TRIBUNE. Jamais l’Afrique n’a tant bénéficié d’une attention et sympathie particulières de la part de l’Oncle Sam, avec en prime 55 milliards de dollars de financement de son développement sur une période de 3 ans. Marché de dupes pour tenter de faire oublier aux africains les incommensurables aides de la Chine et de la Russie, accélératrices du développement de bon nombre de pays africains, surtout dans les moments difficiles?
Deux images prêtent à sourire(voir photos ci-dessous). La première, Joe Biden qui admire la veste croisée bleue (pétrole) de Denis Sassou Nguesso, sous le regard amusé des autres présidents et invités- on a dû lui dire que le Congo est un pays de la sape.
La deuxième: au moment où le président américain recevait ses homologues africains à Washington, l’ambassadeur des Usa au Congo, Eugène Young, arborant le maillot de football du Congo, sautait de joie dans les gradins du stade Alphonse Massamba Débat, à l’issue du match Congo – RD Congo (3-0), qualificatif à la phase finale de la Can U20 qui se jouera en Égypte en mars 2023. Le chef de mission diplomatique des USA au Congo en a d’ailleurs profité pour se fendre d’une publication par laquelle il félicite les Diables Rouges football de la catégorie.
Chose inimaginable sous Trump, le précédent iconoclaste locataire de la Maison Blanche qui traitait les pays africains de « pays de merde ». Ni Roosevelt, ni…, ni Reagan pendant la guerre froide, ni Clinton, ni Bush père et fils, ni Obama, ni Trump, ne l’ont jamais fait!
Comme par miracle, les ennuis judiciaires qui étaient suspendus comme une épée de Damocles sur la tête de certaines autorités congolaises ont miraculeusement disparu du ciel de Washington. Plus de dossier Hodjej à l’ordre du jour. Plus de Denis Christel Sassou Nguesso dans la très professionnelle et bruyante presse américaine… Paul Biya, le président camerounais, a également bénéficié d’un blanc seing auprès de ses hôtes américains. Des leaders sécessionnistes anglophones, financiers des bandits armés qui donnent du fil à retordre à l’armée camerounaise dans la zone anglophone du pays, sont pour la plupart sous clef. Certains y ont été arrêtés, tandis que d’autres courent le risque de déchéance de leur nationalité américaine. Incroyable mais vrai!
Faudrait-il croire à l’offre mirobolante de financement du développement de l’Afrique proposée par les USA? Le continent doit-il tomber sous le charme des pots de fleurs? Les américains sont-ils des hommes de parole? Où sont-ils souvent lorsque l’Afrique est en proie à des crises financières, d’endettement…?
Où sont passées toutes les anciennes et mirobolantes promesses faites à l’Afrique par les occidentaux, les Usa en tête, notamment les crédits carbone dans le cadre du développement durable…?
Autant de questions qui ne devraient pas faire oublier que les États Unis draguent l’Afrique, juste pour tenter de l’éloigner de la Chine et de la Russie, afin de faire main basse sur ses richesses, l’infilter avec ses réseaux de la CIA, surtout au moment où la France est en perte de vitesse dans son pré carré. Et d’ailleurs, la visite d’Etat d’Emmanuel Macron, à Washington, peu avant ce sommet Usa-Afrique, aurait été mise à contribution pour « africaniser » le discours et l’accueil de Biden, à l’occasion de ce sommet AFRIQUE-USA.
Il convient de noter que la Chine, partenaire historique de l’Afrique , aussi bien dans les moments de crise aiguë que de vaches grasses, et aussi la Russie, sont devenues un cauchemard pour les grands groupes occidentaux qui opèrent sur le continent. Le dilemne africain.
Comment ne pas oublier de rester fidèle à ces amies de longue date tout en saisissant la main tendue des USA qui se voudraient démocratiques sans tomber dans les travers de l’infantilisation du passé?
Comment diversifier le partenariat bilatéral sans que les pays africains qui traitent solidement avec la Chine et la Russie ne s’érigent d’office en parias chez les américains?
Que la guerre que se livrent les puissants sur les terres africaines ne constitue des impedimenta à son développement socio économique et financier ?
Voilà les questions auxquelles l’Afrique est confrontée. Il faut redoubler de vigilance et de prudence.
Par A.Ndongo
Journaliste économique et financier