Quelques mois après son accession à l’indépendance, le 15 août 1960, le Président de la République du Congo-Brazzaville, l’Abbé Fulbert YOULOU exhortait son peuple au respect de la vie, des institutions et surtout à une prise de conscience sur les devoirs de l’indépendance.
Telle était la vision utopique et naïve des adversaires de l’Abbé F.YOULOU pour qui la réalité était toute autre pour concevoir à juste titre l’entrée du Congo-Brazzaville dans le monde de libération des pays Africains dits Indépendants.
En effet, pour le père de la Nation Congolaise, l’Abbé F.YOULOU,
« L’indépendance, l’émancipation consistent, avant tout, pour un pays, à assumer seul toutes les responsabilités qui lui incombent : la paix, l’ordre, l’union, la protection de ceux qui constituent la Nation. Elle exige aussi une ligne de conduite, une politique extérieure, libres de toute ingérence…Nous sommes maîtres de notre sort, de notre devenir, dans un monde en perpétuel bouillonnement, dans un monde où s’affrontent des blocs idéologiques tels qu’ils ne peuvent admettre ni tolérer les faibles, les mous, les hésitants. L’indépendance, dis-je, consiste…à assumer seuls toutes les responsabilités qui nous incombent. Et pour cela nous devons compter sur la volonté du pays tout entier. La foi en lui-même d’un peuple, son enthousiasme ont bien souvent, dans l’histoire, rendu possible un avenir que le monde entier s’accordait à reconnaître comme impossible. » Abbé TSIAKAKA in « L’Abbé Fulbert YOULOU la mémoire oubliée du Congo-Brazzaville » Auteur autoédité 2009 P.152.
Ainsi, pour l’Abbé F.YOULOU, l’indépendance est fondamentalement l’expression d’un peuple uni et averti aspirant, de façon solitaire, à son bien être en réunissant intégralement et ce, par voie de conséquence, toutes les conditions requises tendant pleinement à son émancipation et à son autonomie à savoir : l’unité, la clarification des objectifs à atteindre par la définition d’une ligne de conduite, la paix et l’ordre qui, corrélativement aboutissent à la maîtrise du destin national.
Cependant, dans un monde en perpétuel bouillonnement, dans un monde où s’affrontent des blocs idéologiques tels qu’ils ne peuvent admettre ni tolérer les faibles, les mous, les hésitants, l’accession pleine et entière du Congo-Brazzaville tout comme celle des autres nations africaines à l’indépendance passait inexorablement par une réalité indiscutable et indiscutée de l’union ou unité du peuple Congolais.
Il faut que l’union, selon le Père de la Nation Congolaise, l’Abbé F.YOULOU « …soit réelle, tangible, vécue. Paix, ordre, protection, organisation de la vie publique, telle était notre première tâche… » Abbé TSIAKAKA in « L’Abbé Fulbert YOULOU la mémoire oubliée du Congo-Brazzaville » O.p.cit. ibidem.
S’inspirant d’une pensée de l’artisan de l’unité africaine, le président TSIRANANA, l’Abbé F.YOULOU proclamait aussi à juste titre que « Rien ne sert d’être indépendant si on n’a pas la capacité de former une nation » Abbé Fulbert YOULOU in « J’accuse la Chine » Table Ronde 1966 P.12O.
A cela, le Père de la Nation Congolaise ajoutait avec perspicacité que :
« L’élite africaine doit se mobiliser pour faire échec aux réseaux d’intoxication qui ont parfois leurs sources en Occident. Elle doit se joindre, méprisant l’accusation du néocolonialisme, aux élites occidentales luttant pour la défense d’une civilisation qui nous est commune. Des milliers de jeunes en Europe sont tentés par cet éveil de notre continent. Il faut mobiliser nos ambassades, nos élites pour aller les convaincre que nous ne sommes pas des sauvages, des cannibales, des racistes et que leur foi, leur audace, leur compétence trouveraient, dans nos pays en voie de développement, un terrain à la mesure de leur espoir. » Abbé F.Y. « J’accuse la Chine », Ibidem.
Aussi, vouloir accéder à l’indépendance ne pouvait être pour l’Abbé F.YOULOU une « route droite et unie ; c’est encore une piste sinueuse et accidentée ; il faudra l’aplanir et la niveler ; il y faudra bien du travail, beaucoup de courage et de persévérance. Ne nous précipitons donc pas sans réflexion ; mais ne temporisons pas non plus exagérément. Un programme mûrement pesé doit décider de notre action ». Abbé TSIAKAKA P.134.
C’est dans ce contexte que l’Abbé F.YOULOU exhortait les leaders africains à faire preuve de vigilance donc de sagesse pour ne pas être victimes des manœuvres de subversion du dragon chinois méticuleusement orchestrées sur leur sol.
A ce propos, et en son temps, l’Abbé F.YOULOU, par une sorte de vision prémonitoire ou prophétique, dénonçait déjà l’impérialisme chinois sur le sol africain en des termes que voici :
« J’appelle colonialisme une structure au service d’une puissance étrangère qui impose à l’Afrique un appareil psychologique de conquête lui-même inspiré par des techniciens chinois mis en place par des fonctionnaires envoyés de Pékin et servi par des évolués indigènes éduqués dans des écoles d’administration coloniale de Pékin. Toutes les conditions du colonialisme, telles que l’Afrique les a connues dans le passé, sont à nouveau réunies avec la différence que les capitalistes de la colonisation réalisaient de gigantesques progrès techniques dont se moquent les cadres de la révolution communiste qui visent un asservissement des esprits et des âmes par une oppression scientifiquement étudiée. Ce qui est grave dans la situation que je vais dénoncer, c’est que dans notre lutte passée pour l’indépendance, le monde entier faisait écho à nos aspirations, dépassant parfois nos désirs, alors qu’aujourd’hui l’Afrique africaine se retrouve seule devant la menace raciste d’un déferlement asiatique déjà commencé. » Abbé F.YOULOU « J’accuse la Chine » Op.cit P.20.
TAATA N’DWENGA (Alias MFUMU KUTU)