Les inégalités persistent entre les régions du Cameroun
Les maires du Cameroun sont réunis à Yaoundé. Malgré la décentralisation, des zones comme au nord du pays, bénéficient de moins d’aides que d’autres. Yaoundé, la capitale camerounaise, accueille depuis le 1er juin la deuxième édition des Journées économiques internationales des communes. C’est l’occasion de réunir les maires du Cameroun autour de la question du développement et de la sécurité alimentaire, alors que le pays poursuit une politique de décentralisation. Le Cameroun s’est engagé dans un processus de décentralisation qui place au centre de sa politique les collectivités territoriales et les communes. Il y a ainsi 360 communes et 14 communautés urbaines dans le pays mais certaines zones sont moins développées que d’autres, elles reçoivent moins de soutien de l’Etat… Lire la suite sur DW.com
La négociation collective, un outil efficace pour réduire les inégalités et favoriser l’inclusion
La négociation collective a joué un rôle important dans l’atténuation de l’impact de la crise Covid-19 sur l’emploi et les revenus, a affirmé l’Organisation internationale du travail dans un nouveau rapport (OIT). Elle a contribué à amortir certains des effets sur les inégalités tout en renforçant la résilience des entreprises et des marchés du travail en soutenant la continuité de l’activité économique, a relevé l’agence onusienne dans son «Rapport sur le dialogue social 2022: La négociation collective pour une reprise inclusive, durable et résiliente». Pour s’en convaincre, il suffit de se rappeler que «l’adaptation des mesures de santé publique sur le lieu de travail et le renforcement de la sécurité et de la santé au travail (SST), ainsi que les congés de maladie payés et les prestations de soins de santé prévus dans de nombreuses conventions collectives, ont contribué à protéger des millions de travailleurs», a fait savoir l’OIT. Comme l’a expliqué Guy Ryder, directeur général de l’OIT, la négociation collective a forgé «la résilience en vue de protéger les travailleurs et les entreprises, de garantir la continuité des activités et de sauver des emplois et des revenus ». Bien plus que cela, «elle a constitué un moyen efficace pour les employeurs et les travailleurs de s’entendre sur des solutions inclusives à des préoccupations ou des défis communs, et d’atténuer les effets des crises actuelles et futures sur l’économie, les entreprises et les travailleurs», a-t-il fait remarquer. Pour l’organisation internationale, il ne fait aucun doute que « la négociation collective peut constituer un moyen efficace pour les employeurs et les travailleurs de relever les nouveaux défis qui secouent le monde du travail », a-t-elle relevé dans son rapport qui se fonde sur un examen des conventions et pratiques collectives dans 80 pays à différents niveaux de développement économique et sur les cadres juridiques et réglementaires de 125 pays. Outre le rôle crucial qu’elle a joué pendant la pandémie, elle «peut faire progresser l’égalité et favoriser l’inclusion», a estimé l’étude dont les conclusions ont été rendues publiques récemment. En effet, «plus la couverture des employés par les conventions collectives est élevée, plus les différences de salaires sont faibles», a indiqué le rapport. En plus de pouvoir réduire efficacement les inégalités salariales, que ce soit dans une entreprise, un secteur ou une industrie, la négociation collective peut également contribuer à réduire l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes, ont expliqué les auteurs dudit rapport. Selon l’agence, «plus de la moitié (59%) des conventions collectives examinées par l’étude de l’OIT reflètent un engagement conjoint des employeurs ou de leurs organisations et des organisations de travailleurs (en particulier les syndicats) à lutter contre les inégalités de genre en garantissant un salaire égal pour un travail de valeur égale, en prévoyant un congé parental et familial et en luttant contre la violence sexiste au travail». La même étude montre que plus d’un tiers des salariés (35%) dans 98 pays voient leur salaire, leur temps de travail et leurs autres conditions de travail fixés par des négociations collectives autonomes entre un syndicat et un employeur ou une organisation d’employeurs. L’OIT a toutefois relevé « une variation considérable entre les pays, allant de plus de 75% dans de nombreux pays européens et en Uruguay à moins de 25% dans environ la moitié des pays pour lesquels des données sont disponibles». Mais si elle peut apporter une contribution importante à la gouvernance inclusive et efficace du travail, l’agence onusienne estime que la négociation collective doit traiter plusieurs priorités pour être réellement efficace. A savoir : revitaliser les organisations d’employeurs et de travailleurs, assurer la reconnaissance effective du droit à la négociation collective pour tous les travailleurs, promouvoir une reprise inclusive, durable et résiliente ainsi que soutenir la mise en œuvre de l’Agenda 2030 pour le développement durable. Alain Bouithy
L’UNESCO appelle à un meilleur encadrement de l’enseignement privé pour réduire les inégalités
Aujourd’hui, trois cent cinquante millions d’enfants et de jeunes sont scolarisés dans des écoles non étatiques dans le monde. Cependant, le nouveau Rapport mondial de suivi sur l’éducation (GEM) de l’UNESCO montre que de nombreux pays ne disposent pas d’une réglementation adéquate de l’enseignement privé ou de la capacité à la faire appliquer, ce qui nuit à la qualité de ce dernier et accroît encore le fossé entre riches et pauvres en matière d’éducation. Le Rapport se penche sur les acteurs non étatiques dans tous les systèmes éducatifs, qu’il s’agisse d’écoles gérées par des organisations confessionnelles, des ONG, des organismes philanthropiques ou des entités commerciales à but lucratif, et tous ceux qui fournissent des services dans le secteur de l’éducation. De nombreux pays laissent ces écoles, pour la plupart non homologuées, fonctionner sans aucune surveillance. Il révèle que seuls 27% % des pays interdisent explicitement aux écoles primaires et secondaires de poursuivre un but lucratif, ce qui va à l’encontre de la vision de 12 ans d’éducation gratuite pour tous. Plus de la moitié des pays empêchent le processus de sélection des élèves dans les écoles. Seuls 7% des pays ont des quotas qui améliorent l’accès aux écoles pour les étudiants défavorisés par le biais de mesures diverses. Une moitié seulement a adopté une réglementation encadrant les cours particuliers. En conséquence, les ménages des pays les moins développés consacrent une part disproportionnée de leurs revenus à l’éducation de leurs enfants. Les ménages comptent pour 39 % des dépenses d’éducation dans les pays à revenu faible et intermédiaire inférieur, contre 16 % dans les pays à revenu élevé. Le Rapport, intitulé Qui peut choisir ? Qui en pâtit ? démontre que, dans le même temps, l’éducation publique dans les pays à faible revenu s’accompagne de coûts cachés considérables. Une analyse portant sur 15 pays à revenu faible ou intermédiaire montre que près de deux cinquièmes des dépenses d’éducation des ménages étaient consacrées aux uniformes et aux fournitures scolaires. Cela contraint 8% des familles des pays à revenu faible ou intermédiaire à emprunter de l’argent pour payer la scolarité de leurs enfants. « Dans certains pays comme l’Ouganda, Haïti, le Kenya et les Philippines, 30% des familles doivent emprunter pour financer l’éducation de leurs enfants. L’impact de la Covid-19 a encore réduit les budgets familiaux, rendant les frais de scolarité et autres dépenses inabordables pour beaucoup », explique Manos Antoninis, directeur du Rapport mondial de suivi sur l’éducation. « Des normes minimales doivent être fixées par les gouvernements pour les écoles publiques et privées non-étatiques pour garantir une réelle égalité des chances aux élèves les plus défavorisés afin qu’ils puissent bénéficier d’une éducation de qualité », déclare Audrey Azoulay, directrice générale de l’UNESCO. « Il est urgent de mettre en place des mécanismes de financement équitables. Ceux qui vivent dans des contextes plus défavorisés ne doivent pas être pénalisés », continue-t-elle. L’UNESCO invite les pays à évaluer les réglementations qu’ils ont mises en place et formule cinq recommandations visant à placer l’équité au cœur de leurs actions : –Redoubler d’efforts pour garantir l’accès gratuit et financé par des fonds publics à une année d’enseignement préscolaire et 12 années d’enseignement primaire et secondaire pour tous les enfants et les jeunes. Mais un pays sur trois consacre moins de 4% de son produit intérieur brut ou moins de 15% de ses dépenses publiques totales à l’éducation – les normes minimales convenues au niveau international. –Établir des normes de qualité qui s’appliquent à tous les établissements d’enseignement étatiques et non étatiques, car des systèmes parallèles dont les exigences, le matériel et les conditions de travail diffèrent ont un effet négatif sur la mise en place d’un système éducatif cohérent pour tous les apprenants. -Renforcer la capacité des gouvernements à surveiller et à appliquer les réglementations. Dans la pratique, de nombreuses règles sont mal conçues ou insuffisamment appliquées, ce qui laisse la porte ouverte à des comportements répréhensibles. Les gouvernements doivent établir une relation de confiance avec les prestataires non étatiques, en les encourageant à se faire homologuer, en éliminant l’arbitraire des règles et en leur communiquant des incitations adaptées pour qu’ils gèrent efficacement leurs écoles dans l’intérêt des apprenants. -Encourager l’innovation pour le bien commun et rassembler tous les acteurs qui les développent. Les gouvernements doivent travailler en partenariat avec tous les acteurs de l’éducation afin d’apprendre, de recueillir et d’évaluer les bonnes pratiques, de fournir des ressources permettant aux praticiens d’échanger leurs expériences, et d’établir des programmes pilotes puis d’étendre la mise en œuvre des idées pertinentes. -Protéger l’éducation contre les intérêts particuliers restrictifs. Le maintien de la transparence et de l’intégrité de l’éducation publique contribue à protéger les apprenants les plus défavorisés.
Madagascar : lancement du programme de liaison entre PME et grandes entreprises pour créer des emplois et réduire les inégalités
Le bureau-pays du Groupe de la Banque africaine de développement à Madagascar et ses partenaires ont lancé officiellement, mardi (6 octobre, dnr) à Antananarivo, le « Business linkage program », un programme africain de liaison entre les petites et moyennes entreprises et les grandes entreprises. Son objectif est de soutenir la création d’emplois et de réduire les inégalités et la pauvreté dans le pays. La mise en œuvre effective du projet « SME Business linkage program » s’étend jusqu’en décembre 2023. Le programme bénéficie d’un financement de 1,43 million de dollars américains, issu de la Facilité d’appui à la transition, en faveur des micros, petites et moyennes entreprises. Dans la composante « accès aux compétences » du projet, le programme prévoit la sélection de 300 candidatures des micros, petites et moyennes entreprises de tous les secteurs, dont 40% dirigées par des femmes et des jeunes. En amont du processus, les candidatures reçues passeront une phase de sélection au cours de laquelle les entités seront filtrées selon des critères précis. Les entreprises sélectionnées bénéficieront ensuite d’une formation à l’entrepreneuriat, qui mènera les dirigeants de ces micros, petites et moyennes entreprises à analyser leurs forces et faiblesses et à prendre conscience des améliorations nécessaires pour fournir des produits et services de qualité. À la suite de cette formation, elles suivront une séance d’information consultative pour leur permettre d’avoir une vue d’ensemble des entreprises. À l’issue de cette étape, des diagnostics seront menés sur les micros, petites et moyennes entreprises formées, avec une visite d’entreprise prévue. Son but sera d’établir des analyses sur les compétences en matière de gouvernance et de gestion, de production, de marketing, de finance, de productivité. Selon les points à améliorer, constatés lors des diagnostics, les micros, petites et moyennes entreprises bénéficieront de formations sur les compétences managériales, le coaching et le mentorat, avant de renforcer leurs capacités de production. La composante « accès au marché » concerne la mise en relation de ces micros, petites et moyennes entreprises avec les grandes entreprises par l’établissement de liens commerciaux. Le programme développera ainsi une plateforme en ligne à travers laquelle les grandes entreprises sollicitant des biens et services présenteront leurs besoins, et auxquels les petites et moyennes entreprises formées déjà inscrites, pourront répondre. Dans la composante « accès au financement », un système de garantie de crédit sera mis en place dans les banques locales partenaires pour favoriser l’accès au financement des dirigeants des micros, petites et moyennes entreprises qui remporteront des contrats avec de grandes entreprises. Le programme, piloté par le ministère de l’Industrie, du commerce et de la consommation, bénéficie des partenariats institutionnels des ministères malgaches de l’Agriculture et de l’Élevage ainsi que de la Fédération des chambres de commerce et d’industrie de Madagascar, du Programme Fihariana, du Conseil du développement économique de Madagascar, l’Agence de promotion des investissements, et de différents groupements d’entreprises du secteur privé.
L’emploi vulnérable touche trois travailleurs sur quatre dans les pays en développement
Travailler pour gagner à peine de quoi survivre. L’Organisation internationale du travail (OIT) a publié récemment un nouveau rapport soulignant la réalité quotidienne des millions de personnes à travers le monde qui, bien qu’ils travaillent, vivent (encore) dans la pauvreté. Des millions de personnes à travers le monde travaillent mais vivent dans la précarité, a déploré l’agence onusienne soulignant la réalité quotidienne des travailleurs pauvres. Une réalité insoutenable voire un paradoxe que l’agence onusienne a déploré en appelant à intensifier les efforts pour réduire les inégalités et améliorer la situation des travailleurs pauvres qui affrontent une réalité quotidienne difficile. Le rapport « Emploi et questions sociales dans le monde – Tendances 2018 », qui fait état de 1,4 milliard de travailleurs qui évoluent dans l’emploi vulnérable, cite de nombreux cas de travailleurs pauvres observés notamment dans les pays en développement. Comme l’a indiqué Stefan Kühn, auteur principal dudit rapport, «l’emploi vulnérable touche trois travailleurs sur quatre dans les pays en développement. On estime que près de 1,4 milliard de travailleurs occupaient un emploi vulnérable en 2017. Chaque année, il faut leur ajouter 17 millions de personnes supplémentaires.» Si la pauvreté au travail continue de reculer, il insiste toutefois sur un fait : « Comme pour l’emploi vulnérable, les progrès stagnent». Par ailleurs, en 2017, l’OIT a noté que l’extrême pauvreté au travail restait largement répandue, avec plus de 300 millions de travailleurs des pays émergents et en développement ayant un revenu ou une consommation par habitant de moins d’1,90$ par jour. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le rapport ne se fait pas d’illusion sur la situation des travailleurs pauvres. Et pour cause, de manière générale, l’agence constate que la réduction de la pauvreté au travail progresse trop lentement pour suivre le rythme d’accroissement de la main-d’œuvre dans les pays en développement où le nombre de personnes concernées par l’extrême pauvreté au travail devrait dépasser 114 millions en 2018, soit 40% du total des personnes employées. Si l’auteur principal du rapport admet que de nombreux pays émergents ont accompli des progrès considérables dans la réduction de l’extrême pauvreté au travail, assurant qu’elle devrait continuer à reculer, avec une réduction du nombre de travailleurs extrêmement pauvres de 10 millions par an en 2018 et 2019, force est de constater que du chemin reste encore à faire pour véritablement parler d’un recul définif. Selon les observations de Stefan Kühn, « la pauvreté modérée au travail, dans laquelle les travailleurs vivent avec un revenu situé entre 1,90 et 3,10$ par jour, est toujours répandue et concernait 430 millions de travailleurs dans les pays émergents et les pays en développement en 2017». C’est dire qu’il va falloir déployer davantage d’efforts pour, un tant soit peu, réduire les inégalités et assurer de meilleures conditions de vie et de travail aux millions de personnes vivant dans cette situation.
Forte progression de la richesse mondiale au cours des vingt dernières années
Un nouveau rapport de la Banque mondiale (BM), «The Changing Wealth of Nations 2018», utilisant d’autres indicateurs que le PIB pour mesurer le progrès économique des nations, a révélé que la richesse mondiale a fortement progressé au cours des vingt dernières années. «Le capital humain constitue globalement la composante la plus importante de la richesse, tandis que le capital naturel en représente près de la moitié dans les pays à faible revenu», a souligné ce rapport qui étudie l’évolution de la richesse de 141 pays entre 1995 et 2014. Selon le rapport, qui prend en compte le capital naturel (forêts et ressources minières, par exemple), le capital humain (revenus d’une personne sur toute sa vie), le capital produit (bâtiments, infrastructures, etc.) et les actifs étrangers nets, la richesse mondiale a progressé de 66%, passant de 690.000 à 1.143.000 milliards de dollars (en dollars constants de 2014 aux prix du marché). Il faut toutefois noter que les inégalités demeurent substantielles. A titre d’exemple, dans les pays de l’OCDE à revenu élevé, la richesse par habitant est 52 fois supérieure à celle des pays à faible revenu, a constaté la BM. En effet, le rapport constate un recul de la richesse par habitant dans plusieurs grands pays à faible revenu, ainsi que dans certains pays du Moyen-Orient riches en hydrocarbures et quelques pays de l’OCDE à revenu élevé touchés par la crise financière de 2009. «Le déclin de la richesse par habitant est le signe d’un risque d’épuisement des actifs essentiels pour générer les revenus futurs, un point dont ne rendent bien souvent pas compte les chiffres de la croissance du PIB national», a expliqué la BM dans un communiqué. Notons toutefois qu’en l’espace de deux décennies, plus d’une vingtaine de pays à faible revenu, dont la richesse se composait essentiellement de leur capital naturel en 1995, sont devenus des pays à revenu intermédiaire. La Banque mondiale a précisé qu’«ils y sont parvenus en investissant les recettes issues du capital naturel dans des secteurs tels que l’infrastructure, mais aussi dans l’éducation et la santé, des secteurs qui accroissent le capital humain». D’après les auteurs du rapport, si les investissements dans le capital humain et le capital produit sont cruciaux pour s’enrichir, il ne s’agit pas pour autant de liquider le capital naturel afin de produire d’autres actifs. «Dans les pays de l’OCDE, alors même qu’il ne représente que 3% de la richesse totale, le capital naturel par habitant est trois fois plus élevé que dans les pays à faible revenu», ont-ils souligné. Si la valeur du capital naturel a été multipliée par deux dans le monde, entre 1995 et 2014, la BM a indiqué que «cela est dû, entre autres, à la croissance des prix des matières premières ainsi qu’à la hausse des réserves des ressources naturelles jugées exploitables». En revanche, le rapport a révélé que «la valeur des forêts de production a baissé de 9% tandis que la surface dédiée aux terres agricoles s’est étendue aux dépens des forêts». Enfin, pour Jim Yong Kim, président du Groupe de la Banque mondiale, «s’ils renforcent et valorisent leur capital humain et leur capital naturel, tous les pays pourront s’enrichir et progresser. Le Groupe de la Banque mondiale intensifie ses efforts pour les aider à investir davantage, et mieux, dans leur population. Il ne peut y avoir de développement soutenu et solide si l’on ne considère pas le capital humain comme la composante principale de la richesse des nations».
Eviter aux villes de devenir des pièges à inégalités
L’absence de meilleures politiques du logement et des transports pourrait transformer les villes en moteur des inégalités au niveau national, a averti l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Dans un nouveau rapport rendu public récemment, l’organisation pense que les gouvernements devraient repenser le logement, les transports, l’éducation et la stratégie de l’emploi dans les villes. L’OCDE dont la mission consiste à promouvoir les politiques qui amélioreront le bien-être économique et social partout dans le monde, estime que de meilleures politiques du logement et des transports éviteraient aux villes de devenir des pièges à inégalités. L’organisation en veut pour preuve que la majorité des villes présentent un niveau d’inégalités supérieur à la moyenne nationale. Commentant des observations relevées dans un ouvrage sur la croissance inclusive avec le soutien de la Fondation Ford, « Making Cities Work for All: Data and Actions for Inclusive Growth », l’OCDE note que « les villes présentent, dans neuf pays étudiés sur dix, des inégalités de revenus des ménages plus fortes que la moyenne nationale respective ». En effet, « si l’on prend le coefficient de Gini, qui note les inégalités sur une échelle allant de 0 à 1, 63% des villes étudiées se classent au-dessus de la moyenne nationale », poursuit-elle. Ce rapport indique qu’environ 70% de l’humanité, contre quelque 50% aujourd’hui, vivra en ville d’ici 2050. La croissance rapide des villes du monde, imputable en partie à un exode rural sans précédent dans les pays en développement et les économies émergentes, expliquerait en grande partie cette forte progression. En effet, il ressort des données actuelles que « plus les villes deviennent importantes et plus leur niveau d’inégalités augmente, ce qui pourrait les transformer en moteur des inégalités au niveau national », souligne l’OCDE. Ainsi, comme le suggère le secrétaire général de cette organisation, Angel Gurría, « si nous voulons infléchir la tendance mondiale à la hausse des inégalités, nous devons concentrer nos efforts sur les villes et nous assurer qu’elles travaillent pour le bien de tous ». Pour rappel, ce dernier avait indiqué au moment de lancer le rapport au Sommet mondial des leaders locaux et régionaux à Bogota que « les villes sont des générateurs incroyables de croissance et de bien-être, mais elles peuvent aussi, faute de bonne gestion, se transformer en pièges à inégalités ». A noter que les villes ont généré ces 15 dernières années plus de 60 % des emplois et de la croissance économique dans les économies avancées. Selon l’OCDE, les revenus des ménages y sont en moyenne 18 % plus élevés qu’ailleurs. Pourtant, fait remarquer l’organisation, « toutes les villes ne sont pas parvenues à croître de manière inclusive, c’est-à-dire que leurs habitants ne profitent pas de cette croissance ». En effet, il a été constaté que « les débouchés du marché peuvent rester maigres pour les nombreux habitants à faible revenu qui habitent dans les quartiers déshérités. Les chances de réussite des enfants qui y sont nés sont souvent liées au statut socioéconomique de leurs parents », note l’OCDE sur son site. Pour les auteurs du rapport, il s’est avéré que « lorsque les politiques de logement et de transport urbains sont mal coordonnées, elles peuvent accroître la ségrégation et restreindre la mobilité ascendante des habitants des villes ». En revanche, ils assurent que « des politiques plus stratégiques peuvent aider les ménages à faible revenu à réussir dans les villes qui souffrent d’une hausse vertigineuse des prix de l’immobilier ». Quoi qu’il en soi, les pouvoirs publics doivent améliorer l’accès à l’éducation en se concentrant particulièrement sur les groupes défavorisés et en augmentant les investissements dans les programmes éducatifs destinés à la petite enfance; instituer des programmes de formation et d’enseignement professionnels adaptés aux besoins locaux; investir dans la formation des compétences des adultes et dans l’entrepreneuriat et encourager la création d’emplois dans les secteurs d’intérêt local. L’OCDE exhorte aussi les pouvoirs publics à mieux cibler les allocations logement afin de rendre l’accès à un logement plus équitable et de promouvoir les quartiers à mixité sociale ; à réduire les barrières réglementaires entravant la construction de logements et à coordonner les investissements en matière de logement et de transports urbains, tout en s’assurant que les politiques nationales et locales de développement urbain se complètent au lieu de s’opposer. Enfin, ils devront créer des conditions d’accès à des services publics tels que les soins de santé, et développer tous azimuts les stratégies de rénovation urbaine.