
TRIBUNE. Cabral Libii incarne désormais le passé politique : l’espoir perdu, le rêve enterré. Il n’aura été qu’un bref épisode du champ des idées au Cameroun. Conciliant, voire hypothétiquement complice d’un régime qui a vidé notre pays de toute sa substance.
Où a-t-il buté ? Qu’est-ce qui explique sa dégringolade ?
Peut-être la compromission, ce pacte invisible qui l’a rendu indolent, littéralement l’opposé de celui qu’il était avant son entrée en politique.
Dans une dictature comme la nôtre, l’opposant se doit d’être frontal, surtout lorsqu’il a le tranchant d’une jeunesse encore pure.
Un homme politique qui n’a pas le sens du sacrifice n’est qu’un roublard, un entrepreneur ou un farceur.
La politique, c’est d’abord le don de soi, surtout dans une autocratie d’une férocité indescriptible comme celle du Cameroun.
Notre cher Cabral a manqué ce sens du sacrifice, englué dans l’égoïsme et l’égocentrisme. Et le peuple camerounais l’a compris.
Voilà ce qui explique sa chute : un échec quasi programmé, qui finira par l’effacer complètement, le réduisant au rang d’un has-been.
Mais c’est sans doute là la leçon qu’a retenue Hiram Yiodi qui désormais incarne l’avenir.
Il a compris que l’Histoire retiendra toujours les hommes qui se sont tenus du côté du peuple.
Ceux qui n’ont pas ménagé la dictature, qui l’ont dénoncée à visage découvert, et qui ont appelé le peuple à se verticaliser.
Avez-vous remarqué ses prises de parole depuis la présidentielle ?
Avez-vous aussi observé l’ascension vertigineuse de sa popularité depuis qu’il a ajusté son propos ?
Son capital sympathie s’est envolé, plus seulement pour la beauté de son visage, mais aussi pour la justesse et la fermeté de son discours.
Il dénonce, avec une sincérité nouvelle, le régime croulant de Yaoundé.
En temps de lutte, ceux qui cachent leurs armes sont des traîtres.
En ces jours de libération du Cameroun, tout politicien silencieux est complice de ceux qui veulent entraîner ce pays dans le chaos.
Toute neutralité est complicité.
En temps de révolution, on choisit son camp : celui de la justice et de l’équité.
Pas entre les deux.
Par Teddy Patou
Journaliste et animateur radio