Russie/Ukraine. La force militaire ne suffit pas. Il faut donner priorité au politique et au géopolitique…
1. Le choix de l’Ukraine et de la Finlande à adhérer à l’OTAN va créer un nouvel équilibre de forces qui ne va pas nous éviter le risque de guerre. Ne l’oublions pas que dans la nouvelle guerre froide qui se dessine, nous n’avons plus les mêmes règles d’équilibre des forces comme dans la première guerre froide. Nous sommes donc dans un monde beaucoup plus dangereux qu’avant. Et la réalité de ce nouveau monde nous interdit de jouer au jeu d’échec ou de dames et de croire gagner en avançant ses propres pions sur l’échiquier européen. 2. Il faut prendre très au sérieux le risque de conflit avec l’entrée de l’Ukraine et de la Finlande. Pourquoi? Parce que nous n’avons plus de grands accords de maîtrise des armements. Nous n’avons plus des accords STATT. Tout ça a sauté par volonté des américains et des russes. 3. Il faut donc prendre en compte ce monde dangereux. Et n’oubliez pas que c’est l’Europe qui est le champ de bataille. C’est nous tous qui avons le devoir de penser cette nouvelle réalité stratégique de l’Europe. Et de ce point de vue-là, l’Europe a des intérêts à défendre qui ne sont pas toujours les mêmes que les intérêts américains. Nous devons faire valoir notre voix et notre vision stratégique au lieu de nous contenter de ce jeu mécano-militaire. Cela ne suffit pas. Il faut penser stratégiquement l’avenir sur l’échelle de l’Europe et du monde. Même dans la relation avec la Chine contre laquelle les américains sont dans une logique de confrontation qui ne correspond point aux intérêts de l’Europe. 4. Quand Henry Guaino écrit cette tribune ce matin dans le Figaro : “ nous marchons vers la guerre comme des somnambules. Tout faire pour acculer la Russie, ce n’est pas sauver l’ordre mondial. C’est le dynamiter.”, il a tout à fait raison. Nous devons prendre en compte l’analyse historique de la guerre de 1914. Je souhaite qu’on avance les yeux ouverts. Lui a raison de rappeler cette mémoire historique. C’est un devoir que nous avons de ne pas nous laisser entraîner alors que nous savons bien ce vers quoi cela nous conduirait. Il y a un besoin de lucidité en ce moment. Un besoin d’anticipation. Il y a un besoin de concertation. Il y a un besoin de vision stratégique. On ne doit plus se contenter des choses en termes d’arsenal militaire. Prendre la posture de cobelligérance ( qui n’existe plus en droit international) ou porter un soutien en armes à l’Ukraine constitue un risque supplémentaire qu’on ne doit pas prendre et face auquel nous devons rester particulièrement responsables. 5. Donner la primauté à l’arsenal militaire est une grave erreur stratégique. Le concept de guerre est en train de connaître une grande révolution interne et il implique des dimensions culturelles, religieuses, économiques etc. qu’il faudra prendre en compte. Il faut surtout éviter de laisser toute la parole sur nos plateaux de télévision à des soldats qui ne parlent qu’en termes de forces militaires. La priorité du politique et du géopolitique doit être réaffirmée en permanence car au bout du compte c’est eux qui porteront la responsabilité historique devant leurs peuples. Transcription: Germain Nzinga
Maroc: Le monde des affaires veut s’adapter aux instabilités de l’économie mondiale
Ainsi que l’avait promis la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), la première édition de son Université d’été organisée les 28 et 29 septembre dernier sur le campus de l’ISCAE à Casablanca, a constitué un moment fort pour le monde de l’entreprise marquant d’une pierre blanche la rentrée du monde des affaires. Inscrit dans une perspective annuelle, ce nouveau rendez-vous a tenu son pari en réunissant autour d’un thème invitant au défi, « Une entreprise forte, un Maroc gagnant », des intervenants de renom à l’instar des anciens premiers ministres Dominique de Villepin (France), Nika Gilauri (Géorgie) et Moussa Mara (Mali). Deux jours durant, des chefs d’entreprise ont échangé avec les décideurs publics, des universitaires ainsi que de nombreux experts et chercheurs nationaux et internationaux reconnus qui se sont succédé sur l’estrade du campus de l’ISCAE livrant réflexion, analyses et regards sur des thématiques en lien avec l’entreprise. Mais pas que, puisque cet espace d’intenses et riches échanges s’est aussi intéressé au capital humain, à l’évolution technologique, au nouveau rapport au travail, à l’internationalisation ou encore à la responsabilité sociétale dont on a beaucoup parlé ces derniers temps. L’Université d’été de la CGEM a braqué également ses projecteurs sur les enjeux économiques et sociaux auquel le Maroc devait faire face pour formuler les solutions les plus adéquates du moment. Elle a permis, en outre, de sonder les intervenants sur les pistes que les entreprises devront bâtir pour s’adapter aux instabilités de l’économie mondiale et tirer profit des nouvelles opportunités qu’elle offre. Par ailleurs, au cours de leurs échanges, les participants ont aussi décliné le chemin à suivre pour mobiliser les forces et offrir des « perspectives économiques fortes» au profit d’un Maroc que la confédération veut gagnant. C’est dire que « par les temps qui courent, compte tenu des bouleversements que traverse le monde, avoir un espace d’échanges et de partage comme celui-ci pour l’entreprise marocaine est une nécessité. D’autant plus que tout le monde se pose les mêmes questions. Les opérateurs ont besoin d’un tel cadre qui les aide à mieux comprendre les changements que vit le monde et les évolutions qu’il connaît de sorte à orienter leurs prévisions », a d’emblée souligné le président de la CGEM, Salaheddine Mezouar lors de la séance inaugurale de cette première. Le monde est dans l’incertitude. Ce qui, a-t-il estimé, « nous interpelle aujourd’hui en tant que chefs d’entreprise, citoyens, décideurs politiques, partenaires sociaux, responsables territoriaux, mais également en tant que partenaires internationaux. » Pour le patron de la puissante organisation patronale, il ne fait aucun doute que le secteur privé marocain a grandi, qu’il s’est diversifié et qu’il « joue un rôle fondamental dans l’accompagnement de la croissance, de l’emploi et des réponses aux problématiques sociales ou éducatives ». Compte tenu de sa maturité, «ce secteur a besoin aussi de s’affirmer», a indiqué Salaheddine Mezouar. Et d’ajouter que si «nous sommes déjà dans l’avenir, on ne s’en rend même pas compte du fait qu’on n’a pas la capacité d’apporter des réponses adéquates avec des méthodes, des schémas et des interrogations du passé pour réadapter tout cela », affirmant que telle est l’ambition de la CGEM à travers cette première édition de son Université d’été. S’il est apparu que tout semble bien aller pour le moment, l’ancien Premier ministre français Dominique de Villepin pense qu’il vaut mieux se préparer à la suite d’autant plus qu’« il n’est pas sûr qu’il y ait que de bonnes nouvelles devant nous dans ce monde interdépendant, changeant et confronté à des crises ». A l’entendre, le contexte dans lequel nous avançons a profondément évolué et que nous sommes dans un temps d’effondrement des grands repères qui avaient organisé le monde après la Deuxième Guerre mondiale. « Ce temps d’effondrement nous conduit soit à un pessimiste qui ne serait pas de bon aloi, soit à voir la réalité du monde d’aujourd’hui. Car, ce qui se cache dernière cet effondrement des repères du monde, c’est une transition, un changement dans l’organisation du monde et de la puissance chinoise. C’est une rebipolarisation ». A propos des crises, le conseiller spécial en chef du Premier ministre et directeur général du Bureau de prospection économique du Sénégal, Boubarack Lo, craint que la prochaine crise soit le fait des politiques. Répondant à une question sur les risques à venir, ce dernier a affirmé que le politique déclenchera la prochaine crise, citant des éléments précurseurs: les comportements, la tentation de protectionnisme ou encore la guerre commerciale. « A mon avis, nous avons là des éléments très précis qui vont annoncer une grande crise si on n’y prend pas garde », a-t-il dit. Pour Jean François Copé, ce n’est pas tant la question des menaces que celle des défis qui dérange. Pour le maire de Meaux et ancien ministre français du Budget, « ce qui est capital, c’est qu’il y a une transformation majeure en cours, qui est celle de l’intelligence artificielle, du Blockchain et du Big Data, qui conduit à des opportunités considérables et nécessitent de nouvelles initiatives et de nouvelles organisations ». Adapter l’économie nationale aux mutations du monde et favoriser le développement humain. Deux orientations qui conviennent au chef du gouvernement, Saâd Dine El Otmani. Mais pour ce dernier, le contexte impose aussi que les secteurs public et privé travaillent ensemble dans le cadre d’un véritable partenariat afin de soutenir une croissance forte à même d’élever le pays et résoudre un tant soi peu l’épineuse question du chômage des jeunes. Des jeunes notamment entrepreneurs qui auraient toute l’attention de la CGEM, selon son président assurant qu’ils constituent «l’un des axes majeurs du mandat qui est le nôtre. A travers cette Université d’été et des différentes initiatives que nous allons prendre en faveur des jeunes entrepreneurs, des start-up et de l’écosystème, on va contribuer à créer, faire en sorte que ce formidable vivier dont on dispose puisse s’exprimer et véritablement trouver sa place dans cette dynamique ». « Le monde change ! Et nous », « L’Etat de l’Etat : nouveau