Les chaînes de valeur mondiales (CVM) restent un élément central de la mondialisation, affirme l’Organisation mondiale du commerce (OMC) dans un nouveau rapport soulignant une forte expansion.
En dépit des pressions croissantes, « les chaînes de valeur mondiales ont continué de croître en 2022 », selon l’institution internationale qui s’occupe des règles régissant le commerce entre les pays.
Une évolution confortée par « la part croissante des intrants étrangers dans les exportations et l’augmentation des taux de participation des économies à l’échelle mondiale », note le rapport qui fait le point sur les tendances des CVM avec de nouvelles données s’étendant jusqu’en 2022.
D’après le document, rendu public jeudi 16 novembre, « cela est de bonne augure pour la diffusion des avantages du commerce à un plus grand nombre d’entreprises, de travailleurs et d’économies en développement ».
Précisons qu’il s’agit d’une publication conjointe de la Banque asiatique de développement (BAD), de l’Institut des économies en développement -Organisation japonaise du commerce extérieur (IDE-JETRO), du Research Institut des chaînes de valeur mondiales de l’Université de commerce international et d’économie (UIBE) de Pékin et de l’OMC.
Dans leur rapport, intitulé « GVC Development Report 2023: Resilient and Sustainable GVCs in Turbulent Times », les auteurs font toutefois part de leur crainte quant aux risques croissants d’une dépendance vis-à-vis d’un petit nombre d’économies pour certains produits et mettent en lumière la vulnérabilité des CVM face à la montée des tensions commerciales et des crises mondiales.
En effet, « les récentes perturbations liées à la pandémie ont révélé des vulnérabilités de longue date dans les CVM, en particulier celles associées à une concentration excessive et à une dépendance excessive à l’égard d’une seule économie ou d’une seule région pour l’approvisionnement en produits essentiels », comme le relèvent dans l’avant-propos les présidents de la BAD (Masatsugu Asakawa), de l’IDE-JETRO (Kyoji Fukao), de l’UIBE (Zhongxiu Zhao) et la directrice générale de l’OMC (Ngozi Okonjo-Iweala).
Une circonstance exacerbée par les récentes tensions géopolitiques, constatent ces derniers déclarant cependant que « la structure actuelle des CVM est complexe et a apporté des avantages significatifs aux entreprises et aux consommateurs du monde entier ».
Quoi qu’il en soit, ils estiment que la résilience et la durabilité ne peuvent être atteintes sans inclusivité et que « pour garantir que les CVM soutiennent un développement inclusif, les obstacles à l’intégration doivent continuer à être abaissés et des mesures doivent être mises en place pour empêcher les entreprises d’exploiter leur pouvoir de marché aux dépens des petits fournisseurs ».
Selon le rapport, les intrants étrangers représentaient 28% des exportations mondiales de marchandises l’année dernière et les taux de participation aux CVM de presque toutes les économies étaient plus élevés en 2022 par rapport à leurs niveaux d’avant – pandémie en 2018.
Le document, qui examine la manière dont les tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine et la pandémie de Covid-19 ont affecté les CVM, révèle que la valeur des exportations et la part des produits potentiellement goulots d’étranglement – des produits exportés par très peu d’économies – ont plus que doublé depuis 2000. Elles sont passées de 9 % à 19 % du commerce total, permettant ainsi de contribuer à la vulnérabilité des CVM.
Toujours selon le rapport, les sources d’intrants étrangers ont été considérablement concentrées et les tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine ont entraîné une augmentation du nombre d’étapes dans les CVM entre 2018 et 2020.
Dans tous les cas, la publication affirme que les CVM peuvent avoir des conséquences positives pour les entreprises des économies en développement en améliorant la productivité et en atténuant les contraintes, et peuvent se traduire par des salaires plus élevés et de meilleures conditions de travail.
Les auteurs recommandent que les politiques visant à les rendre plus inclusives se concentrent sur la facilitation de l’entrée dans les CVM et sur l’augmentation des retombées positives sur l’économie nationale.
Alain Bouithy