La Super League est arrivée… ou presque !

Le nouveau format de la Ligue des champions fait déjà trembler les joueurs et suscite des interrogations parmi les fans. Cette semaine marque le retour de la compétition phare du continent, plus conséquente que jamais. Mais une question persiste : est-elle vraiment meilleure ?

Gerhard Aigner, ancien directeur général de l’UEFA, qualifiait l’idée d’une Super Ligue européenne d’« illusion ». Pourtant, son influence est indéniable. Comme l’a rappelé Umberto Gandini, ancien dirigeant de l’AC Milan, la création de la Ligue des champions en 1993 était déjà une réponse de l’UEFA à la tentative de Silvio Berlusconi de lancer une compétition indépendante pour l’élite européenne.

Il n’est donc pas surprenant que, deux ans après que Berlusconi a soutenu un autre projet de Super League, l’UEFA ait réagi en augmentant le nombre d’équipes et de matchs dans la Ligue des champions, tout en introduisant une deuxième phase de groupes pour gonfler le nombre de rencontres.

« La menace d’une Super Ligue pousse toujours l’UEFA à promettre plus de revenus aux grands clubs », expliquait Tsjalle van der Burg, professeur d’économie, en 2021. « Tant que l’UEFA cédera à ces pressions, il n’y aura pas de Super League. Cependant, en cédant ainsi, nous finirons avec un format qui s’en rapproche beaucoup. »
Nous y voilà aujourd’hui : le nouveau format de la Ligue des champions ressemble à s’y méprendre à une Super League. La seule différence réside dans le nom.

Un modèle suisse, mais à quel prix ?

L’UEFA vante trois avantages de ce nouveau format pour les supporters :
Plus d’équipes : Davantage de clubs européens participeront, permettant aux fans de suivre plus de rencontres de haut niveau.
Équilibre compétitif : Chaque équipe affrontera des adversaires de niveau similaire tout au long de la phase de championnat.
Chaque match compte : Le suspense sera maintenu jusqu’à la dernière journée, avec des conséquences significatives pour chaque résultat.

Pourtant, ce nouveau système laisse perplexe. L’UEFA a adopté le « modèle suisse », remplaçant la phase de groupes par une grande phase de championnat avec 36 équipes (au lieu de 32), où chaque club disputera huit matchs contre huit adversaires différents. Les huit premiers se qualifieront directement pour les huitièmes de finale, tandis que les équipes classées entre la 9e et la 24e place joueront des barrages.

L’expansion de la Ligue des champions était attendue après les échos d’une nouvelle tentative de création d’une Super League fin 2020. L’UEFA avait déjà envisagé le modèle suisse avant l’échec de la Super League en avril 2021.

Un format déroutant et confus

Le nouveau système, bien que conçu pour apporter plus de matchs et d’équité, a déjà déconcerté beaucoup de monde dans le milieu du football. Malgré les efforts de l’UEFA pour rendre ce modèle plus accessible, les doutes persistent quant à son efficacité.
Certaines rencontres entre grandes équipes, autrefois décisives lors des phases à élimination directe, risquent de perdre en intensité. Par exemple, un choc comme PSG-Manchester City en janvier pourrait manquer de suspense si les deux équipes sont déjà qualifiées. De plus, alors que 144 matchs seront nécessaires pour éliminer seulement 12 équipes, les déséquilibres financiers entre les clubs européens ne sont pas corrigés.

Un calendrier surchargé

L’augmentation du nombre de matchs est loin de faire l’unanimité, notamment parmi les joueurs. Raphaël Varane exprimait déjà l’année dernière son ras-le-bol face à des calendriers surchargés : « Nous jouons sans cesse et nous étouffons. » D’autres joueurs, comme Thibaut Courtois et Bernardo Silva, ont également dénoncé le nombre de matchs imposé, souvent au détriment de leur bien-être physique et mental.

Zvonomir Boban, ancien dirigeant de l’UEFA, a reconnu en 2023 que la santé des joueurs était un problème majeur. Il a même quitté son poste, dénonçant une gestion technocratique du football, où les intérêts financiers priment sur le jeu, les joueurs et les supporters.

La Super League, une réalité déguisée

Il est clair que, même si l’appellation « Super League » n’est pas officielle, le nouveau format de la Ligue des champions s’en rapproche considérablement. Les observateurs ne sont peut-être pas encore habitués à ce changement, mais une chose est sûre : la Super League, sous une autre forme, est bel et bien là.

Ya Willy.

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