Le trompettiste italien et le pianiste américain ont offert un concert de jazz mémorable
La grande cour adjassante au Théâtre du Consulat général d’Italie à Casablanca a accueilli récemment deux figures majeures du jazz moderne pour un concert unique intitulé « IMPROVVISI ». Il s’agit du trompettiste italien Paolo Fresu et du pianiste américain Uri Caine.
Devant un public nombreux et cosmopolite, conquis par les premières notes du duo, ces deux musiciens de renommée internationale ont offert une prestation exceptionnelle qui a tenu en haleine les mélomanes casablancais du début jusqu’à la fin de la soirée.
Il faut dire que le duo a proposé ce soir-là un programme mêlant habillement des éléments de la chanson américaine, du blues, du jazz traditionnel et avant-gardiste ainsi que des influences classiques, comme l’a annoncé plus tôt dans la soirée la présidente de la Dante Allighieri de Casablanca, Marina Sganga Menjour.
Avant d’en dire plus sur les deux musiciens, il faut reconnaître qu’avec son timbre mélancolique et onirique, la trompette lyrique de Paolo Fresu s’accorde parfaitement avec le jeu raffiné d’Uri Caine au piano. Ce qui a offert au public friand de bonne musique une soirée d’une grande intensité, au cours de laquelle il a pu apprécier la grande complicité entre les deux virtuoses.
Il convient de souligner que ce jazz live concert clôturait une riche tournée des deux artistes et marquait également la reprise des événements culturels organisés par l’Association culturelle italienne en partenariat avec le Consulat général d’Italie après la pause estivale.
Pour la petite histoire, le duo Fresu-Caine est né de la fructueuse rencontre entre deux grands noms du jazz moderne, considérée dans le milieu musical et en particulier jazzy comme l’un des événements les plus marquants des dernières années dans le monde du jazz.
Paolo Fresu a plus d’une corde à son arc : en plus d’être un compositeur talentueux, le virtuose italien joue à la fois de la trompette et du bugle avec une certaine aisance à séduire son public. Il est aussi connu pour son travail d’écriture.
Le trompettiste n’était pas à sa première prestation au Maroc puisqu’il a déjà joué à Fès, Essaouira, Marrakech, Casablanca et à plusieurs reprises à Rabat.
Il a découvert sa passion pour le jazz au tout début de ses études musicales, alors qu’il n’avait que 11 ans. C’est à partir de là que débute véritablement sa carrière de trompettiste qui ne l’éloigne toutefois pas des projets de jazz-musiques ethniques, world musiques et musiques contemporaines.
« J’ai évidemment ressenti l’énergie du public durant la soirée : il y avait vraiment du monde et une grande attention à notre prestation. Cela montre qu’il a vraiment apprécié le répertoire varié et dynamique que nous lui avons proposé à travers de nombreux standards du jazz», a confié Paolo Fresu avec satisfaction.
Paolo Fresu et Uri Caine jouent ensemble depuis 22 ans. A la question de savoir comment parvient-on à maintenir une telle collaboration aussi longtemps, le trompettiste – qui a reçu de nombreux prix au cours de sa riche et longue carrière – a expliqué : «D’abord Je joue depuis longtemps avec beaucoup de musiciens. Ensuite, j’établis toujours une relation humaine dans toute collaboration musicale. Aussi, je pense que l’écoute, le respect, la confiance et le silence, qui sont si souvent absents dans notre société actuelle sont essentiels dans une collaboration. Pour moi, la musique doit toujours s’accompagner d’une relation humaine ».
Il est à souligner que vers la fin du concert, salué par de nombreuses ovations, les deux musiciens ont rendu hommage aux femmes face à la montée des féminicides : « Ces dernières années, de plus en plus de femmes sont tuées par des hommes pour des motifs absurdes comme la jalousie ou le divorce », a déploré le trompettiste affirmant qu’il est crucial de discuter de la condition des femmes dans la société.
« L’art et la musique ont le pouvoir de faire évoluer la société, non seulement en faveur des femmes, mais pour tous. Comme il y avait beaucoup de femmes dans le public ce soir, nous avons voulu leur rendre hommage », a conclu Paolo Fresu.
Alain Bouithy