qu’on en pense, pour l’institution, « la priorité immédiate est de limiter les répercussions de l’épidémie de Covid-19, notamment en augmentant les dépenses de santé visant à renforcer les capacités et les ressources du secteur sanitaire tout en prenant dans le même temps des dispositions qui freinent la contagion ». En outre, peut-on lire dans le communiqué, « la politique économique devra également amortir les effets du fléchissement de l’activité sur la population, les entreprises et le système financier, réduire les séquelles persistantes d’un inévitable ralentissement prononcé et faire en sorte que la reprise économique puisse s’amorcer rapidement une fois la pandémie passée ». Par ailleurs, pour faire face à cette crise majeure, le FMI a soutenu que les dirigeants devront prendre des mesures d’envergure et ciblées sur les plans budgétaire, monétaire et financier pour aider les ménages et les entreprises touchés. A en croire l’institution, « ces mesures contribueront à maintenir les relations économiques pendant toute la période de paralysie et sont indispensables à une normalisation progressive de l’activité une fois que la pandémie se sera atténuée et que les mesures d’endiguement auront été levées », a-t-elle expliqué. Enfin, contrairement à ce qui s’était passé la dernière fois que l’économie mondiale avait subi une crise de cette ampleur (dans les années 1930), et où l’absence de prêteur de dernier ressort au niveau multilatéral avait contraint les pays à se bousculer pour obtenir des liquidités internationales, force est constater qu’« aujourd’hui, nous disposons d’un dispositif mondial de sécurité financière plus solide, avec le FMI en son centre, qui permet déjà de venir activement en aide à des pays vulnérables », a conclu l’institution. Alain Bouithy